Parc national de Cuc Phuong © hecke71 - stock.adobe.com.jpg

La menace du réchauffement climatique

Le Viêt Nam fait partie des pays les plus touchés au monde par le réchauffement climatique. L’ONU le classe même parmi les 10 pays ayant subi le plus de tempêtes depuis le début du millénaire. Ces typhons et tempêtes sont contrastés par des périodes prolongées de sécheresse. En proie à des températures toujours plus hautes, il n’en finit pas de battre ses propres records. Le 6 mai 2023, une station météorologique de la province de Thanh Hoa, au nord du pays, a ainsi enregistré la plus haute température jamais connue dans le pays : 44,1 °C. En raison de son long littoral, le pays est pourtant particulièrement en proie à la montée des eaux. On estime ainsi qu’une élévation du niveau de la mer d’un mètre engloutirait 5 % de la superficie du pays, touchant plus de 10 % de la population.

 

La réponse du pays est très contrastée. D’un côté, il a pris de nombreux engagements en faveur du climat. Lors de la COP26, qui a eu lieu en 2021 à Glasgow, le Viêt Nam s’est ainsi fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il cherche également à réduire ses émissions de CO2 de 9 % d’ici à 2030 par rapport au scénario normal. De l’autre côté, derrière ces promesses, les actions semblent manquer, et les émissions restent en hausse. Dans le même temps, le pays a fait emprisonner plusieurs militants climatiques, les accusant de divers délits, comme l’évasion fiscale. Cette situation est largement condamnée par les ONG de défense des droits de l’Homme. Enfin, la pollution de l’air au Viêt Nam reste très élevée dans la plupart des grandes villes, dont Hanoi.

Une vague de plastique

Avec près de 30 000 tonnes de déchets plastiques finissant dans la mer, le Viêt Nam est le 8e pays au monde rejetant le plus de plastique dans les océans. Au printemps 2023, le département d’administration de la baie d’Along a publié les chiffres sur la quantité de déchets repêchés dans ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Ces statistiques ont de quoi faire tourner la tête : en trois mois seulement, on y aura ramassé 10 000 t de déchets, soit l’équivalent de 4 piscines olympiques.

Faute de moyens, et de conscience écologique ancrée parmi la population, les rejets des déchets dans les rivières, les zones littorales ou dans des décharges sauvages où ils sont en proie au vent, est un problème d’actualité. Ce phénomène est accentué par la croissance rapide de la population (qui a doublé, de 50 à près de 100 millions depuis les années 1980), et la transition du communisme vers le capitalisme. Le Viêt Nam s’est fixé pour objectif de réduire de trois-quarts la quantité de déchets plastiques rejetés dans les océans d’ici 2030, un objectif qui semble, encore une fois, ambitieux, pour un pays qui n’est pas encore sevré des plastiques à usage unique.

Cinquante ans après : les ravages de la guerre

Cinquante ans plus tard, la guerre continue de faire des dégâts sur la biodiversité et la santé de la population. Les États-Unis ont en effet utilisé abondamment l’agent orange, un puissant herbicide, comme une arme de guerre, dans le but de venir à bout de l’épaisse jungle dans laquelle se cachaient les Vietnamiens. Plus de 3 millions d’hectares de forêts ont été rasés de la carte de cette manière. Le phénomène fut si grave, qu’il est à l’origine du terme « écocide ». Aujourd’hui encore, la diversité animale et végétale dans les zones qui ont été aspergées est largement amoindrie, par rapport à celles épargnées. On estime que des milliers de Vietnamiens souffrent encore aujourd’hui de problèmes de santé (cancers, malformations, maladies cardiaques ou respiratoires…) liés à cette pluie chimique. Malgré des procès qui ont eu lieu aux États-Unis et en France, seuls les vétérans américains ont réussi à être indemnisés par la justice au nom des dommages causés par l’agent orange. Les États-Unis bénéficient en effet d’une indemnité liée au temps de guerre, tandis que les entreprises qui ont produit l’herbicide, ont été considérées par les tribunaux comme irresponsables, car appliquant une décision du gouvernement souverain.

L’agent orange a activement participé à l’important phénomène de déforestation qui fait rage au Viêt Nam. Cela ne s’est toutefois pas arrêté là. À l’herbicide, s’ajoutent des pratiques d’agriculture par brûlis, la coupe de bois de chauffe par la population, ou le commerce de bois tropical. La déforestation a de nombreuses conséquences, comme l’érosion des sols, causant une importante perte de biodiversité et des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes, comme les glissements de terrain ou la désertification des sols. Depuis quelques années cependant, la déforestation connaît un réel ralentissement. En 2020, l’ancien Premier ministre Nguyen Xuan Phuc, en réponse aux nombreuses catastrophes naturelles connues dans le pays, a également lancé un projet colossal de plantation d’un milliard d’arbres, d’ici 2025.

Une plateforme mondiale du trafic d’animaux

En novembre 2016, l’ONG Wildlife Justice Commission a publié un rapport mettant un coup de projecteur dont le village de Nhi Khe, en périphérie d’Hanoï se serait bien passé. Dans le rapport, on découvre que le village s’est fait la plaque tournante internationale du trafic illégal d’animaux. D’après l’association, la valeur totale du lot présent dans le village, comprenant notamment des cornes de rhinocéros, des défenses d’éléphant, des pangolins ou des ours vivants serait évaluée à 53 millions d’euros. La majeure partie des animaux serait destinée au marché chinois. Si ces affaires sont bel et bien illégales au Viêt Nam, les condamnations restent rares. Ainsi, entre 2018 et 2023, 60 T d’ivoire, d’écailles de pangolin et de cornes de rhinocéros ont été saisies dans les ports vietnamiens, mais n’ont donné lieu à aucune poursuite en justice ou arrestation. Début 2023 toutefois, une rare condamnation a fait la joie des ONG internationales. Un trafiquant qui a transporté 10 T de produits animaux vers le Viêt Nam entre 2021 et 2022, a été condamné à 13 ans de détention.

Les parcs nationaux

Le nord du Viêt Nam compte des parcs parmi les plus emblématiques du pays. Le parc naturel de Cuc Phuong est ainsi le plus ancien du pays. Au cœur de ses vallées et ses forêts tropicales verdoyantes, se cache une biodiversité exceptionnelle, et est ainsi le théâtre de trois programmes de conservation protégeant le singe Langur de Delacour, la Tortue feuille d’Annam et le pangolin.

Plus à l’est, sur le parc national de Cat Bà, situé sur la plus grande île de la baie d’Along, la rencontre des milieux terrestres et aquatiques permet au parc de s’illustrer en des paysages magnifiques, constitués de forêt tropicale, mangroves, et d’importants reliefs.

Le parc national de Tam Dao est lui aussi ponctué de sommets, dont le plus haut s’élève à 1 591 m d’altitude. Particulièrement sauvage, il est principalement couvert d’un épais tapis de forêt tropicale. Elle compte des espèces rares, comme l’Amphiesma angeli, un serpent endémique du nord du Viêt Nam.