Espaces protégés
Environ 14 % du territoire est classé en aire naturelle protégée. Cela représente 86 sites, dont quatre parcs nationaux, trois sites Unesco et trois sites Ramsar.
Parcs nationaux. Tous les quatre sont situés dans la partie occidentale. Le plus grand est le parc national de Mavrovo qui s’étend sur 780 km2 le long de l’Albanie et sous le mont Korab, le point culminant des deux pays, à 2 764 m d’altitude. Traversé par la route entre Skopje, Tetovo et Ohrid, il a été créé en 1949. Il comprend des lacs, des vallées et gorges étroites et abrite une riche faune, notamment la moitié des ours du pays ainsi que le très rare lynx des Balkans. Le plus récent est le parc national des monts Šar, créé en 2021. Il couvre une superficie de 621 km2 le long du Kosovo, en arc-de-cercle près de Tetovo et de Gostivar. Encore peu organisé pour le tourisme, il offre pourtant de superbes paysages avec 27 lacs glaciaires et une dizaine de sommets à plus de 2 500 m d’altitude. Il faut noter que les parcs nationaux du Mavrovo et des monts Šar font partie d’une aire protégée transfrontalière de plus de 2 400 km2 qui comprend aussi le parc national des monts Šar (533 km2), au Kosovo, et le parc naturel Korab-Koritnik (555 km2), en Albanie. Plus au sud et magnifiquement placé entre les lacs d’Ohrid et Prespa, le long de la frontière albanaise, le parc national de Galičica s’étend dans un massif montagneux sur 227 km2. Créé en 1948, il est réputé pour sa riche diversité en termes de fleurs et de papillons. Enfin, entre le grand lac Prespa, la ville de Bitola et la frontière grecque se trouve le parc national du Pelister qui couvre 171 km2 dans le massif du même nom. Établi en 1958, il comporte notamment deux lacs de montagne et de grandes forêts de pins de Macédoine.
Sites Ramsar. Le pays compte trois zones humides d'importance internationale inscrites sur la liste de la Convention de Ramsar avec une forte concentration d’oiseaux et de poissons : le lac d’Ohrid (250 km2) depuis 2021, le grand lac Prespa (190 km2) depuis 1995 et le lac Dojran (27 km2) depuis 2007.
Sites Unesco. En 2014, sous l’égide de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), la Macédoine du Nord et l’Albanie ont créé la réserve de biosphère transfrontalière d’Ohrid-Prespa. Celle-ci s’étend sur 4 462 km2 de part et d’autre de la frontière. Depuis 2019, les deux pays ont aussi en commun la région d’Ohrid : une zone de 947 km2 qui est classée « patrimoine naturel et culturel » de l’Unesco avec à la fois le lac et la ville d’Ohrid, elle-même inscrite au patrimoine mondial depuis 1979. Depuis 2021, la vallée de la Dlaboka est inscrite sur la liste des « forêts primaires de hêtres des Carpates et d'autres régions d’Europe » du patrimoine mondial de l’Unesco. Elle couvre 193 ha (moins de 2 km2) et se trouve au sein du parc national de Mavrovo.
Autres aires protégées. Le pays comprend notamment cinq réserves naturelles, une réserve naturelle spéciale et deux « paysages protégés ». Près de Skopje, la réserve naturelle spéciale de Jasen affiche une superficie de 240 km2. Elle comprend notamment le canyon de Matka. Le parc naturel d’Ezerani s’étend sur près de 21 km2 au sein du site Ramsar du grand lac Prespa. Près de la ville viticole de Kavadarci, la réserve naturelle de Tikveš couvre plus de 106 km2 autour du lac artificiel du même nom. Il y a aussi deux petites zones humides : la réserve naturelle de Lokvi (50 ha), à Golemo Konjari, près de Prilep, et la réserve naturelle de Ploče Litotelmi (23 ha), à Stracin, près de Kratovo. Chacune abrite une espèce endémique de crevette d’eau douce. Enfin, depuis 2021, deux « paysages protégés » ont été créés en Macédoine orientale. Il s’agit de l’aire protégée des monts Osogovo (488 km2), près de Kriva Palanka, et de l’aire protégée de Maleševo (115 km2), entre Delčevo et Berovo.
Forêts
Elles couvrent environ 40 % du territoire, soit 1,1 million d’hectares (11 000 km2). À titre de comparaison, les forêts occupent 44 % du territoire au Kosovo, 31 % en France, en Serbie et en Bulgarie, 28 % en Albanie et 25 % en Grèce. Du fait du déclin démographique, de l’exode rural et de l’abandon des terres agricoles, la superficie des forêts de Macédoine du Nord augmente chaque année en moyenne de 4 200 ha depuis l’indépendance, en 1991.
Hêtres. Environ 30 % des forêts sont constituées entièrement ou en partie de hêtre européen (Fagus sylvatica). Bien adapté au climat et au relief locaux, celui-ci pousse jusqu’à 2 500 m d’altitude. Il côtoie le hêtre de Crimée (Fagus taurica) jusqu’a 1 300 m d’altitude ainsi que différentes espèces d’arbres.
Conifères. L’arbre symbole du pays est le pin de Macédoine (Pinus peuce). Localement appelé molika en slave ou pisha maqedonase (« pin macédonien ») en albanais, il ressemble au pin blanc d’Amérique. Le pin de Macédoine pousse jusqu’à 2 300 m d’altitude et se distingue par son tronc qui peut atteindre 40 m de hauteur et 1,5 m de diamètre. Il se trouve surtout dans les montagnes de Macédoine du Nord (notamment dans le parc national du Pelister) et celles des pays voisins. Parmi les autres conifères dominent le sapin blanc (Abies alba), le pin noir (Pinus nigra), le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin de Bosnie (Pinus heldreichii) et l’épicéa (Picea abies).
Chênes. Les habitants sont très fiers de leur chêne de Macédoine (Quercus trojana). Aussi appelé chêne de Troie, c’est un arbre d’une hauteur moyenne de 18 m qui pousse dans les plaines et les montagnes jusqu’à 1 600 m d’altitude dans les Balkans, en Turquie et dans le sud de l’Italie. Dans la famille des chênes, on trouve surtout le chêne de Hongrie (Quercus frainetto), le chêne chevelu (Quercus cerris) et le chêne pubescent (Quercus pubescens), tandis que le chêne rouvre (Quercus petraea), le chêne-liège (Quercus suber) et le chêne de Daléchamp (Quercus dalechampii) sont plus rares.
Autres arbres. Dans les forêts ou au bord des routes, on peut voir l’érable des Balkans (Acer heldreichii), l’érable champêtre (Acer campestre), le charme (Carpinus betulus), le charme-houblon (Ostrya carpinifolia), le frêne à fleurs (Fraxinus ornus), le tremble (Populus tremula), le tilleul argenté (Tilia tomentosa), le merisier (Prunus avium), le poirier sauvage (Pyrus pyraster) ou le mûrier noir (Morus nigra). On trouve aussi le platane, le figuier, le noyer, le noisetier, le châtaignier, le merisier et différentes sortes d’aulnes, de genévriers, d’eucalyptus, de bouleaux et d’acacias. Parmi les arbustes, figurent notamment le chêne des garrigues (Quercus coccifera), le charme d’Orient (Carpinus orientalis), l’aubépine monogyne (Crataegus monogyna), le troène (Ligustrum vulgare), le cornouiller sauvage (Cornus mas) et le prunier-cerise (Prunus cerasifera). Quant à l’olivier, malgré le climat méditerranéen du sud du pays, il reste rare : seuls 5 500 ha d’oliveraies existent. Si bien que la plus grande partie de l’huile d’olive consommée ici est importée de Grèce.
Fleurs et autres végétaux
En incluant les arbres, la Macédoine du Nord compte environ 4 300 sortes de plantes, dont 3 200 plantes à fleurs. À cela s’ajoutent environ 2 000 champignons, 2 100 algues et 450 lichens.
Fleurs endémiques. Elles sont environ une centaine. Dans la région centrale du pays, surnommée la « steppe de Macédoine », entre Veles, Štip et Negotino, poussent huit fleurs endémiques, notamment la tulipe Marianne (Tulipa mariannae), qui donne de superbes fleurs polychromes aux teintes rose, orange et jaune. Dans un plus petit périmètre encore, entre Štip et le village d’Ovče Pole, la sauge vivace (Salvia jurisicii) ne se trouve qu’à une altitude d’environ 280 m. De juin à septembre, elle donne des fleurs blanches et violettes. Dans le parc national de Galičica ou sur le mont Jakupica (au sud de Skopje), on peut apercevoir les petits pétales roses de la Pedicularis ferdinandi qui pousse à 2 200 m d’altitude. Le mont Jakupica est aussi un des rares endroits du pays où l’on trouve le safran de Macédoine (Colchicum macedonicum) qui donne des fleurs violettes. Le canyon de Matka, près de Skopje, abrite quant à lui une variété de thym sauvage, le Thymus oehmianus. Le crocus du Šar (Crocus scardicus), aux pétales orange, pousse entre 1 700 et 2 200 m d’altitude, dans les parcs nationaux des monts Šar et de Mavrovo.
Algues. Sur environ 2 100 algues d’eau douce recensées, environ 10 % existent uniquement ici. C’est particulièrement le cas dans le lac d’Ohrid, à la frontière avec l’Albanie. Celui-ci abrite 758 algues différentes, dont 158 sont endémiques.
Mammifères
Le pays abrite au moins 85 espèces de mammifères : sangliers, lièvres, rongeurs, cervidés… Outre les carnivores (lire ci-après), on trouve parmi elles plusieurs espèces et sous-espèces endémiques. La chasse est en théorie très réglementée. Mais la richesse supposée du gibier attire chaque année des touristes étrangers en mal de safari low cost.
Chamois des Balkans. Ce chamois (Rupicapra rupicapra balcanica) est une sous-espèce du chamois commun que l’on trouve dans les Alpes françaises. Présent dans toutes les Alpes dinariques et jusqu’en Grèce, à partir de 400 m d’altitude, il est de la taille d’une grosse chèvre, possède des cornes noires et fines repliées vers l'arrière avec une fourrure (brune et courte en été, grisâtre et épaisse en hiver) parcourue par une ligne sombre sur le dos. En Macédoine du Nord, le chamois des Balkans fait partie des espèces que l’on peut chasser. Les quelque 3 500 individus sont repartis entre les parcs nationaux de Mavrovo et des monts Šar.
Cervidés. Outre le chamois des Balkans, la Macédoine du Nord abrite le cerf élaphe (Cervus elaphus), le daim (Dama dama) et le chevreuil (Capreolus capreolus), qui sont aussi des espèces ouvertes à la chasse légale.
Espèces endémiques. La taupe des Balkans (Talpa stankovici) ne se trouve que dans l’ouest de la Macédoine du Nord, principalement dans le parc national de Galičica, et plus rarement en Albanie, au Monténégro et en Grèce. Le campagnol de Felten (Microtus felteni) est un petit rongeur présent surtout dans les forêts de Macédoine du Nord, de Serbie, de Grèce et d’Albanie. Le campagnol de Martino (Dinaromys bogdanovi), dit « des neiges », vit quant à lui davantage en altitude, de la Bosnie-Herzégovine à la Macédoine du Nord. Parmi les sous-espèces endémiques, figurent deux mammifères très menacés : le lynx des Balkans (lire ci-après) et le souslik d’Europe (Spermophilus citellus). Ce dernier est un écureuil présent dans certaines zones d’Europe centrale et des Balkans. Mais le groupe vivant entre la Macédoine du Nord et la Grèce est complément isolé et est, de ce fait, parfois considéré comme une sous-espèce. Il est notamment concurrencé par le – trop mignon – écureuil gris (Sciurus carolinensis), une redoutable espèce invasive venue d’Amérique du Nord.
Espèces invasives. Il s’agit surtout de rongeurs comme le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), le rat musqué (Ondatra zibethicus) ou la souris grise (Mus musculus). En tout, une dizaine d’espèces arrivées plus ou moins récemment empiètent aujourd’hui sur l’habitat des mammifères locaux. On trouve également le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides), un canidé venu d’Asie, ici très rare, et le ragondin (Myocastor coypus), un rongeur semi-aquatique d’Amérique du Sud. Ceux-ci ont été introduits dans les Balkans pour leur fourrure : la ville grecque de Kastoria, proche des lacs Prespa, s’est en effet spécialisée dans la production de fourrures à partir du XIVe siècle.
Chauves-souris. Comme l’exploration des grottes est une forme de tourisme encore inexistante ici (sauf dans le canyon de Matka, près de Skopje), vous aurez peu l'occasion de découvrir la douzaine de chiroptères (chauves-souris) qui peuplent le pays. Parmi ceux-ci ont distingue notamment six espèces quasi disparues de France et d’Europe occidentale : le murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), le murin de Capaccini (Myotis capaccinii), la barbastelle (Barbastella barbastellus), la grande noctule (Nyctalus lasiopterus), le minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) et le rhinolophe de Mehely (Rhinolophus mehelyi).
Mammifères carnivores
Parmi les 14 espèces de mammifères carnivores présentes en Macédoine du Nord, la plus emblématique est le lynx des Balkans. S’il est protégé par les autorités, c’est aussi l’animal du pays qui est le plus gravement menacé de disparition.
Lynx des Balkans. La Macédoine du Nord est devenue le denier refuge d’un des mammifères les plus menacés d’Europe : le lynx des Balkans (Lynx lynx balcanicus). Le plus grand félin du Vieux Continent est une sous-espèce du lynx boréal que l’on trouve de la Sibérie à la France. Appelé Balkanski ris en slave et rrëqebulli ballkanik en albanais, il occupait traditionnellement un vaste territoire allant de la Serbie à la Grèce. Mais il a presque disparu : 280 individus en 1974, 90 en 2000 et entre 35 et 40 aujourd’hui. Ceux-ci vivent désormais principalement dans les forêts du parc national de Mavrovo où ils chassent le chevreuil, le chamois et le lièvre. Mais vous aurez très peu de chances d’apercevoir celui que l’on surnomme ici le « fantôme des forêts ». D’ailleurs, la plupart des naturalistes qui veillent sur le lynx des Balkans ne l’ont jamais croisé directement. Il figure toutefois sur les pièces de 5 denars et sur une série de timbres.
Ours. Quasiment disparu d’Europe occidentale, l’ours brun (Ursus arctos) est encore très présent dans les Balkans avec, par exemple, des populations de 4 000 à 5 000 individus en Roumanie, d’environ un millier en Bulgarie et de près de 500 en Grèce. En Macédoine du Nord, on estime qu’ils seraient entre 150 et 180. Ils vivent essentiellement dans les quatre parcs nationaux, dont la moitié dans celui de Mavrovo. Pesant de 130 à 700 kg, ils peuvent être dangereux, mais ils vivent à l’écart des hommes et aucun incident n’a été reporté depuis des décennies. C’est d’ailleurs l’homme qui est son principal prédateur : la chasse à l’ours est officiellement bannie dans le pays depuis 1996, mais des permis spéciaux ont été occasionnellement accordés à de riches touristes ces derniers années. Les ours bruns ont aussi longtemps constitué une attraction dans certains restaurants. Heureusement, en 2022, les quatre derniers spécimens qui vivaient en captivité à Skopje ont été secourus par l’association autrichienne Four Paws (fourpawsusa.org) qui les a transférés dans des sanctuaires en Bulgarie et en Suisse.
Loup. Le loup gris (Canis lupus) est toujours chassé en Macédoine du Nord. Considéré comme une nuisance par les autorités, celles-ci accordent une prime de 50 € par animal tué. Malgré les protestations des organisations environnementales, qui soulignent le rôle prépondérant joué par ce prédateur dans la régulation des écosystèmes, aucun changement n’est à l’ordre du jour, si bien que certaines agences de tourisme spécialisées dans la chasse proposent toujours de venir abattre un loup en Macédoine du Nord. C’est d’autant plus scandaleux que le nombre de loups dans le pays a fortement diminué ces dernières années : ils étaient environ un millier en 2008 contre moins de 400 aujourd’hui. Ceux-ci vivent à présent essentiellement dans les quatre parcs nationaux, où la chasse est en théorie interdite.
Autres mammifères carnivores. Le renard roux (Vulpes vulpes), le chacal doré (Canis aureus), le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides), le chat sauvage (Felis silvestris), la loutre (Lutra lutra), la fouine (Martes foina), le blaireau (Meles meles), l’hermine (Mustela erminea), la belette (Mustela nivalis), le putois (Mustela putorius) et le putois marbré (Vormela peregusna).
Oiseaux
Bien située sur les grands couloirs de migration, la Macédoine du Nord compte environ 320 espèces d’oiseaux, dont certaines très rares et menacées. Mais leurs cycles migratoires et de reproduction sont encore mal connus. Les principales zones de peuplement se trouvent dans les quatre parcs nationaux et autour des grands lacs de la partie sud (Ohrid, Prespa, Dojran et Tikveš).
Cigogne. C’est l’un des oiseaux les plus grands du pays (2,15 m d’envergure en moyenne) et l’un des plus faciles à observer. Par exemple, presque tous les poteaux électriques du village de Krivogaštani, entre Prilep et Kruševo, abritent à leur sommet d’énormes nids pesant jusqu’à 500 kg que retrouvent les cigognes à chaque retour d’Afrique. En Macédoine orientale, près de Štip, ces échassiers sont carrément installés sur les toits des maisons de Češinovo-Obleševo. La commune fait d’ailleurs partie du réseau européen des « villages de la cigogne » (storkvillages.net). Dans le pays, la cigogne blanche (Ciconia ciconia) est la plus courante avec entre 600 et 800 individus, contre moins de 50 pour la cigogne noire (Ciconia nigra), plus petite et qui nidifie surtout en milieu naturel (arbres, falaises…).
Percnoptère d’Égypte. Ce grand rapace (Neophron percnopterus) est une des espèces les plus recherchées par les observateurs d’oiseaux qui le guettent autour des grottes de Kavadarci et de Demir Kapija, dans la région viticole du Tikveš. Mais seuls 28-32 individus sont comptabilisés par les ornithologues de Macédoine du Nord. Migrant en été vers les Balkans (et les Pyrénées) depuis le Sahara, il se nourrit principalement des carcasses d’animaux. Particulièrement menacé, il fait l’objet d’un programme de préservation dans 14 pays des Balkans, d’Afrique et du Moyen-Orient (lifeneophron.eu). Parmi les autres rapaces du pays, on trouve les majestueux aigles royal (Aquila chrysaetos, 60-100 individus) et impérial (Aquila heliaca, 30-40 individus), le circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus, 120-150 individus), l’épervier à pieds courts (Accipiter brevipes, 40-100 individus), la buse féroce (Buteo rufinus, 80-100 individus), le hibou grand-duc (Bubo bubo, 100-300 individus) ou encore le faucon crécerellette (Falco naumanni, 1 500-2 500 individus).
Pélican frisé. Avec moins de 18 000 individus aujourd’hui à travers le monde, le plus grand des pélicans (Pelecanus crispus) fait partie des espèces d’oiseaux les plus menacées. En Europe, il migre dans le sud des Balkans et sur les rives de la mer Noire. Reconnaissable à ses plumes plus longues sur la tête (qui le valent son nom de « frisé »), son long bec orange (36-45 cm) et à son immense envergure (3 m en moyenne), il s’établit en Macédoine du Nord principalement sur le lac Prespa, où l’on comptabilise entre 300 et 1 000 individus selon les années. C’est la seule zone où le pelican frisé nidifie en Europe. Il côtoie ici le pélican blanc (Pelecanus onocrotalus), plus petit (2,80 m d’envergure), plus répandu sur la planète, mais plus rare en Macédoine du Nord (200-550 individus).
Paon bleu. C’est sans doute l’oiseau le plus emblématique du pays. Le paon bleu (Pavo cristatus), ici appelé « paon d’Inde » (Indiski Paun), figure sur la magnifique mosaïque du baptistère du site archéologique de Stobi reproduite sur les billets de 10 denars. On le trouve aussi – pour de vrai et semi-domestiqué – dans différents lieux touristiques comme le grand monastère Saint-Naum du lac d’Ohrid, le domaine viticole Queen Maria de Demir Kapija ou, de manière plus surprenante, au poste-frontière de Bogorodica-Evzoni, près de Bitola. Si le plumage de la femelle est vraiment quelconque, le mâle est d’une superbe extravagance avec son cou et sa huppe bleus et, surtout, sa longue queue verte de plus d’un mètre de longueur qui se déploie en forme de « roue » avec des dizaines d’ocelles, des taches évoquant des yeux. Si le paon est autant apprécié en Macédoine du Nord, c’est qu’il fut le symbole de la Résurrection pour les premiers chrétiens. C’est aussi un héritage de l’Antiquité : selon la mythologie grecque, la déesse Héra transforma Argos, un géant aux cent yeux, en paon pour mieux surveiller Zeus, son mari volage. Et pa(o)n, dans les plumes !
Cormoran pygmée. Surtout présent au Moyen-Orient, cet oiseau pêcheur (Microcarbo pygmeus) est ici assez rare : entre 60 et 120 individus, surtout sur le lac Dojran, à la frontière avec la Grèce. Mais il reste associé au souvenir d’une tradition ancestrale, la piliktanik. Le cormoran pygmée fut en effet utilisé pendant des siècles comme « rabatteur » par les pêcheurs du lac Dojran pour diriger les poissons vers des nasses de roseaux.
Pie-grièche à poitrine rose. Récemment disparue de France, la pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor) compte encore de 2 500 à 5 000 individus en Macédoine du Nord. Ce petit oiseau (33 cm d’envergure) est toutefois ici aussi menacé par la pollution. On distingue le mâle pie-grièche à son plumage : gris sur le dos, noir sur le bord des ailes et autour des yeux, blanc sur la gorge et légèrement rosé sur la poitrine et le ventre. Le pays abrite quatre autres espèces de passereaux : pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), grise (Lanius excubitor), masquée (Lanius nubicus) et à tête rousse (Lanius senator).
Arachnides
Aucune étude globale n’a été menée sur les arachnides (araignées et scorpions) dans le pays. Mais seules deux espèces sont dangereuses pour l’homme.
Scorpions. On trouve ici au moins quatre sortes de scorpions, dont le Mesobuthus gibbosus qui est considéré comme le plus dangereux en Europe. Mesurant de 6 à 9 cm, il possède un corps brun clair et des membres ocre ou jaunes. Sa piqûre est très toxique. Elle a causé quelques cas d’hospitalisation ces dernières années, mais aucune complication ni décès. Les trois autres scorpions connus appartiennent au genre Euscorpius qui se distinguent par leur couleur sombre et leur venin peu toxique : Euscorpius hadzii, Euscorpius italicus et Euscorpius janstai. Ce dernier est une espèce endémique identifiée en 2020 qui vit uniquement dans les parcs nationaux de Mavrovo et des monts Šar. Dans tous les cas, pour éviter les mauvaises surprises, un conseil : si vous dormez dans une maison à la campagne ou en montagne, placez vos chaussures à l’envers (semelles vers le haut) afin que les scorpions – qui adorent les cavités – ne viennent pas s’y glisser la nuit.
Araignées. Le nombre d’espèces se situe aux alentours de 500, dont au moins cinq sont endémiques. Une seule espèce est dangereuse pour l’homme : la veuve noire méditerranéenne (Latrodectus tredecimguttatus), qui est présente dans de nombreuses régions du sud de l’Europe comme la Corse. Reconnaissable à son gros abdomen couvert de taches rouges, elle ne doit pas être confondue avec la stéatode toxique (Steatoda paykulliana), d’allure similaire mais peu toxique malgré ce que laisse suggérer son nom. Il n’existe pas de données pour les accidents causés par la veuve noire méditerranéenne en Macédoine du Nord. Mais en Albanie voisine, elle est responsable de plusieurs décès depuis les années 2000. Pour autant, sa morsure n’est mortelle que dans 1,7 % des cas.
Reptiles et amphibiens
Le pays abrite 32 types de reptiles et 14 d’amphibiens, principalement des espèces endémiques des Balkans. Même si vous n’êtes pas très « nature », vous verrez forcément des lézards et des tortues au bord des routes, surtout dans la partie sud. En revanche, on ne vous souhaite pas de rencontrer la vipère cornue.
Serpents. Seize différents types existent en Macédoine du Nord. Trois espèces sont considérées comme dangereuses pour l’homme. La plus venimeuse est la vipère cornue (Vipera ammodytes). Elle n’a toutefois causé aucun décès récemment dans le pays. Identifiable à sa corne, elle mesure de 45 à 95 cm de longueur. On la trouve dans tout le pays jusqu’à 1 800 m d’altitude. Son venin est très toxique et nécessite une prise en charge médicale rapide. Les deux autres espèces dangereuses sont la vipère péliade (Vipera berus) et la vipère d’Orsini (Vipera ursinii) que l’on trouve aussi en France. Leur morsure occasionne plus rarement de graves complications. Parmi les autres serpents, on peut croiser la couleuvre des Balkans (Hierophis gemonensis), la couleuvre à quatre raies (Elaphe quatuorlineata), la couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la coronelle lisse (Coronella austriaca) ou la couleuvre obscure de la Caspienne (Dolichophis caspius). Cette dernière est le plus long serpent en Europe : de 1,40 à 2 m de longueur.
Tortues. Il existe cinq espèces. Au bord des routes, dans les sites archéologiques et dans les jardins on croise fréquemment la tortue d'Hermann (Testudo hermanni) et occasionnellement la tortue grecque (Testudo graeca) qui est classée « vulnérable ». Vivant plus de quarante ans à l’état sauvage, toutes deux se ressemblent beaucoup. Mais on peut les différencier par exemple grâce à leur écaille supracaudale, au niveau de la queue : celle de la tortue grecque forme un seul bloc, alors qu’elle est en deux parties chez la tortue d’Hermann. Les trois autres tortues sont aquatiques : la cistude (Emys orbicularis), assez grosse, l’émyde des Balkans (Mauremys rivulata), qui possède un long cou, et la tortue de Floride (Trachemys scripta), avec des bandes striées et des taches rouges sur les tempes. Cette dernière est une espèce invasive dont la prolifération est très préoccupante pour la survie des autres tortues aquatiques dans tous les Balkans.
Lézards. Ils sont au nombre de douze dans le pays. Dans la partie sud, on remarque surtout le lézard vert des Balkans (Lacerta trilineata), superbe avec sa peau d’un vert étincelant, son petit corps (environ 16 cm) et sa longue queue (environ 30 cm).
Amphibiens. On compte neuf espèces de grenouilles et crapauds et cinq de tritons et salamandres comme la grenouille grecque (Rana graeca), le pélobate des Balkans (Pelobates balcanicus), la grenouille des Balkans (Pelophylax kurtmuelleri), le triton ponctué grec (Lissotriton graecus) et le triton crêté macédonien (Triturus macedonicus). Ce dernier fut identifié pour la première fois en 1922 dans les lacs Prespa et se retrouve aussi dans les pays voisins. Quant aux cuisses de certaines grenouilles, elles sont proposées au menu de quelques restaurants, comme dans le nord de la Grèce et le sud de l’Albanie.
Poissons
Les poissons de Macédoine du Nord sont au nombre de 87, dont 27 espèces endémiques et 19 invasives. Le lac d’Ohrid concentre 8 poissons endémiques, dont la célèbre truite d’Ohrid. Il existe aussi sept espèces endémiques dans les lacs de Prespa et une autre dans le lac Dojran. Les poissons locaux (truites, carpes, silures…) sont des mets de choix dans les restaurants, qui proposent aussi beaucoup de produits de la mer Égée importés de Grèce.
Truite d’Ohrid. Cette espèce endémique à petits points orange est la plus emblématique parmi les poissons du pays. On la trouve non seulement dans le lac d’Ohrid, mais aussi dans les rivières tributaires du lac. Appelée ohridska pastrmka en slave et koran en albanais, elle est servie dans de nombreux restaurants de Macédoine du Nord et d’Albanie. Si, dans votre assiette, elle mesure une trentaine de centimètres, dans la nature, certains spécimens dépassent les 75 cm pour 6,5 kg. L’espèce se divise en quatre branches avec de petites variantes pour chacune : Salmo letnica (la plus courante), Salmo lumi (qui fraie dans les rivières), Salmo aphelios (qui fraie aux sources du lac, au sud-est) et Salmo balcanicus (dans la partie nord-ouest du lac, mais sans doute disparue).
Truite de Prespa. Cette autre espèce endémique (Salmo peristericus) vit dans le grand lac Prespa, qui alimente celui d’Ohrid. Elle ressemble à la truite d’Ohrid, mais elle est en danger d’extinction.
Barbeau macédonien. Le Barbus macedonicus est un des poissons endémiques du Vardar avec l’apron balkanique (Zingel balcanicus).
Ablette de Shkodra. L’Alburnus scoranza vit dans le plus grand lac des Balkans (le lac de Shkodra ou de Skadar), à la frontière entre l’Albanie et le Monténégro. On la retrouve aussi dans le lac d’Ohrid où elle assure la renommée des orfèvres de la ville : ce sont en effet les écailles de cette ablette qui sont utilisées (avec de la nacre de coquillages) pour obtenir les célèbres perles d’Ohrid montées en colliers, en bracelets ou en boucles d’oreilles.
Insectes, crustacés et autres animaux
On recense environ 10 000 espèces d’insectes dans le pays, dont plus de 2 600 sortes de papillons. Les crustacés sont eux près de 500, dont plus de 130 espèces endémiques.
Papillons. C’est dans le parc national de Galičica que l’on observe la plus grande variété de papillons. Parmi les plus belles espèces endémiques figure la nymphale de l’arbousier aussi appelé pacha à deux queues (Charaxes jasius) : ce grand papillon de l’ordre des lépidoptères se distingue par ses ailes noires bordées d’orange qui se terminent par deux « queux » à chacune des ailes postérieures. Toujours parmi les lépidoptères, on remarque aussi deux papillons avec des « yeux » dessinés sur les ailes : l’ocellé chevronné (Pseudochazara geyeri) et l’ocellé macédonien (Pseudochazara cingovskii). Les amateurs apprécieront également des espèces orientales comme la piéride soufrée des steppes (Euchloe penia), de couleur verte, ou l’azuré de l’argolou (Tarucus balkanicus), aux ailes bordées de bleu.
Étrangetés d’Ohrid. Le lac d’Ohrid abrite deux espèces endémiques un peu bizarres. Il y a tout d’abord l’éponge d’Ohrid (Ochridaspongia rotunda) qui vit dans des eaux froides (6-8 °C) et calmes. Encore mal connue, cette éponge d’eau douce pourrait devenir une « mine d’or de substances antimicrobiennes » selon l’industrie pharmaceutique. Quant à l’escargot d’Ohrid (Gocea ohridana), qui vit aussi dans les eaux du lac, il fait partie d’une classe à part dans l’ordre des gastéropodes et possède une étonnante coquille en forme de tube qui s’achève en spirale. Du fait de la pollution, il devient de plus en plus rare.