Le catholicisme romain (Rimskokatoliska Cerkev v Slovenji), religion dominante du pays
Les chiffres concernant le nombre de catholiques en Slovénie sont contradictoires. Le recensement de 2002 – le dernier en date – indiquait qu’il y avait 1,14 million de fidèles, soit près de six Slovènes sur dix. Le rapport de l’Église catholique, plus récent, mais qui manque de source, porte leur nombre à 1,5 million de personnes, soit 73 % de la population. Au-delà de ces débats sur les chiffres, le catholicisme est encore très présent au sein de la société slovène, notamment en raison du rôle qu’il a joué dans le processus d’indépendance. Il convient de rappeler ici que seules la Slovénie et la Croatie avaient une majorité de fidèles catholiques romains dans la fédération yougoslave.
Il existe deux grandes provinces ecclésiastiques établies au sein des villes principales de Ljubljana et de Maribor. Elles sont divisées en six diocèses chacune. Il existe près de 3 000 lieux de culte catholique romain à travers le pays, encadrés par quatorze évêques et plus d’un millier de prêtres.
La figure majeure de l’Église slovène est certainement l’archevêque de Ljubljana, Stanislav Zore, en fonction depuis octobre 2014. Il est notamment connu pour son rôle de militant politique lors de la victoire du « non » au référendum sur l’ouverture du mariage aux couples homosexuels en 2015. Au-delà de cette personnalité atypique, l’Église catholique slovène donne assez souvent son opinion sur les grandes thématiques sociétales et sociales, à travers son journal Družina.
Des minorités religieuses vraiment minoritaires
La deuxième religion en Slovénie n’en est pas vraiment une parce qu’elle réunit les athées et les agnostiques, soit environ un sixième de la population nationale (300 000 personnes). Avec environ 50 000 fidèles, les orthodoxes (Vzhodna pradvoslavna cerkev) et les musulmans (Monoteistična religija muslimanov) représentent chacun 2,5 % de la population. Les premiers évoqués sont majoritairement issus de la minorité serbe, concentrée surtout dans la capitale et en Basse-Carniole. La figure majeure de l’Église orthodoxe de Slovénie est le métropolite de Zagreb et de Ljubljana, Porphyre. Le lieu de culte principal est l’église Saint-Cyrille-et-Méthode, située en bordure du parc Tivoli, à Ljubljana. Les musulmans, quant à eux, sont principalement issus des minorités bosniaque, albanaise et kosovare. Le principal responsable de la communauté islamique de la République de Slovénie est le mufti Nedžad Grabus. Il existe une seule mosquée en Slovénie, dont le chantier a été lancé au milieu des années 2010 ; elle est financée partiellement par le Qatar. Elle devrait ouvrir ses portes dans le courant de l’année 2020. Cette absence de lieu de culte pose un véritable problème de représentation qui ne manque pas de faire réagir l’opinion publique, divisée entre promotion de la liberté religieuse et une volonté constante de contenir la progression de l’islam dans le pays.
Des minorités au riche passé, mais à l’avenir inexistant
En effet, le protestantisme (protestantizem) a un glorieux passé slovène. Le peuple de Slovénie a longtemps soutenu la Réforme protestante au moment de son éclosion. Elle a joué un rôle non négligeable dans le développement de la langue slovène et dans la résistance à la mainmise autrichienne. Toutefois, les Habsbourg ont contré cet élan par une politique d’assimilation portée par le catholicisme et la germanisation. Le protestantisme s’est considérablement éteint au fil des siècles, n’impliquant aujourd’hui qu’une infime partie de Slovènes (environ 5 000 personnes) à l’extrémité est du pays.
La communauté juive a également une histoire commune ancienne avec le territoire slovène. Ce dernier a souvent servi de refuge à la minorité religieuse pour tout type de ségrégation et de persécution, particulièrement à l’extrémité est du pays qui conserve encore quelques anciennes synagogues dans son patrimoine architectural (Maribor, Lendava). Aujourd’hui, les juifs ne sont plus qu’une petite centaine en Slovénie et résident presque tous dans la région de Ljubljana. Une synagogue a été inaugurée dans la capitale en 2003, mais elle manque cruellement de fidèles. Le grand rabbin de Slovénie, Ariel Haddad, réside à Trieste.
Des croyances toujours aussi populaires
Les Slovènes cultivent un goût tout à fait particulier pour la transmission des croyances populaires et des légendes au fil des générations. La plus célèbre d’entre elles est incontestablement celle de Zlatorog. Il s’agit d’un conte qui a traversé les siècles et les frontières multiples et complexes de l’Europe centrale. Publiée pour la première fois en 1868 par Karel Dechmann, elle fait l’objet d’une adaptation poétique par Rudolf Baumbach en 1877, avant d’être traduite en slovène par Anton Funtek en 1886. Cette légende narre l’histoire d’un bouquetin des Alpes qui vit dans la région du Triglav. Il y est le gardien d’un trésor caché. Un jour, pour impressionner sa future épouse, un chasseur blesse Zlatorog. Saignant abondamment, l’animal projette son sang à travers les pâturages et fait alors émerger une multitude de fleurs rouges. Grâce à leur pouvoir miraculeux, il revient à la vie et met à mort le chasseur, gardant pour lui seul l’énigme de son trésor jusqu’à la fin des temps. Cette mythologie autour de Zlatorog entretient l’idée d’une nature sacrée, qu’il convient de respecter. La popularité de cette légende est très importante : on retrouve deux statues à l’effigie de Zlatorog au bord des lacs Jasna et Bohinj, un grand nombre d’hôtels et de restaurants de la région portent le nom de Zlatorog, et le personnage figure sur les bouteilles de la célèbre marque de bière slovène Laško.
Les carnavals constituent de formidables relais de circulation des légendes populaires. Très courus dans le pays, le plus célèbre d’entre eux est celui de Ptuj, dont la réputation est internationale. Les carnavaliers s’habillent en kurenti, un déguisement fabriqué de façon artisanale et confectionné en peau de mouton. Ils prennent alors l’allure fantastique de créatures originales, mi-hommes des cavernes, mi-yétis, et réclament la fin de l’hiver et le retour à la prospérité. Il figure au patrimoine immatériel de l’Unesco.
D’autres carnavals méritent le détour : on peut citer celui de Cerkno qui s’articule autour d’un collectif de vingt-cinq personnages, que l’on appelle les laufarji et qui représentent, chacun, un trait de personnalité du peuple slovène. Le carnaval de Hrušica se distingue par la promotion de ses škoromati, protagonistes qui représentent le passé rural de la Slovénie et qui sont coiffés des couleurs nationales. Enfin, le carnaval de Cerknica a des apparences plus traditionnelles, réunissant des personnages conventionnels. Toutefois, l’ouverture des festivités l’est nettement moins puisqu’elle consiste à scier la sorcière Ursula.
Un mois de décembre plusieurs fois festif
La fête de fin d’année la plus populaire dans le pays est celle de la Saint-Nicolas (Sveti Miklavž en slovène). Il s’agit d’une tradition ancienne, héritée du christianisme orthodoxe, qui s’est perpétuée au fil des siècles. La première trace écrite de la célébration de la Saint-Nicolas en Slovénie remonte à 1839. Il existe un grand nombre de marchés de Noël à travers le pays : ils commencent précocement, bien avant la fameuse date du 6 décembre. Saint Nicolas se déplace en cortège, accompagné de ses anges et de ses diables. La légende indique que seuls les enfants sages avaient le droit d’avoir des cadeaux, au contraire des enfants indisciplinés.
Les célébrations de Noël (24-25 décembre) existent également en Slovénie, mais ne suscitent pas encore le même engouement, bien qu’elles soient devenues un moment essentiel pour les familles au cœur des vacances d’hiver.
Enfin, la Saint-Sylvestre (31 décembre) est nettement plus populaire en raison de la venue de Dedek Mraz (littéralement, le grand-père Gel en slovène). Jumeau soviétisant du Père Noël américain, il apporte les cadeaux aux groupes de personnes et en dépose dans les espaces publics. Il se distingue du Père Noël par un grand manteau blanc bien qu’il partage un grand nombre de similarités avec lui. Selon la légende nationale, il descendrait chaque année du mont Triglav avec l’aide de ses deux chevaux lipizzans et généralement en compagnie de sa petite-fille Snégourotchka.