Découvrez la Bolivie : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

La Bolivie aux mille visages est le berceau de l’une des civilisations les plus mystérieuses de l’histoire : les Tiwanaku. Ce site précolombien abrite entre autres splendeurs la première représentation de Viracocha, le dieu Soleil également vénéré par les Incas. Le patrimoine indigène n’a jamais cessé d’inspirer les artistes boliviens, malgré les messages de l’art colonial.  La sculpture, sur bois ou sur pierre, continue d’être prisée par les contemporains. À ce titre, la galerie Arte y Cultura de Sucre est une étape incontournable pour qui souhaite prendre le pouls de la création locale.  Au fil des siècles, les symboles ancestraux sont repris en peinture, aussi bien sur toile que sur les murs. Car en Bolivie, on aime clairement le street art. Des artistes internationaux sont conviés à diffuser le patrimoine dans les rues, à travers des projets créatifs, pour le plus grand bonheur des habitants et des voyageurs.

Sculpture précolombienne

À presque 4 000 mètres d’altitude, la civilisation Tiwanaku nous entraîne 3 500 ans en arrière. Toutefois, son apogée se situe entre le Ve et le XIe siècle. Les vestiges du site de Tiwanaku attestent de l’influence politique et culturelle que l’Empire pré-inca a exercée durant six siècles. Les Tiwanakus se distinguent par leur maîtrise du travail de la pierre, notamment dans les monolithes, ces personnages austères, parfois munis d’un sceptre ou d’une arme. Leur art révèle des similitudes avec les Huaris, peuple de bâtisseurs qui produisaient aussi une céramique d’exception. Mais le trait commun le plus frappant est la larme creusée au coin des yeux des figures sculptées par ces deux civilisations. Sur le site, au cœur de la Cité du Soleil, la Porte du Soleil, constituée d’un bloc de pierre de dix tonnes, présente un fronton finement ciselé. Une divinité apparaît entourée de dizaines de créatures ailées, certaines à visage humain, d’autres à tête de condor. La légende raconte que la porte garde un secret destiné à guider une future humanité.  

Autre chef-d’œuvre, le monolithe Ponce est également orné de gravures. Parmi ses motifs issus de la symbolique aymara, des poissons, des pumas et des aigles. Au musée archéologique de Tiwanaku, trône le célèbre monolithe Bennett, géant de pierre rouge au visage caché par un masque cérémoniel. Daté à 1 700 ans, il mesure plus de 7 mètres de haut.

La spiritualité continue d’être célébrée tous les ans sur ce lieu de culte, lors du solstice d’été.

Émergence de la peinture

Au XIVe siècle, les recherches picturales en cours en Europe atteignent lentement l’Amérique. Les matériaux disponibles en Bolivie contraignent les artistes à s’adapter. Or, la peinture sert avant tout de support d’évangélisation et la mission religieuse ne peut attendre. C’est ainsi que la peinture sur toile et la fresque sont favorisées. La sculpture polychrome, la peinture sur métal et sur bois sont, dans une moindre mesure, utilisées elles aussi pour convertir les Indiens.

Dans les Andes, la peinture sur toile est diffusée par des maîtres arrivés d’Italie au XVIe siècle. Trois peintres influencent considérablement la peinture coloniale en apportant le maniérisme, style prépondérant en Amérique latine, même si les gravures flamandes instillaient déjà la tendance par petites touches : le jésuite Bernardo Bitti (1575), Mateo Pérez de Alesio (1588) et Angelino Medoro (1600).

Bitti débarque en Amérique à l’âge de 28 ans. Ses personnages solides, idéalisés, au visage doux, rappellent Michel-Ange. Les indigènes apprécient ses toiles lumineuses et colorées, ce qui explique son influence sur l’art populaire bolivien. Bitti exerce son art dans des villages indiens et les centres urbains tels que Cuzco et Potosí.  

À cette époque, les artistes mènent une vie nomade. Leurs déplacements constants contribuent à unifier la vision de l’art dans toute la Vice-Royauté. De leur côté, les artistes indiens s’initient auprès des Européens. L'influence de Bitti sur Cusi Guamán, ou de Diego de Ortiz sur le sculpteur Tito Yupanki est incontestable.

L’École de Potosí

Au XVIIe siècle, les modèles européens donnent lieu à des interprétations originales. Les rares portraits, ceux de donateurs et de bienfaiteurs, restent quant à eux stéréotypés.

Nicolas Chávez de Villafuerte, actif autour de 1600, est considéré comme le dernier maniériste à Potosí. Parmi ses contemporains, on compte Francisco López de Castro et Francisco de Herrera y Velarde. L’art d’Herrera reprend le clair-obscur à la manière du Caravage. Ces artistes constituent l’École de Potosí dont est sorti Melchor Pérez de Holguín. Né vers 1660, ce peintre baroque signe sa première œuvre en 1687 puis ouvre son atelier dans cette ville qu’il n’a jamais quittée. Surnommé le Pinceau d’or, il développe un style reconnaissable à ses personnages curieusement rapetissés. L’immensité des paysages qui l’ont vu grandir n’est sans doute pas étrangère à sa représentation du monde. Son principal disciple est Berrío, né en 1708, qui s’écarte peu à peu de son enseignement pour élaborer un style affirmé recouvert d’or. Le Convento Museo santa Teresa de Potosí propose notamment trente salles d’art colonial.

Contemporain de Berrío, l'Indien Luis Niño obtient le titre de peintre et sculpteur sur bois. Ses œuvres reflètent le goût indien conventionnel, une version américanisée du baroque.  De ce peintre, citons La Vierge de la Victoire de Málaga et les commandes réalisées pour l'évêque de Charcas. Le Muséo Nacional de Arte de La Paz abrite des tableaux de la période coloniale, de l'école flamande, espagnole et italienne. La deuxième salle réunit Holguin et ses disciples ; les deux suivantes, les peintres de La Paz. L’Archange Arquebusier du maître de Calamarca ou Le Sacre de la Vierge de Berrio comptent parmi les plus beaux exemples d’un art destiné à propager le christianisme.

Les réformes du roi Charles III marquent un changement radical. Les Académies des Arts remplacent les associations d'artisans. L'art devient savant, et le baroque est banni au profit du néo-classicisme.

Vers le modernisme

Après diverses phases classiques, la peinture contemporaine émergente se concentre sur la réalité bolivienne, le quotidien, les paysages, la vie urbaine. Arturo Borda aborde les premières peintures indigènes avant que Cecilia Guzman ne prenne sa relève (1899-1950).

Cavalier solitaire, Marina Núnez del Prado (1910-1995) déboule très jeune sur la scène artistique. Bien vite, la sensualité des courbes et du traitement du matériau caractérise ses sculptures. La jeune femme se passionne pour le thème des danses indiennes, puis privilégie le thème de la femme. L’Indienne est hissée au rang de déesse. Grande voyageuse, elle fréquente Marc Chagall, Jackson Pollock, Diego Rivera, Frida Kahlo et Picasso. Dès les années 1930, les sculptures de Marina Núnez del Prado sont exposées sur les cinq continents. Récompensée par le Condor des Andes, la plus haute distinction bolivienne, elle se marie à l’âge de 64 ans et finit ses jours à Lima. La sculptrice est parvenue à s’imposer en tant que femme dans un monde masculin. La Bolivienne qui a transgressé les normes fut aussi l’une des premières artistes à évoquer des sujets sociaux en plus de défendre le statut de la femme.

Liberté d’expression

La révolution de 1952 s’accompagne d’une plus grande liberté d'expression. Cette vague est représentée par Walter Solon Romero et Gil Imanà, artiste influent de la deuxième moitié de XXe siècle. Le thème principal d'Imanà, nouveau pour l'époque, est la représentation de la femme créatrice.

Au retour de la démocratie, en 1982, la peinture bénéficie d'une nouvelle impulsion : utilisation de la photographie, matériaux recyclables. C'est le développement de l'art conceptuel, exposé au musée de l'art contemporain à La Paz.

De nos jours, les artistes s’expriment ouvertement sur les murs de La Paz. Le street art, favorisé en Bolivie, est un véritable mode de vie. Sur les murs, les messages politiques côtoient des fresques plus esthétiques. Dans certains quartiers, l’État finance des projets street art dans l’objectif d’embellir le quotidien des riverains, tout en valorisant la culture indigène.

Le quartier artistico-bohème de La Paz, Sopocachi, se remplit d’œuvres à ciel ouvert. Une quarantaine d’artistes de multiples nationalités se sont répartis sur 3 zones. Sur la place Avaroa, des artistes argentins se sont partagé les murs de l’école Carlos de Villegas. Chiliens et Argentins ont concentré leurs fresques dans le passage Gustavo Medinaceli. Enfin, les abords de l’Académie des Beaux-arts ont inspiré quantité de peintures murales. Entre autres, l’Argentin Marcelo Carpita appelle au respect de l’environnement. Sa fresque sensibilise à la relation entre l’homme et la Terre à travers des symboles des quatre éléments.

Essor de l’art bolivien

Plusieurs artistes boliviens nés au début du XXe siècle ont marqué la scène internationale. La plus importante peintre bolivienne est sans doute María Luisa Pacheco. Née en 1919 à La Paz, elle travaille comme illustratrice de presse avant de décrocher une bourse qui lui permet d’étudier Madrid. À son retour, elle s’installe à New York, mais ses peintures, qui allient abstraction et figuration, restent imprégnées par les peuples boliviens Aymara et Quechua, de même que par les paysages de la cordillère des Andes.

Né la même année à La Paz, Jorge Carrasco exprime son talent à travers la sculpture et la peinture. Il se forme à Vienne et Paris puis s’intéresse de près à la civilisation Tiahunacu, dont il contribue à faire redécouvrir la culture. Lors de la Biennale de São Paulo de 1953, il expose aux côtés de Matisse et Picasso. En 1968, il s’installe en France. Sa quête de l’équilibre instable a peut-être trouvé son contrepoint dans l’embellissement de l’église de Le Menoux dans l’Indre.

Graciela Rodo Boulanger naît dans une famille d’artistes en 1935. Elle se destine à une carrière de musicienne, avant de se consacrer à la peinture et à la gravure. En 1979, l’ONU la désigne artiste officiel pour l’enfance. Après plus de 150 expositions à travers le monde, l’artiste est aujourd’hui pleinement reconnue.

Dans le domaine de la photographie, Freddy Alborta (1932-2005) est mondialement connu pour ses portraits posthumes du Che Guevara. Longtemps correspondant pour des agences de presse internationales, il devient à l’âge de 20 ans le photographe officiel du Président Victor Paz Estenssoro. À la fin des années 1980, il met un terme à sa carrière journalistique pour devenir un chef de file de la photographie bolivienne. Il s’intéresse particulièrement au folklore et aux coutumes locales.

Sonia Montéro Falcone, née en 1965 à Santa Cruz, débute en tant que peintre. Élue miss Bolivie, docteure en psychologie, elle entreprend de créer un pont entre son travail de psychologue, l’art et le social. Par ses actions aux États-Unis, elle aide à faire reconnaître les artistes latino-américains à l’étranger.
Organisez votre voyage avec nos partenaires en Bolivie
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse