- 4 à 3 millions d’années av. J.-C.
Apparition de l’Australopitecus afarensis
Dans la vallée du Rift le long de la rivière Awash apparaissent les premiers hominidés. En 1974, en région Afar, les paléontologues Donald Johanson et Maurice Taïeb mettent au jour le squelette fossilisé de Lucy, de la famille Australopithecus afarensis.
- 1,7 million à 200 000 ans av J.-C.
L’Homo erectus apparaît suivi de l’Homo sapiens
Cinquante sites d’Homo erectus sont excavés le long de l’Awash, ce sont des tribus de chasseurs maîtrisant la taille de silex biface et l’usage du feu. L’Homo sapiens se répand des basses terres vers les hauts plateaux, jusqu’à établir le contact avec les cultures de la vallée du Nil.
- 6000 ans av. J.-C.
L’ère des premiers éleveurs
Des sociétés de chasseurs-cueilleurs qui se sédentarisent peu à peu se développent et vont évoluer en sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs. Le blé ou l’orge proviennent d’Égypte par la vallée du Nil, le tef, l’enset, le sorgho et le café sont indigènes.
- 2000-500 av. J.-C.
Création du royaume de Damat
Des peuples venus du Yémen traversent la mer Rouge et s’établissent sur les côtes érythréennes et dans le Tigré. Base commerciale des Perses, Grecs et Sabéens qui viennent y acheter encens, myrrhe, ivoire et épices, cette région connaît le développement d’une civilisation d’influence sabéenne et sud-arabique, dont la capitale est Yéha (Tigré) : le royaume de Damat étend sa domination sur l’est du Tigré.
- 200 av. J.-C.
Fondation de l’Empire axoumite
Cité une première fois au Ier siècle, le nom d’Axoum réapparaît un siècle plus tard dans la Géographie du Grec Ptolémée. Pourtant, il semble qu’Adoulis, le port sur les côtes érythréennes de la mer Rouge, ait été actif dès le IIIe siècle av. J.-C., bénéficiant de comptoirs grecs.
IIIe siècle av. J.-C.
Apogée du royaume d’Axoum
Durant sept siècles, la ville va prospérer, tirant profit de l’ivoire et de sa situation à la croisée de routes commerciales de l’Égypte, du Soudan et de la mer Rouge. Au IIIe siècle, l’écrivain perse Mari décrit le royaume axoumite comme l’un des quatre plus puissants du monde. Une civilisation dont les stèles et obélisques en sont les symboles. Trois langues y cohabitent : le grec ancien, idiome du commerce, le sabéen et le guèze, une langue sémitique locale. C’est ici qu’est née la légende de la reine de Saba.
IIIe siècle ap. J.-C.
Les balbutiements du christianisme en Éthiopie
Il est vraisemblable que la religion chrétienne ait pénétré le royaume depuis la Nubie par la vallée du Nil, mais qu’elle ait été également propagée par les nombreux commerçants romains christianisés présents en mer Rouge.
330 ap. J.-C.
Conversion au christianisme du roi Ezana
Au IVe siècle, le roi Ezana multiplie les conquêtes et étend sa domination sur le royaume de Méroé (Soudan) et sur le sud-ouest de l’Arabie. Il attribue ses succès à l’appui de « l’invincible Marhem » et au « Seigneur du Ciel et de la Terre ». Bientôt, la croix vient remplacer les symboles païens sur la monnaie, le souverain fait référence au fils de Dieu et le christianisme est finalement proclamé religion d’État.
Ve et Vie siècles
Arrivée en Éthiopie des légendaires neuf saints syriens
Provenant vraisemblablement de différentes provinces de l’Empire romain, ces neufs saints syriens s’installent en Éthiopie, traduisent les textes religieux en guèze et fondent plusieurs monastères, dont celui très influent de Dabra Damo. Au VIe siècle, le roi Kaleb intervient au Yémen pour mettre fin aux persécutions des chrétiens orchestrées par un souverain juif. Il y établit une administration éthiopienne et fait construire la cathédrale de Sanaa. Mais Axoum ne pourra pas s’opposer à l’expansion perse au Yémen, d’où les Éthiopiens seront définitivement chassés en 578.
VIIe-Xe siècles
Expansion de l’islam et agonie d’Axoum
Au VIIe siècle, les premiers disciples de Mahomet, chassés de La Mecque, trouvent un refuge bienveillant à Axoum. Bientôt, l’Égypte byzantine est conquise par les Arabes, qui imposent leur contrôle sur la mer Rouge et fondent le port de Zeila. Les musulmans pénètrent dans la Corne de l’Afrique. Confronté à la perte de son monopole sur le commerce en mer Rouge, aux nouvelles routes perses et arabes et à l’islamisation de la région, le port d’Adoulis dépérit, entraînant dans son déclin Axoum, isolée et asphyxiée. La tradition orale rapporte qu’au Xe siècle les armées d’une mystérieuse reine venue du sud ou du Lasta sèment la désolation et portent un coup fatal au royaume axoumite.
XIIe siècle
Règne de la dynastie des Zagoué et édification de Lalibela
Le déclin d’Axoum déplace le centre de l’Éthiopie chrétienne plus au sud, dans la province du Lasta. Dans cette région peuplée d’Agaw de langue couchitique s’impose la nouvelle dynastie des Zagoué. Ces rois encouragent une intense activité religieuse. Le plus illustre souverain, Lalibela (1190-1225), édifie la « nouvelle Jérusalem » en sa capitale d’Adefa (Roha), qui aujourd’hui porte son nom, faisant creuser un ensemble d’onze églises monolithes qui s’imposeront comme l’une des plus grandes réalisations de l’architecture chrétienne.
XIIIe - XVe siècle
L’âge d’or de la dynastie des rois Salomon
Yekouno Amlak (1270-1293) établit une nouvelle dynastie des rois Salomon. Elle s’enracine peu à peu dans la mythologie en se revendiquant descendante de Ménélik, fils de la reine Makéda (ou reine de Saba) et du roi Salomon de Judée. Cette « authentification » généalogique sera très largement diffusée par le Kebra Negast (le Livre de la gloire des rois), rédigé au XIVe siècle, le fondement idéologique de la dynastie des rois Salomon durant sept siècles. Après des luttes internes, le royaume connaît un retour à la stabilité sous Amda Syon (1314-1344). Il s’assure le contrôle des sultanats musulmans menaçant son pouvoir dans le sud et l’ouest du pays. La période est marquée par une intense vitalité politique et spirituelle. Le roi Zara Yaqob (1434-1468) tente de construire l’unité de l’Église éthiopienne sur la base d’une orthodoxie stricte et dogmatique et d’un culte marial quasi exalté. Il poursuit la lutte victorieuse contre les émirats environnants et s’efforce de centraliser le gouvernement du royaume. Communiquant avec les souverains occidentaux et avec le pape Eugène IV, le roi Zara Yaqob enverra les premiers moines éthiopiens séjourner en Terre sainte à Jérusalem.
XVIe siècle
L’affrontement des religions
Les premières décennies du XVIe siècle restent parmi les plus sanglantes de l’histoire abyssine. Alors que les relations entre les émirats musulmans d’Ifat et d’Adal et les souverains abyssins ne cessent de se dégrader, l’émir Mahfuz déclare le djihad (guerre sainte) contre les chrétiens, avant d’être finalement défait en 1516 par le roi Lebna Dengel (1508-1540).
1525
Le Gragn entame deux décades de massacres sanglants
Ahmad ibn Ibrahim al Gazi, surnommé le Gragn (le gaucher), lance ses armées à l’assaut du royaume orthodoxe pour venger son beau-père. S’ensuivent dix-huit années de désolation, durant lesquelles les massacres, les destructions d’églises et de monastères, ainsi que du patrimoine religieux et littéraire éthiopien mènent l’empire chrétien au bord de l’abîme. Poussé dans ses retranchements, Lebna Dengel lance un appel de détresse au roi de Portugal. C’est finalement son fils et successeur Galawados qui accueille le détachement de 400 arquebusiers portugais emmené par Christophe de Gama (fils du célèbre navigateur).
1543
Mort du Gragn sur le champ de bataille
Après une première bataille perdue, les troupes portugaises se ressaisissent et infligent une sévère défaite aux musulmans en 1543 vers le lac Tana. La mort du Gragn au cours de l’affrontement provoque la débandade de son armée, qui se replie vers Harar. Mais le royaume, affaibli, reste sous la menace des Turcs, de l’insurrection des Juifs falasha dans le Simien et de l’expansion des Oromo musulmans au sud. Zarsa Dengel (1563-1597) recompose alors une armée et parvient à rétablir l’autorité impériale sur l’Abyssinie, qui englobe l’Érythrée, le Tigré, le Welo, le Gojam et le Choa.
XVIIe siècle
L’évangélisation chrétienne des Jésuites crée une insurrection
Débarrassés de la menace islamique, les Éthiopiens vont être confrontés tout au long du XVIIe siècle aux projets insidieux des missionnaires catholiques, débarqués avec les soldats portugais. Le père Pero Pais réussit à convertir l’empereur Za Dengel (1603-1604) au catholicisme. Il sera assassiné peu après. Le roi Suseynos (1607-1632) réitère sa soumission au pape et tente de convertir ses sujets au catholicisme. Ce dessein provoque une insurrection populaire, soutenue par le clergé orthodoxe, qui pousse le souverain à abdiquer en faveur de son fils Fasilidas.
1632-1855
Grandeur et décadence de la dynastie gondarienne
Fasilidas (1632-1667), ayant renié son baptême catholique, rétablit la foi orthodoxe et expulse les Jésuites du pays. Si auparavant les monarques déplaçaient leur cour au gré des conflits, il décide d’établir sa capitale à Gondar. Cette sédentarisation attire artisans et artistes. À l’abri de ses imposants châteaux dotés de riches bibliothèques, la ville devient un centre d’érudition, d’art et de musique. L’assassinat du roi Iyassou en 1706 annonce le déclin de Gondar. Durant un siècle et demi, les luttes fratricides et l’expansion des Oromo affaiblissent le royaume, qui se morcelle en différents pouvoirs locaux. Cette « ère des juges » va perdurer jusqu’en 1855.
1855
Avènement du roi Théodoros II
Ces années de trouble favorisent la montée en puissance de Kassa Haylu, fils d’un gouverneur de la province du Quarra. Éduqué dans un monastère, Kassa parfait sa vocation de stratège militaire en combattant dans les guerres qui minent le pays, puis devient un hors-la-loi (shifta). Ayant réuni autour de lui de nombreux partisans, il défait une à une les dynasties locales jusqu’à la plus puissante, celle du Choa. Ménélik, futur souverain, devient son prisonnier. Déclaré roi en 1855 sous le nom de Théodoros II (1855-1869), Kassa s’emploie à réformer et moderniser le pays, en dépit de nombreuses résistances de la population et de l’Église, à qui il réclame d’importantes contributions financières.
1868
Yohannès IV monte sur le trône
Sans réponse de la reine Victoria qu’il sollicitait pour combattre les musulmans, Théodoros II prend en otage des Britanniques. En conséquence, une armée de 32 000 Anglais s’abat sur le pays. Retranché dans la forteresse de Maqdala, Théodoros, se sachant perdu, préfère se suicider. Après de nouvelles querelles de succession, le ras du Tigré finit par s’emparer du trône sous le nom de Yohannès IV (1872-1889). Fin diplomate, il obtient l’allégeance de ses plus dangereux adversaires, dont Ménélik, roi du Choa. Il s’emploie à repousser les incursions égyptiennes et contenir les visées coloniales des Italiens, Anglais et Français. Mais les mahdistes soudanais (ou derviches) menacent Gondar. C’est en combattant cette secte musulmane que Yohannès est mortellement blessé.
1889
Ménélik II, empereur d’Éthiopie. Sa capitale devient Addis-Abeba
À la mort de Yohannès, le roi du Choa, qui aspire depuis longtemps au titre suprême, s’autoproclame empereur sous le nom de Ménélik II (1889-1913). En 1892, il fonde Addis-Abeba et en fait sa capitale. En bonne intelligence, le souverain signe avec les Italiens, déjà fortement implantés en Érythrée, le traité de Wichalé. Mais une interprétation divergente du texte amène Ménélik à le révoquer en 1893, ce qui suffit à réveiller les velléités expansionnistes de l’Italie, qui revendique le Tigré et réclame un protectorat sur le Harar.
1896
La souveraineté de l’Éthiopie reconnue
Nullement intimidé par les envahisseurs, l’empereur lève une armée de 120 000 hommes et engage le combat contre les Italiens en 1896. Contre toute attente, Adoua sera le théâtre de la première victoire d’une armée africaine sur une armée occidentale. La souveraineté et l’indépendance de l’Éthiopie sont officiellement reconnues. Ménélik II étend alors ses possessions vers le sud, donnant au pays ses frontières actuelles et le modernisant. Tandis que la voie de chemin de fer s’ouvre depuis Djibouti, le réseau routier se développe. Écoles, hôpitaux et banques se multiplient, l’électricité et le téléphone font leur apparition. À la mort de Ménélik II, son petit-fils Iyassou (1913-1916) accède au pouvoir. Jugé trop proche des musulmans et impopulaire au sein de l’Église et de la noblesse pour les réformes qu’il entreprend, Iyassou est accusé de renier sa foi chrétienne. Il sera excommunié, puis déposé. Zewditou, fille de Ménélik, est nommée impératrice. Mais c’est le ras Tafari, fils du ras Makonen, gouverneur de Harar et cousin de feu l’empereur, qui assure la régence.
1924
L’Éthiopie entre à la Société des Nations (SDN)
Désireux de placer l’Éthiopie sur la scène internationale, ras Tafari abolit l’esclavage et obtient l’entrée de son pays à la Société des Nations, ce qui en théorie le met à l’abri des visées coloniales européennes.
1930
Tafari couronné empereur Hailé Sélassié
À la mort de l’impératrice Zewditou en 1930, Tafari est proclamé négus (empereur) puis couronné deux cent cinquante-sixième roi de la dynastie salomonienne. Il prend alors le nom d’Hailé Sélassié, ou « Pouvoir de la Trinité ». Il institue un Parlement, dont les membres sont choisis par lui ou élus par la noblesse, mais ses réformes profitent essentiellement à l’élite.
1935
Les troupes italiennes envahissent l’Éthiopie
Répandus dans le pays, les agents mussoliniens fomentent des complots pour exacerber les tensions ethniques et déstabiliser le pouvoir avant l’intervention italienne qui, s’appuyant sur un incident mineur entre les deux armées, va débuter le 3 octobre 1935. La frilosité des sanctions imposées par la SDN et la neutralité de la France et de la Grande-Bretagne encouragent cette agression.
9 mai 1936
Mussolini annexe l’Éthiopie aux colonies de l’Afrique-Orientale italienne
Venues d’Érythrée et de Somalie, les troupes italiennes s’emparent d’Addis-Abeba le 5 mai 1936. Mussolini déclare alors l’annexion de l’Éthiopie à l’Italie. Face à une situation qu’il sait perdue, Hailé Sélassié s’exile à Londres. Nommé vice-roi, le maréchal italien Graziani entreprend une répression sanglante contre les arbagna (patriotes) qui, dans le Choa, le Gojam et le Gondar, mènent une guérilla courageuse. En 1939, une tentative d’attentat contre Graziani déclenche un véritable pogrom contre la population de la capitale. En quelques jours, les Chemises noires (milices fascistes italiennes) laissent 10 000 morts derrière elles. Une barbarie qui va renforcer la résistance éthiopienne alors même que les Anglais et les Français ratifient un traité de « bon voisinage » avec l’Italie, lui reconnaissant une souveraineté sur l’Éthiopie.
1941
Hailé Sélassié entre en libérateur à Addis-Abeba
L’entrée en guerre de Mussolini au côté de l’Allemagne nazie en 1940 change radicalement la donne. Les Anglais, alors soucieux de sécuriser le canal de Suez et la mer Rouge, répondent enfin favorablement aux sollicitations du négus. C’est du Soudan que les troupes britanniques, la « Gideon Force », emmenées par le major Wingate et l’empereur lui-même, rallient les partisans éthiopiens. Isolés de leurs bases européennes, les Italiens se rendent le 5 mai 1941, mettant un terme à cinq ans d’occupation. Deux traités signés avec la Grande-Bretagne en 1942 et 1944 rendent à l’Éthiopie sa pleine souveraineté.
1950
Les Nations unies rattachent l’Érythrée à l’Éthiopie
Une résolution des Nations unies proclame l’autonomie de l’Érythrée qui est rattachée à l’Éthiopie par un lien fédéral. S’ouvre alors une vaste campagne de reconstruction nationale, soutenue notamment par l’aide américaine. Une nouvelle monnaie est introduite et en 1955 une nouvelle Constitution est proclamée. Addis-Abeba devient le siège de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies en 1958 et de l’Organisation de l’unité africaine en 1962. Malgré la modernisation, les mécontentements ne cessent de grandir face à un pouvoir encore largement autocratique et féodal.
1962
Annexion de l’Érythrée par l’Éthiopie
L’annexion pure et simple de l’Érythrée par l’Éthiopie et le remplacement dans l’enseignement de la langue locale, le tigrinya, par l’amharique avivent les tentations sécessionnistes. Le Front de libération de l’Érythrée (FLE) de tendance marxiste entre en lutte pour l’indépendance du pays et reçoit le soutien du Soudan, du Sud-Yémen et de la Syrie, qui jugent la politique éthiopienne anti-arabe et inféodée à l’Amérique. En 1963, des troubles éclatent dans l’Ogaden, qui demande son rattachement à la Somalie indépendante depuis 1960. L’Éthiopie masse ses troupes à la frontière, menaçant Mogadiscio, qui, n’obtenant pas un soutien fort de son protecteur soviétique, négocie un cessez-le-feu en mars 1964. Dans le même temps, le gouvernement mène une répression sanglante contre la rébellion des paysans Oromo et Somali dans le Balé et le Sidamo.
1970
L’état d’urgence est instauré en Érythrée
La lutte se radicalise avec la création du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), de tendance marxiste. Après plusieurs années de velléités indépendantistes, l’état d’urgence est décrété dans la province.
1972
Le début de l’ère révolutionnaire
À Addis-Abeba, la colère gronde contre l’augmentation des prix et la corruption, l’absence de politique d’éducation dans les régions non amhara et la concentration des terres dans les mains d’une oligarchie. Des militaires amhara créent le Comité de coordination des forces armées (Derg) et ordonnent l’arrestation de certains dirigeants. Les famines qui ravagent le nord du pays, dans le Shewa, le Welo et le Tigré, entre 1972 et 1974, qui poussent des milliers de paysans vers les villes, sont largement minimisées par l’administration. En 1973, l’envolée des prix du pétrole va précipiter les événements. Addis-Abeba est secouée par des grèves, des protestations et des mutineries au sein de l’armée.
12 septembre 1974
L’empereur Hailé Sélassié abdique
Le Derg arrête des ministres, notables et conseillers de l’empereur Hailé Sélassié, qui est finalement déposé. Assigné à résidence, il mourra dans des circonstances mystérieuses. Le Derg dissout le Parlement, suspend la Constitution et instaure le socialisme. En 1975, le Front de libération du Tigré (FLP) qui s’oppose au nouveau pouvoir est créé. Après avoir liquidé ses principaux concurrents au sein du Derg, le colonel Mengistu Hailé Mariam est proclamé chef de l’État en 1977. Commence alors une période de terreur et de purges contre tous les ennemis déclarés du régime.
Juillet 1977
La Somalie envahit l’Ogaden
Soutenues par des soldats cubains et sud-yéménites socialistes, les forces éthiopiennes assaillent les Somaliens, qui se retirent du pays en mars 1978. La politique de collectivisation, le déplacement forcé des populations, mais aussi la « terreur rouge » ne font qu’exacerber l’opposition au régime et l’émergence de mouvements sécessionnistes parmi les Afar, les Somali, les Oromo et surtout les Tigréens.
1984-1985
Une grande famine frappe le pays
Cette famine est cyniquement entretenue par le pouvoir dans les zones rebelles, causant la mort de centaines de milliers d’Éthiopiens malgré le secours de l’aide internationale. L’opération Moïse se solde par le départ de milliers de Juifs éthiopiens vers Israël.
1988
L’Union soviétique retire son soutien à Mengitsu
Sous l’égide de Gorbatchev, l’URSS refuse toute assistance militaire supplémentaire à l’Éthiopie et en 1989, un coup d’État avorté désorganise profondément l’armée. Plus rien ne peut alors entraver la marche sur la capitale des forces d’opposition coalisées au sein du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE).
1991
Les révolutionnaires du FDRPE s’emparent du pouvoir
Lâché par ses alliés traditionnels, contesté dans son autorité militaire, le « négus rouge » s’exile au Zimbabwe le 21 mai 1991. Sept jours plus tard, le FDRPE entre dans Addis-Abeba et institue avec le FPLE un gouvernement transitoire présidé par Meles Zenawi, qui entreprend de profondes réformes économiques. L’opération Salomon poursuit l’œuvre d’émigration des Juifs vers la Terre sainte.
1993
L’Érythrée devient indépendante
Entérinée massivement par sa population, l’indépendance de l’Érythrée, qui devient le cinquante-deuxième État africain, met fin, définitivement pense-t-on alors, à un conflit de près de trente ans entre voisins.
1994
La République démocratique fédérale d’Éthiopie est proclamée
Les Éthiopiens se rendent aux urnes pour élire les 547 députés qui siégeront à l’Assemblée constituante fédérale. Chaque région ethnique a un droit à l’autodétermination et même à la sécession. Après de nouvelles élections en 1995, Meles Zenawi est confirmé à son poste et poursuit la libéralisation économique du pays. Il tente de démanteler les groupes sécessionnistes, le FLO en pays Oromo et le FLNO dans l’Ogaden. L’Éthiopie dénonce le soutien que l’Érythrée et d’autres pays de la région apportent à ces groupes pour déstabiliser son pouvoir.
1998
Reprise des combats armés entre l’Éthiopie et l’Érythrée
Les relations se tendent lorsque les Érythréens introduisent une nouvelle monnaie dont le taux défavorise le commerce éthiopien. Suite à des querelles de frontière autour de la ville de Badmé, les combats reprennent. Les Érythréens s’enfoncent en territoire éthiopien, avant d’en être refoulés par une contre-offensive en 1999. Alors que l’Érythrée refuse le plan proposé par les Nations unies et l’Organisation de l’unité africaine, l’Éthiopie occupe à son tour le sud de l’Érythrée.
12 décembre 2000
Un accord de paix est ratifié à Alger
Cet accord de paix instaure une zone démilitarisée entre les deux pays contrôlée par les Casques bleus des Nations unies. La victoire écrasante du FDRPE aux élections nationales et régionales n’efface pas les quelque 120 000 victimes et des dizaines de milliers de personnes déplacées dans ce conflit. L’Éthiopie en sort très affaiblie et discréditée auprès des donateurs et investisseurs internationaux. En 2002, une commission internationale délimite la frontière attribuant Badmé à l’Érythrée. Une décision rejetée par l’Éthiopie.
2003
Tensions ethniques dans la région de Gambela
La guerre au Soudan depuis vingt ans a entraîné un afflux massif de réfugiés vers Gambela, provoquant des tensions avec les populations locales. Malgré une augmentation de la production agricole, le spectre de la disette n’est pas écarté dans les régions déshéritées. Le gouvernement est accusé de perpétrer des massacres. En 2005, les élections générales se soldent par une reconduction de facto du pouvoir tigréen, malgré une victoire partielle dans les urnes des partis d’opposition. S’ensuivent deux ans d’enfermement, de condamnations à perpétuité puis finalement de libérations des principaux leaders de l’opposition en 2007.
2010
Meles Zenawi reconduit au poste de Premier ministre
La large victoire du FDRPE aux élections législatives – plus de 90 % des voix – est contestée par l’opposition qui réclame la tenue de nouvelles élections. La reconduction au pouvoir du parti tigréen et de Meles Zenawi, en place depuis 1991, se passe dans des conditions houleuses.
2011
Intervention militaire de l’Éthiopie en Somalie
Entre 2006 et 2009, les tensions avec la Somalie s’enveniment. Après s’être retirée du conflit en 2007, l’Éthiopie y renvoie en 2011 un contingent militaire pour combattre les extrémistes islamistes d’al-Shebab. Après avoir pacifié le sud du pays, l’Éthiopie se retire progressivement dès 2013 pour laisser l’Amison, les troupes des Nations unies, prendre ses positions.
Août 2012
Mort de Meles Zenawi
La mort du président tigréen laisse planer la menace d’une grave crise de succession. Mais pour la première fois depuis 1930 et l’accession au trône de l’empereur Hailé Sélassié, une transition ordonnée a lieu à la tête du pays avec l’arrivée au pouvoir du vice-président, Hailemariam Desalegn.
Mai 2013
Le projet du barrage de la Renaissance
Lancement du projet du grand barrage de la Renaissance sur le Nil, le plus grand de l’Afrique. Crise diplomatique avec l’Égypte sur le partage des eaux du Nil.
7 octobre 2013
Mulatu Teshome élu président
Les rivalités au sein de la coalition au pouvoir se stabilisent avec l’élection de cet ancien ambassadeur. L’opposition au contraire est en proie à une lutte intestine. En 2015, la coalition remporte une victoire écrasante aux élections législatives. Le décollage économique du pays focalise l’attention sur le développement urbain, l’ouverture du pays au tourisme et l’essor de l’industrie textile, dopée par la délocalisation d’usines d’Asie vers l’Éthiopie, ou encore le commerce des fleurs coupées dont l’Éthiopie devient le deuxième producteur mondial. En 2015, Barack Obama, alors président des États-Unis, effectue une visite historique en Éthiopie.
2016
Des soulèvements Oromo et Amhara secouent le pays
Alors que la stabilité du pays était remarquable, des soulèvements des Oromo sont réprimés dans le sang. Près de 50 étudiants sont massacrés à Ambo. De même, les Amhara se rebellent contre la coalition menée par les Tigréens. Amnesty International recense alors près de 500 morts en un an, Oromo et Amhara, et des milliers de prisonniers politiques.
2018
Abiy Ahmed, Premier ministre, armistice avec l’Érythrée
La tension retombe en 2018, après l’élection d’Abiy Ahmed comme Premier ministre, en remplacement d’Haile Mariam Dessalegn. « Docteur Abiy », 42 ans, a choisi lui-même d’être chrétien protestant, mais est d’origine oromo et musulmane par son père, chrétien orthodoxe et amhara par sa mère. C’est l’homme de la situation. Spécialiste en cybersécurité, il fonde en 2009 l’Agence nationale de sécurité des réseaux d’information. Nommé ministre des Sciences et des Technologies en 2015 à 2016, il est élu à la tête de l’Organisation démocratique des peuples oromo (OPDO) en 2018, établissant un consensus politique en pays Oromo. En octobre, la présidente Sahle-Work Zewde est élue à l’unanimité par les parlementaires fédéraux. Cette diplomate hors norme, ambassadrice d’Éthiopie au Sénégal, à Djibouti et en France, est nommée directrice générale des Nations unies dès 2011, avant d’occuper divers postes au sein de l’institution.
Juin 2019
Coup d’État avorté contre le gouvernement amhara à Bahar Dar.
Octobre 2019
Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix
Le prix Nobel de la paix est décerné à Abiy Ahmed. L’institution suédoise souligne entre autres son travail de réconciliation et de signature d’un armistice avec l’Érythrée, mais aussi son rôle de réconciliateur national.
Novembre 2020
Début de la guerre au Tigré
L’aura du président Abiy Ahmed est ébranlée par une nouvelle guerre au Tigré, dans laquelle les forces gouvernementales appuyées de l’armée érythréenne et de la milice Amhara Fano combattent les forces tigréennes. Les civils sont les premières victimes de cette guerre, de nombreux morts et déplacés sont dénombrés par les ONG sur place.
Novembre 2022
Fin de la guerre au Tigré
Signature de nouveaux accords de paix entre les rebelles tigréens et l’État éthiopien exactement deux ans après le début de la guerre. Amnesty International estime le lourd bilan humain à 600 000 personnes massacrées, plus de 120 000 femmes violées et des milliers de réfugiés.
Mars 2023
Nouvelles tensions en Amhara
Suite à la volonté d’Abiy Ahmed de démanteler et désarmer les milices ethniques régionales dans le pays, la milice Amhara Fano se rebelle et prend les armes dans toute la région. Des heurts éclatent notamment à Gondar et Bahar Dar, des civils sont tués dans les combats. La situation s’apaise néanmoins les mois suivants.