La Guyane, région d'outre-mer française aussi vaste que l'Autriche, se trouve sur le continent sud-américain. Très exactement située entre le Suriname et le Brésil, son territoire est recouvert dans sa majeure partie par une forêt tropicale luxuriante. Véritable paradis naturel, la Guyane offre des possibilités infinies de randonnées pédestres ou d'observation de la faune ou de la flore locales. Expéditions en pirogue sur les rivières, baignades à la plage, dans des bassins naturels ou au pied de chutes d'eau, un voyage de l'autre côté de l'Atlantique est l'occasion d'apprécier l'environnement naturel absolument incroyable de la Guyane. Visiter ce territoire à la population métissée, c'est aussi partir à la rencontre de personnes ravies de partager leur culture, leurs traditions et leurs savoir-faire. Voici ces traditions et coutumes qui font de la Guyane une destination unique.
1. La Guyane, terre de métissage et de traditions multiples
La Guyane est peuplée de plus de 20 ethnies. Chacune parle sa propre langue et se distingue par sa culture et ses traditions. Si la population se concentre majoritairement sur le littoral, une expédition à l'intérieur des terres et le long des fleuves est l'occasion de partir à la rencontre des Amérindiens, les premiers habitants de la Guyane, et des Bushinengués, aussi appelés Noirs-Marrons. Ces peuples, dont les liens avec la forêt sont très forts, accueillent volontiers les voyageurs pour quelques heures ou une journée au village afin de leur faire découvrir leurs traditions et leur culture. Les Bushinengués, experts de la navigation fluviale, pratiquent la peinture et la sculpture sur bois, sur lesquels s'exprime toute la beauté des formes et des couleurs de l'art tembé.
Fruit du métissage entre les ascendances européennes et les populations locales ou esclavisées, les Créoles, bien que présents dans toute la Guyane, vivent majoritairement sur la côte. La gastronomie créole se démarque par son excellence.
Deux vagues d'immigration chinoise ont eu lieu au cours des XIXe et XXe siècles. Également originaires d'Asie et établis en Guyane pour échapper à la répression post-guerre d'Indochine, les Hmongs installés à Cacao se distinguent par leurs talents agricoles - ils sont les principaux producteurs de fruits et légumes de Guyane - et pratiquent des rituels via lesquels ils honorent leurs ancêtres.
Situé au cœur de la capitale, dans une jolie maison créole, le Musée des cultures Guyanaises de Cayenne dévoile une collection d'objets ethnographiques provenant des divers groupes ethniques qui peuplent la Guyane : les Amérindiens, les Bushinengués et les Créoles, mais aussi ceux issus de migrations plus récentes, comme les Hmongs, les Brésiliens et les Haïtiens.
2. Le carnaval de Guyane, événement majeur
Le carnaval de Guyane est l'un des événements majeurs du territoire. Un incontournable du patrimoine culturel local. Prenant place entre l'Épiphanie le premier dimanche de janvier, et le mercredi des Cendres en février ou en mars, il est considéré comme le carnaval le plus long du monde. Son histoire est passionnante. Originairement destiné aux colons, il était cependant pratiqué par les esclaves, qui organisaient des fêtes clandestines pour tourner les colons en dérision et retrouver un peu de liberté. A l'abolition de l'esclavage en Guyane au milieu du XIXe siècle, les escales s'emparent de cet événement pour célébrer la liberté retrouvée et honorer leur histoire et leurs origines africaines.
Chaque année, dans des villes comme Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni, le carnaval de Guyane est l'occasion de vivre 2 mois de fêtes endiablées, avec des défilés autour de chars décorés, des fanfares et de nombreuses festivités dans les rues.
Le carnaval est non seulement l'occasion de faire la fête, mais aussi de rencontrer les personnages emblématiques. Le roi Vaval, personnage central du carnaval dont l'incinération marque la fin de l'événement ; le touloulou, reine du carnaval et dame très élégante qui invite les hommes à danser ; le Jé Farin, boulanger vêtu de blanc qui adore enfariner les enfants qui jouent avec lui, ou encore les coupeurs et coupeuses de canne, présents pour rappeler l'histoire des esclaves.
3. La gastronomie locale, les papilles en ébullition
La Guyane est un doux mélange de saveurs et de cultures, jusque dans l’assiette ! Un voyage dans cette région d'outre-mer est l'occasion de tester la gastronomie locale. Lors d'un passage sur les marchés qui fleurissent en nombre dans les villes, les étals remplis de fruits et légumes interpellent de suite le regard. Le climat équatorial chaud et humide permet la culture de fruits tels que la banane, la pastèque, la mangue, la goyave, le wassaï, le parépou, la noix de coco, l'ananas, la papaye, le citron vert, le fruit de la passion. Sans oublier, les tomates, les concombres, les aubergines, les gombos et autres piments de Cayenne.
La cuisine créole attire les gourmets en nombre. Elle n'est pas sans rappeler celle des Antilles, avec des viandes et poissons boucanés. Il faut aussi tester la cuisine amérindienne, à base de poissons de rivière, ou encore la cuisine bushinenguée.
Parmi les classiques de la cuisine guyanaise, la salade de couac, sorte de taboulé à base de farine de manioc ; le blaff, un plat à base de poisson relevé ; le colombo guyanais, ragoût de viande et de légumes au curry. Sans oublier le bouillon d'awara, servi à Pâques et qui se compose de viande, de volaille, et de fruits de mer cuits dans une sauce à base de pâte de fruits d'awara. Côté dessert, on craque pour les sorbets fruités. Et puis, à l'apéritif, on apprécie toujours un petit rhum guyanais.
4. L'artisanat : que rapporter de Guyane ?
Un passage chez les Bushinengués, comme dans certaines galeries d'art, permet d'apprécier toute la finesse de l'art tembé, art traditionnel des esclaves échappés des plantations du Suriname. Cet assemblage de formes géométriques et de couleurs vives décore les façades de maisons, les pirogues, mais aussi des objets de décoration et les textiles. Sans doute l'un des plus beaux souvenirs à ramener de Guyane.
Dans la forêt amazonienne, certains groupes de population travaillent les diverses essences de bois. Les populations autochtones - amérindiennes - pratiquent la vannerie, avec la transformation de lianes, d'écorces et de feuilles en objets pour le quotidien ou en œuvres d'art. La forêt est aussi source de matières qui permettent de fabriquer des bijoux. Colliers, bracelets et boucles d'oreille sont ainsi confectionnés à partir de graines de végétaux et de végétaux tressés.
5. Les musiques et danses guyanaises
Comme la cuisine ou l'artisanat, les musiques et danses guyanaises sont l'expression d'une grande pluralité. Le kaséko est l'un des styles les plus emblématiques de la culture créole guyanaise. Puisant ses origines dans les danses traditionnelles des esclaves, il désigne autant les percussions sur les tambours que la danse qui l'accompagne. Parmi les autres rythmes, le kamoungué, particulièrement énergique et qui évoque le labeur physique, ou encore le grajé, des chants empreints de nostalgie qui accompagnent une danse de salon qui s'exécute en couple. Le lérol et le béliya font aussi partie du répertoire traditionnel guyanais. Ces musiques et danses peuvent être écoutées et admirées lors de temps forts comme le carnaval de Guyane, les fêtes patronales et Cayenne en fête, qui prend place pendant 4 semaines dans la capitale guyanaise.
Awassa chez les bushinengués et d'autres danses chez les populations amérindiennes comme le sanpula complètent le riche panorama de la culture guyanaise. Par-delà ce qui touche aux traditions, la Guyane est aussi un territoire où le merengue, la salsa, le cha-cha-cha, le zouk et le reggae jamaïcain sont des styles très présents. Du fait bien sûr de la proximité avec des pays tels que le Brésil, le Venezuela, la Guadeloupe et la Jamaïque.
