Art rupestre et antique
Premier site italien classé au patrimoine mondial de l'Unesco, Val Camonica nous raconte pas moins de 12 000 ans d’histoire à travers 300 000 œuvres rupestres. Signes et figures gravés dans la roche ont pour thème l’agriculture, la chasse, la navigation, la danse et les combats parmi des compositions géométriques. Sur les deux flancs de cette vallée proche de Brescia, la tradition des pétroglyphes s’est prolongée durant les époques romaine et médiévale, assurant une continuité picturale. Les musées dédiés sont nombreux autour du lac de Garde. Au musée archéologique de Sirmione, associé à la Grotte du poète Catulle (Grotte di Cattullo), la période romaine est magnifiquement représentée par les mosaïques polychromes et les fresques qui ornaient la villa bâtie sur le site.
Période médiévale
Dans le nord-ouest de l’Italie, l’art roman s’est développé à la fin du XIe siècle et a rayonné jusqu’en Sardaigne et vers l’Angleterre. Les innovations esthétiques sont arrivées par les Alpes par l’intermédiaire d’artistes venus travailler des pays frontaliers. Ainsi, les modèles nés en Europe du Nord se sont diffusées dans la région de Côme. Ils modifient l’architecture mais aussi le travail de la pierre et l’art religieux en général. Un groupe de sculpteurs anonymes, appelés les Maîtres de Côme, ont œuvré à l’émergence de l’art roman lombard dans la région du lac. A Côme, ils ont taillé des figures zoomorphes, griffons et autres monstres à l’extérieur de la basilique de Sant’Abbondio ainsi que dans le chœur de la basilique de San Fedele. Plus rares à cette époque, les représentations humaines, trapues et peu réalistes, contrastent avec les ornements animaliers et végétaux, plus élaborés. A leur suite, d’autres maîtres se sont illustrés dans le nord de l’Italie : Wiligelmo à Modène, Nicolaus à la cathédrale de Piacenza et à Ferrare ; en 1138, il participe au tympan polychrome de la basilique de San Zeno à Vérone. En 1139, il sculpte pour le portail de la cathédrale de Vérone une Madone, une scène d’Annonciation et une Adoration des Mages qui révèlent des éléments empruntés au nord de l’Espagne.
Peinture
Le XIe siècle se caractérise par l’essor de larges peintures murales destinées aux églises. La Lombardie conserve de magnifiques fresques romanes comme à Civate (Lecco), à San Pietro Al Monte, ou encore la chapelle San Martino à Carugo (Côme). Dans cette dernière, les artistes s’affranchissent du modèle byzantin. Peu à peu, les figures s’allongent et un courant plus naturaliste émerge au début du XIIIe siècle ainsi qu’on peut le noter dans la fresque du Sacrifice d’Isaac de l’église San Jacopo do Grissiano qui a pour fond les pics enneigés des Dolomites.
La Renaissance lombarde est marquée par la transition du pouvoir des Visconti aux Sforza au milieu du XVe siècle. Les caractéristiques des différents territoires italiens fusionnent avec l’héritage antique pour engendrer des talents novateurs. Bramante puis Léonard de Vinci, arrivé à Milan en 1482, montrent que toutes les audaces artistiques ont leur place dans la cité. Francesco Sforza et ses descendants sont à l’origine des commandes les plus exceptionnelles. Dans les fresques que Vincenzo Foppa exécute pour lui dans la chapelle Portinari, l’artiste prend soin d’intégrer ses peintures à l’architecture, jouant avec l’illusion de l’espace par le truchement du point de fuite commun.
Ludovico il Moro confie à Leonardo la décoration d’un petit mur du réfectoire de la Basilica di Santa Maria delle Grazie. C’est là que le génie réalise la Cène, en 1498. Les vives émotions des apôtres dominent la composition des figures groupées par trois, de façon à isoler le Christ au centre de la fresque. La lumière reprend l’éclairage naturel de la pièce, afin que le spectateur ait l’illusion d’entrer dans la scène.Léonardisme
De son vivant, Leonardo frappe tant les esprits que ses élèves directs ou indirects, les « leonardeschi », diffusent son art au point que le goût s’harmonise dans cette partie de l’Italie. Dans les villes frontalières, comme Bergame et Brescia, l’effervescence artistique est nourrie par le passage de peintres étrangers, en particulier vénitiens. La quête d’un style local est soutenu par l’installation à Bergame des peintres Gaudenzio Ferrari et surtout Lorenzo Lotto qui laisse de remarquables retables ainsi que des tableaux exposés à l'Accademia Carrara.
Parmi les chefs-d’œuvre de la Pinacoteca Ambrosiana de Milan, on retrouve Léonard, Raphaël, Botticelli ainsi qu’une Nature morte du grand peintre lombard Caravage (1571-1610) qui marque le début de la peinture baroque. Le tempérament tumultueux de celui-ci, qui se ressent dans ses tableaux, le pousse à voyager. Sa région natale conserve néanmoins son Repas à Emmaüs, au parfait rendu de l’ombre et la lumière, au sein de la Pinacoteca di Brera.
Signalons les 29 salles du Museo di Castelvecchio de Vérone qui retracent l’art médiéval, la Renaissance et le XVIIIe siècle en une seule visite.Temps modernes
En Lombardie, le XVIIIe siècle se place sous le signe des commandes privées. Actif à Brescia, Giacomo Ceruti dit le Pitocchetto représente la pauvreté d’une société paysanne et ouvrière. Au siècle suivant, la peinture romantique atteint son apogée avec Francesco Hayez qui peint en 1859 son célèbre Baisers (Pinacoteca di Brera).
En 1910, Milan voit naître le Futurisme sous l’impulsion d’artistes désireux de retranscrire la vitesse typique du monde émergent. Le Museo del Novecento devait d’ailleurs ouvrir pour le centenaire de la publication du Manifeste du Futurisme.
Un siècle plus tard, le street art s’épanouit dans la capitale du design. De nos jours, les amateurs exploreront les quartiers d'Isola et de Lamabrate, ou se tourneront vers le Musée d’Art Urbain Augmenté. Le MAUA propose des parcours culturels hors du centre. De fresque en graffiti, les œuvres de 200 artistes ressortent du mur sous les yeux ébahis des visiteurs qui sont conviés à les cadrer avec leur smartphone. Autre initiative, l’artiste Cibo nous emmène à Vérone où il recouvre les graffitis racistes de dessins de légumes, fromages ou autres spécialités culinaires italiennes. Car la cuisine apaise aussi les mœurs !
Dernier conseil : Varèse combine des joyaux de toutes les époques et, son point culminant, la collection de la Villa Panza. Les installations qui peuplent le jardin font écho à l’avant-garde valorisée dans les salles. Bruce Nauman et Rauschenberg nous rappellent que le brassage culturel continue d’embellir le patrimoine italien.