Les musique et danse traditionnelles
Une des formes musicales ancestrales les plus anciennes et profondément ancrées dans le désert est sans aucun doute Ghna'a Al-Rukban. Commune aux Émirats arabes unis, à l’Arabie saoudite et à Oman, cette musique est dérivée des chants des gardiens de chameaux qui jadis récitaient des vers pour se divertir dans le silence et s’encourager lors des longs périples dans le vide du désert. Les poésies évoquent l’amour, l’amitié, l’honneur et parfois la guerre. Très similaires (et tout aussi populaires) les chants Al-Taghrooda trouvent leur origine dans le désert et les chameliers. Poésie improvisée chantée, elle servait à l’origine à encourager les animaux à marcher en rythme, voire à accélérer leur cadence. Toujours très importants dans la culture émiratie, le Taghrooda est inscrit sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’UNESCO en 2012. On peut les entendre dans des spectacles traditionnels tels que l’Al-Ayyala, une des danses les plus emblématiques des émirats. Pratiquée par les hommes en kandoura blanche munis de cannes, elle s’exécute en se balançant d’un pied sur l’autre au son des percussions, en brandissant les bâtons, tout en entonnant un mélodieux chant poétique. Au temps des rezzous et des menaces, c’était un rituel d’unité tribale. L’Al Ayyalah joue un rôle si important dans l'Histoire des Émirats arabes unis qu’en 2014, elle a été ajoutée à la liste représentative des éléments du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Très similaire à l’Al Ayyalah, le Yollah est une des autres danses traditionnelles populaires du pays. D’origine militaire, elle commémore la victoire et s’exécute en deux ou quatre rangées de danseurs se faisant face, équipés de bâtons, épées ou fusils. Dans le même esprit guerrier, la harbiyah (venant du mort arabe « harb » signifiant « guerre ») se danse elle aussi en deux lignes d’hommes qui se font face dans une confrontation mise en scène. Autre danse populaire dans le pays, le haban tire quant à elle son nom de l'instrument qui donne le tempo et la mélodie, sorte de cornemuse en peau de chèvre. L'exécution de cette danse complexe voit des groupes de danseurs et danseuses se déplacer sur un rythme régulier de deux pas, d'avant en arrière, tandis que les musiciens jouent entre les rangées. Cette danse traditionnelle est particulièrement populaire durant les mariages à Dubaï.
Beaucoup plus saisissante, plus rare également, la danse des cheveux Al‐Na’ashat est l’apanage de très jeunes filles aux longues pointes de jais. Vêtues de soieries colorées, les danseuses balancent leur tête de droite à gauche dans un mouvement éclatant. Expression de célébration bédouine, cette pratique traditionnelle et sensuelle illustre les influences très diverses auxquelles furent soumis les nomades, loin des rigueurs mahométanes de la région.
Autrement, on trouve dans les pratiques musicales traditionnelles émiraties nombre d’influences des voisins, de la région ou des différentes vagues d’immigration qui ont traversé le pays. On entend par exemple (dans les restaurants iraniens) du bandari, musique envoûtante originaire du sud de l’Iran, dérivée du mot persan bandar qui signifie « port » et qui se joue avec le habban.
En général, la plupart des instruments traditionnels que l’on croise à Dubaï et dans le pays sont peu ou prou les mêmes – mais souvent nommés différemment – que ceux utilisés dans le reste du golfe Persique. C’est le cas de l’oud, l’un des principaux instruments arabes, assez proche d’une mandoline ou plus rarement, de percussions telles que le manior, une ceinture en coton ornée de sabots de chèvre produisant des cliquetis au gré des mouvements du danseur ou encore le taba, un tambour dont les tailles et formes varient. Tous ces instruments sont faits dans des matériaux locaux et disponibles sur place, tels que les peaux de bête, sabots, ossements, bois, etc.
Afin d’encourager la préservation et la transmission de son patrimoine, le ministère de la Culture émirati encourage le travail du National Folk Arts Group, sorte de troupe folklorique se produisant dans tout l'Émirat et à l’étranger et passeur du patrimoine musical, poétique et chorégraphique de la région. Une manière pour ce dernier de résister à la modernisation échevelée de la péninsule.
La musique populaire
Étant donnée la popularité de la musique traditionnelle dans le pays, le genre compte quelques stars. Parmi les plus suivies, on trouve en tête Mehad Hamad, apprécié pour ses chansons sur le désert et ses textes patriotiques, Tariq Al Menhali, interprète incontournable du patrimoine musical local et compositeur officiel du prince héritier de Dubaï (tout de même !), Eida Al Menhali, connu pour sa poésie a cappella baptisée Al Shallat ou Hussain Al Jassmi, un des chanteurs émiratis les plus connus dans le monde. Plus pop, Ahlam est adorée des Émiratis, surtout depuis qu’elle intervient en tant que juge pour des émissions telles qu’Arab Idol. Autre voix féminine importante actuellement, Balqees Fathi est devenue une idole de la jeunesse grâce ses productions très suaves et très pop.
Tous jouent – ou ont joué – du khaliji, une musique contemporaine très écoutée dans le Golfe persique et même le monde arabe. Ce trait d’union entre musique traditionnelle et pop est riche en oud et violon et mélange beaucoup d’éléments de musiques africaine, indienne, iranienne et locale (dont le liwa). Toujours populaire, le khaliji est modernisé par les jeunes générations, comme Shamma Hamdan – chanteuse célèbre pour avoir été la première femme émiratie à être finaliste dans une saison d’Arabs’ Got Talent – qui propose une version plutôt R&B ou encore Fayez Al Saeed, dont le plus grand fan n’est autre que Cheikh Hamdan bin Mohammed, prince héritier de Dubaï. Côté scène, une des plus impressionnantes du pays est sans nul doute la Coca Cola Arena, énorme scène située à City Walk où passent les stars internationales de la musique ainsi que de grands évènements sportifs.
La musique classique
Si, un temps, la musique classique (sous son acception occidentale) servait essentiellement de tapisserie sonore luxueuse, le genre est désormais pris très au sérieux dans le pays depuis la création du Festival de musique classique, à Abu Dhabi en 2010, qui attire des orchestres venus du monde entier et se déroule sur plusieurs mois dans la capitale ainsi qu’à Al Aïn. Scène emblématique de la ville, l’Opéra de Dubaï est un théâtre lyrique à sa mesure qui accueille quelques opéras chaque année, mais donne finalement assez peu de représentations de classique. Installé aux pieds du Burj Khalifa, plus haute tour du monde culminant à 828 mètres, l’édifice se distingue par son architecture (pensée par Janus Rostock) s’inspirant du boutre, embarcation de bois emblématique du pays. Depuis son inauguration fin août 2016 (avec Placido Domingo en maître de cérémonie) l’Opéra de Dubaï cultive les affiches prestigieuses (le légendaire ténor José Carreras était la star de la première saison), conviant aussi beaucoup de chanteurs du Levant.
Plus modeste en termes de taille (540 places) et d’ambition, citons tout de même le Dubai Community Theatre & Arts Centre, centre culturel le plus complet (musique classique, danse, opéra, variété, spectacles pour enfants) et le plus dynamique de la ville. Mentionnons deux figues locales à connaître absolument : Ihab Darwish, compositeur symphonique émirati très présent dans la péninsule ainsi qu’Hoda Ibrahim al-Khamis Kanoo, Syro-Saoudienne vedette de la scène arty et notamment instigatrice du festival de musique classique d’Abu Dhabi.