Découvrez les Émirats arabes unis : Religions

Si l’immense majorité des habitants est musulmane, la pratique d’autres religions est tolérée et la liberté de culte est respectée, mais sans prosélytisme, c’est-à-dire ni œuvres caritatives ni évangélisation ne sont autorisées. Dans la vie quotidienne, l’islam est présent : appel à la prière, semaine de travail établie du dimanche au jeudi... mais les Émirats ont aussi adopté d’autres fêtes : Dilawi, Halloween, Nouvel An chinois, Noël et la Saint Sylvestre. Dans la lignée de ce multiculturalisme assumé, le Premier ministre crée en 2016 un ministère de la Tolérance. L’année suivante, il fonde l’Institut international de la tolérance, et en 2019 pour la première fois, un pape se rend dans un pays du Golfe. Le pays investit beaucoup dans la communication afin de promouvoir l’image d’un État investi dans le dialogue inter-religieux, combattant de l’extrémisme et proposant la version d’un islam modéré et éclairé.

La mosquée Sheikh Zayed à Abu Dhabi © dblight - iStockphoto.com.jpg

L’islam

La religion officielle est l'islam, d'obédience sunnite suivant les écoles malikite ou hanbalite. De nombreux disciples de cette dernière école sont des Wahhabites. Formée par les descendants des marchands perses, quelques chiites observent leurs règles. Les femmes sont autorisées à travailler, à conduire, et à sortir seules et sans escorte. L'alcool est autorisé dans les hôtels et les clubs privés, sauf à Sharjah, l'émirat dry. Les étrangers peuvent porter tout type de vêtements, à condition de ne pas choquer. Awqaf est l’organisme étatique qui régule toute la vie des mosquées ainsi que leurs messages. L’État décide seul d’octroyer le titre d’iman et oblige les plus jeunes à lire le texte officiel lors du sermon de la grande prière du vendredi. Au fur et à mesure de leur ancienneté, les imans peuvent commencer à écrire leurs propres prêches, mais sous l’œil attentif des autorités. Aucune déviance intégriste n’est tolérée.

Les 5 piliers

Les piliers sont respectés et encouragés par le gouvernement. Le premier est le Shahada ou la profession de foi, elle tient en une seule phrase : « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète ». Le deuxième est la prière rituelle ou Salat. Prononcée 5 fois par jour et uniquement en langue arabe. Le troisième est le Hadj ou le pèlerinage à la Mecque une fois dans sa vie au moins. Le quatrième est le Sawn ou le respect du mois de jeûne du Ramadan. Le calendrier musulman étant lunaire, la période du Ramadan change chaque année. Le cinquième est le Zakat ou l’aumône légale, sorte d’impôt religieux, prélevé aux Émirats par le ministère, que chaque musulman a le devoir de payer au profit des nécessiteux.

Les interdits du Ramadan

La période du jeûne a ses règles, strictes. Pour les Émiriens, pas question d'imposer la pratique ; ils attendent en revanche une grande discrétion de la part des non-musulmans. Ainsi, durant le mois, entre le lever et le coucher du soleil, on ne s'alimentera pas en public (dans la rue, dans la voiture), on ne boira pas, on ne mâchera pas son chewing-gum, on ne fumera pas, on ne mettra pas la dance music à fond sur l'autoradio, on veillera à éviter les habits trop moulants ou trop courts. Les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes très âgées et les malades sont évidemment dispensés. Attention également aux commentaires sur les réseaux sociaux, passibles d'amende selon la gravité de « l'offense ».

Sunnites et chiites, un conflit séculier

Les conflits entre les deux branches principales de l’islam parmi lesquelles le sunnisme est largement majoritaire (85 % de fidèles), ont façonné l’histoire du Moyen-Orient et la situation géopolitique actuelle. En quoi ces deux mouvements se différencient-ils ? Tout commence en 632 à la mort du prophète Mohammed. Ce dernier ne laisse aucune instruction sur la désignation de son successeur. Certains choisiront donc Ali, son gendre et cousin, devenant ainsi des chiites, tandis que ceux qui suivront Abu Bakr, un des compagnons de Mohammed, deviendront sunnites. La première branche repose plus sur l’hérédité et un grand respect porté à la famille du prophète, tandis que la seconde est plus centrée sur la communauté des fidèles, qui peut désigner les imans. Par conséquent, existe chez les chiites un clergé très hiérarchisé qui doit descendre de la famille du prophète. En revanche, chez les sunnites, l’iman est nommé par la communauté et peut même être auto-proclamé dans certains cas. Les chiites croient également que l’iman caché, le douzième successeur d’Ali, reviendra à la fin des temps juger les hommes. Autre différence : la séparation entre le pouvoir religieux et politique existe chez les chiites, mais pas chez les sunnites, à l’image du roi du Maroc. Au-delà de la figure du successeur, d’autres divergences vont apparaître : les sunnites croient que le Coran est d’ordre divin et que, dans une certaine mesure, l’histoire est prédéterminée. Les fidèles s’efforcent donc de reproduire fidèlement tous les faits et gestes du prophète. Les chiites au contraire, pensent que le Coran est une œuvre humaine et se permettent certaines interprétations. Si les deux mouvements partagent les cinq piliers de l’islam, quelques pratiques divergent autour de certains rites comme celui de la prière ; de la même manière, les jours de fête ne sont pas toujours célébrés à la même date.

Les chiites qui ne représentent que 15 % sont cependant majoritaires en Iran, Irak, et de peu au Bahreïn. Le Liban et le Pakistan accueillent des communautés très importantes. Ils comprennent aussi des branches dissidentes comme les Kharidjites très présents chez les Berbères du Maghreb, les Alaouites peu nombreux, mais au pouvoir en Syrie, et les Druzes répartis entre le Liban, le nord d’Israël et la Syrie. Plus que leurs divergences religieuses, ils s’opposent surtout au niveau géopolitique, les chiites reprochant à l’Arabie saoudite d’être vendue aux Américains. Ni l’avènement en 1979 de la République islamiste d’Iran, qui provoquera l’invasion en 1980 par Saddan Hussein de l’Iran avec le soutien de l’Occident et des monarchies du Golfe, ni l’apparition de mouvements fondamentalistes radicaux dans un certain nombre de pays à majorité sunnite n’ont aidé à diminuer les conflits entre les deux branches de l’Islam. C’est une vraie « guerre froide » que se livrent les monarchies du Golfe et l’Iran avec comme toile de fond le décor du conflit syrien et du Yémen.

Les autres religions

Pas de chiffres officiels, mais on estime que les chrétiens sont 1 million, dont 70 % de catholiques, le reste est orthodoxe, protestant et anglican et une quarantaine d’églises furent construites depuis l’indépendance en 1971 pour accueillir les fidèles. A Dubaï, les chiffres sont vertigineux : 80 000 fidèles se pressent aux messes du week-end et jusqu’à 300 000 communiants lors des grandes fêtes. Le pays compte un évêque qui siège à la cathédrale d’Abu Dhabi, et en tout 8 églises catholiques sont réparties sur l’ensemble du pays. C’est une église de pauvres, car la vaste majorité des fidèles sont des Philippines, d’Inde, du Pakistan et du Moyen-Orient. L’hindouisme et le bouddhisme sont aussi présents avec leurs propres temples et il existe même un crematorium hindouiste pour incinérer les morts alors que cette pratique est interdite en islam. Une synagogue existe même à Dubaï.

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