À chaque ethnie son savoir-faire

Les productions les plus connues de l’artisanat des Harari sont les paniers multicolores, dont le mesob, sorte de panier-table circulaire destiné à recevoir l’injera, et les bijoux d’ambre et d’argent. Réputés, les bijoux des orfèvres harari sont répandus dans toute la Corne de l’Afrique. Le tissage de la laine est l’apanage des Konso, alors que les Dorzé sont réputés pour le travail du coton : ces ethnies fournissent l’essentiel de la demande en habits traditionnels, kemis (costume féminin) et shammas (châle porté par les hommes), décorés de bordures colorées (tibeb). Les impressionnants poignards afar sont une tentation mais peuvent poser des problèmes à la douane. Également habiles tisserands, les Guragé sont connus pour leur travail de la corne, dont ils tirent cuillères, coupes ou peignes. Parmi les parures décoratives, celles des Arsi, faites de perles multicolores et portées en colliers, en diadèmes ou en boucles d’oreilles, sont les plus élaborées.
De la région de Jima, riche en forêts, proviennent d’impressionnants fauteuils de bois taillés d’une seule pièce et des tabourets à trois pieds très populaires dans le pays. Dabra Birhan est une ville réputée pour sa production de tapis, le plus souvent de petite taille. La vannerie, l’orfèvrerie réputée pour ses croix aux motifs multiples, la poterie influencée par les artisans falasha, et le travail du cuir sont répandus dans tout le pays. Les populations pastorales produisent de nombreux récipients mêlant différentes matières et techniques (calebasses, bois, sisal, peaux ou fibres végétales), souvent décorés de perles de verre, de cauris, de laiton… Ces gourdes, pots à lait et à beurre, ou encore le traditionnel agelgil, petit panier recouvert de peau et utilisé pour transporter la nourriture, sont tous extrêmement décoratifs dans leur simplicité. Enfin, dans la gamme des objets courants, les appuis-nuque, indissociables des tribus nomades du Sud, sont très prisés des touristes. Les plus anciens, sculptés de motifs décoratifs, sont depuis longtemps objets de la convoitise des collectionneurs, donc de plus en plus rares.

Les thalers en argent à l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche

Les femmes oromo de la région se reconnaissent à leurs foulards et robes très colorés, rehaussés de superbes pendentifs d’argent ajourés de pièces au profil bien européen. Il s’agit de l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche, dont les thalers furent un temps utilisés en Éthiopie et ailleurs en Afrique comme monnaie commerciale officielle. Cette monnaie fut sans doute introduite depuis la péninsule arabique – où elle avait alors cours – par le commerce des esclaves, avant d’être largement acceptée dans la Corne de l’Afrique vers le milieu du XIXe siècle. Il est déconseillé de proposer à une personne qui le porte au cou de l’acheter contre de l’argent et ainsi l'inciter à se séparer de ce symbole de fierté et de prestige transmis au sein de sa famille. On en trouve sans problème au marché de Bati, en cuivre ou en argent, les vrais !