C'est en arpentant les chemins de ronde qui jadis protégeaient les villages côtiers des incursions pirates que l'on prend la mesure de la beauté naturelle de la province géronaise, dentelée de criques sauvages et de calanques azurées. Un territoire coincé entre mer et montagne que les siècles n'ont pas su dompter et qui donna son nom à la Costa Brava ou la " Côte sauvage ". Si ses atouts naturels ne sont plus un secret, sa myriade d'attraits culturels, parfois oubliés ou troqués pour les réjouissances du " sol y playa ", a tout pour surprendre. Direction la Costa Brava et les Pyrénées de Gérone, condensé de Catalogne à l'identité forte, à l'histoire florissante et aux traditions bien vivantes. 

 

De villages de charme...

Rattachée à la province de Gérone, la comarque de l'Empordà possède l'atout indéniable d'être une terre de passage, bordée par la France, les Pyrénées et la mer Méditerranée. Pour découvrir l'étonnant patrimoine médiéval qu'elle recèle, il faut s'enfoncer dans les terres et battre la campagne vers ses petits bourgs de pierre qui, pour certains, comptent parmi les plus pittoresques de Catalogne. Cap sur le Baix Empordà et ses villages endormis. Au coeur de la comarque, citons Monells, une bourgade au charme ancien et intemporel distillé par ses vieilles pierres. Sur la plaça Major, qui fut le théâtre de la comédie Ocho apellidos catalanes en 2015, se déployait autrefois l'un des marchés les plus importants de la région. À quelques encablures, le village d'Ullastret, ancienne capitale du peuple des Indikètes, conserve quant à lui les vestiges du plus vaste peuplement ibérique de la péninsule. Mais il faut aussi évoquer ses coquettes ruelles médiévales, empierrées et silencieuses, où sommeillent quelques chats endormis sous le soleil... Plus au sud, Peratallada - qui signifie " pierre taillée " - est un autre bijou médiéval avec son tracé irrégulier, son majestueux château-forteresse et sa plaça de les Voltes bordée d'arcs en pierre. La nuit tombée, les lumières artificielles enveloppent de magie ce tableau photogénique. Mais si l'on ne devait en citer qu'un, ce serait sans doute Pals, quintessence des beautés médiévales de l'Empordà. Ruelles hors du temps, tour de pierre, enceinte gothique et bâtisses nobiliaires constituent son ensemble architectural aussi miraculeusement conservé qu'il est envoûtant. Et si d'aventure on a choisi de sillonner la région à l'arrivée des beaux jours, on aura la chance de baigner dans l'effervescence culturelle du festival ÍTACA, programmé de mai à juillet. Théâtre, danse, musique et conférences s'immiscent pour l'occasion dans une douzaine de localités du Baix Empordà, animant quelques-uns des plus beaux sites du coin, à l'instar du vieux centre de Pals, du Musée du château de Gala Dalí à Púbol ou encore du village ibérique d'Ullastret.

 

... en splendeurs médiévales

Au creux de la baie de Roses, c'est à Castelló d'Empúries que nous ferons nos premiers pas dans l'Alt Empordà. De passage dans l'ancienne capitale du comté d'Ampurias - elle le fut du XIe au XIVe siècle -, on fera d'emblée connaissance avec sa belle église gothique dédiée à Santa Maria, surnommée" la cathédrale de l'Empordà " pour ses dimensions remarquables, avant de visiter le dédale de son quartier juif, le couvent de Sant Agustí, le palais ou la splendide Llotja de Mar. Tous les ans en septembre, chevaliers, courtisanes, ménestrels et artisans envahissent la vieille ville pour donner vie à la " Terra de Trobadors " l'un des festivals médiévaux les plus anciens de Catalogne. Une véritable ode à l'époque médiévale enfiévrée par les musiques et les danses d'un autre temps. On visitera aussi les vestiges de la cité gréco-romaine d'Empúries, avant ou après le Museu d'Arqueologia de Catalunya-Empúries, sans manquer de faire escale au Parc naturel des Aiguamolls de l'Empordà où des centaines d'oiseaux offrent aux observateurs silencieux le spectacle de leurs envolées sauvages. C'est à environ 25 km de là, dominant la mer et la figure découpée du Cap de Creus, que fut élevé l'imposant monastère bénédictin de Sant Pere de Rodes. Bel exemple du roman catalan, il devint le centre spirituel du comté d'Empúries entre le XIe et le XIVe siècle. Du haut de ce site extraordinaire, comme façonnés par des forces divines, l'église aux influences préromanes, les chapiteaux finement historiés du cloître ou le magnifique portail sculpté sont quelques témoignages fascinants du rayonnement artistique catalan durant le Moyen Âge. Plus bas, criques et recoins sauvages se couvrent d'une intense palette de couleurs à l'heure où le soleil se couche...

 

Le Musée d'Or, miroir de l'histoire

Retour vers l'arrière-pays géronais. Sis dans l'ancienne forteresse de Sant Julià de Ramis, le DOR Museum - ouvert en 2018 - offre aux curieux son lot de magie : sur le site de la montagne de Sants Metges, son environnement vert immédiat à la vue aussi éloquente que stratégique procure déjà un agréable sentiment de sérénité. L'imposante masse à l'architecture mêlée, fondue avec brio dans les denses forêts de chênes, déroule sur trois niveaux près de 6 000 mètres carrés d'espaces d'exposition qui entendent sublimer et valoriser le travail des artisans catalans. Bijouterie, gemmologie, métaux précieux, mais aussi oeuvres d'art contemporain sont au coeur d'une visite interactive. Et pour une expérience complète, les amateurs de bonne chère pourront faire ripaille au sein du DOR Museum Restaurant en se délectant d'une cuisine locale orchestrée par Jordi Cruz Mas dont le talent fut récompensé, en 2017, par l'obtention d'une troisième étoile Michelin. L'esprit apaisé, une embardée dans la comarque du Gironès nous mènera ensuite sur les traces de ces hommes et de ces femmes qui scellèrent leur destin à l'histoire régionale.

 

Des espaces de mémoire

En février 1939, des centaines de milliers de réfugiés espagnols fuyant l'Espagne franquiste franchissent la frontière franco-espagnole. À La Jonquera - l'un des sites de passage frontalier les plus importants d'Espagne - le Musée Mémorial de l'Exil (MUME) revient sur l'histoire de La Retirada. L'exode des Républicains vers la France fut en effet l'un des mouvements migratoires transfrontaliers les plus notables de notre histoire. Installé dans un ancien théâtre, le MUME évoque avec une grande force didactique notre devoir de mémoire, photographies et documents d'époque à l'appui. Le service éducatif du musée propose plusieurs visites guidées et itinéraires passionnants à travers les espaces de mémoire de l'exil. Certains mènent le visiteur au-delà de la frontière, jusqu'au camp de concentration français d'Argelès-sur-Mer ou encore à Collioure où le célèbre poète Antonio Machado succomba aux terribles conditions de son exil. Plus au nord encore, le village de Portbou, pris en étau entre les massifs pyrénéens et le bleu de la mer, raconte à son tour l'histoire de Walter Benjamin.

Tel un rituel de passage, on se rendra d'abord sur le site du mémorial créé par l'artiste israélien Dani Karavan en hommage au célèbre écrivain. Car Passages, nom de l'oeuvre composée de trois " passages " qui s'ouvrent comme autant de fenêtres sur la Méditerranée, fait aussi référence au Livre des Passages, ouvrage inachevé que Walter Benjamin débuta en 1927. Sur les pas du philosophe juif allemand fuyant le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, la " Ruta Walter Benjamin " suit en outre le tracé du dernier voyage de l'érudit, de Banyuls-sur-Mer à Portbou, où il mit fin à ses jours par crainte d'être livré à la France de Vichy. En chemin, les 15 kilomètres du sentier ponctué de belvédères offrent une belle marche balisée que jalonne une végétation typiquement méditerranéenne balayée par le vent de la Tramontane. Une virée à travers champs qui nous rappelle qu'histoire et environnement naturel demeurent indissociables.

 

Infos futées

 

Quand ? La Costa Brava et les Pyrénées de Gérone jouissent d'un climat méditerranéen. On pourra donc visiter la région tout au long de l'année et profiter des nombreuses festivités et autres événements culturels. Et si des températures plus fraîches en hiver sont à prévoir dans les régions montagneuses, le soleil ne s'y absente jamais pour très longtemps. Le printemps et l'automne restent les saisons les plus agréables si l'on souhaite allier visites culturelles et nature.

 

S'y rendre. En avion, liaisons quotidiennes entre la France et Barcelone. On pourra ensuite facilement gagner la Costa Brava et les Pyrénées de Gérone par la route. En haute saison, liaisons directes assurées vers l'aéroport de Gérone par la compagnie Ryanair. On comptera 5h45 pour un Paris-Gérone en TGV, 6h20 pour un Paris-Barcelone. Pour le bus, plus long mais plus économique, on se tournera vers la compagnie Eurolines.

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Utile. Pour préparer au mieux son escapade.

PATRONAT DE TOURISME COSTA BRAVA GIRONA - Plus d'informations sur le site

MUSÉE DU BIJOU ET CENTRE D'ART (DOR MUSEUM) - Plus d'informations sur le site

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