Une répartition inégale
La Crète, forte de quelque 633 500 habitants, est l’île la plus peuplée de Grèce (5,5 % de la population totale du pays), d’une densité de population de l’ordre de 74 habitants/km². La capitale, Héraklion, avec une agglomération de plus de 179 000 habitants, est la plus grande ville de l’île, devant Hania et Réthymnon. Elle est également la 6e plus grande ville de Grèce en termes de population, après Athènes, Thessalonique, Le Pirée, Patras et la municipalité de Peristéri se situant au sud de la capitale grecque. La majorité de la population crétoise se concentre sur la côte nord de l’île, le sud étant du fait de son relief montagneux peu peuplé. Ainsi, 45 % de la population de l’île vit en milieu rural. Dans la région d'Héraklion, la population s'élève à plus de 300 000 habitants. C'est la région la plus peuplée de Crète avec une densité de 110 habitants/km2. A l'est, le Lassithi compte moins de 80 000 habitants, la région de Hania à l'ouest affiche 150 000 habitants tandis qu'au centre, la région de Réthymnon totalise plus de 80 000 habitants. Selon les statistiques officielles et le dernier recensement, l’âge moyen est plus élevé dans les villages étant donné que les jeunes préfèrent chercher du travail et un mode de vie plus moderne dans les grandes villes. Il est également à signaler que l’âge médian des femmes en Crète, suivant la tendance générale en Grèce, est supérieur à celui des hommes, de l’ordre de 43,5 % environ.
Les Crétois et leur Préhistoire
Se situant au croisement des routes maritimes - largement ouverte sur la Méditerranée mais également sur les îles de la mer Égée, le Proche-Orient et l’Afrique -, la Crète doit son essor culturel pour beaucoup à son emplacement géographique.
Ses premiers habitants se fixèrent sur l’île dès le Néolithique. Il semble que ces Crétois n’ont jamais pratiqué l’agriculture et c’est une des raisons pour laquelle on pense qu’il s’agit d’un peuple d’une origine différente de celle des anciens Grecs du continent. Les hommes crétois du Néolithique vivent majoritairement en dehors de leurs huttes, faisant paître les troupeaux sauvages ou les bouquetins errants parmi les roches des cimes, pêchant ou sillonnant les mers pour mettre la main sur l’obsidienne à Mélos, ou les vases de pierre en Egypte. Quant aux femmes, elles restent chez elles, surveillant les enfants et remplissant toutes les tâches domestiques.
Toutefois, on ne dispose que de peu d’indices nous révélant les rudes débuts des Crétois sur leur terre, si ce n’est que dans tout le domaine de l’Egée, la civilisation crétoise était la plus précoce et celle qui a disparu le plus tôt. Par contre, la mythologie grecque, sans cesse embellie au cours des âges, laisse échapper quelques indices concernant les mélanges entre différentes légendes venues d’ailleurs : c’est à travers elles et à travers l’alphabet ancien crétois que nous pouvons être certains que sur l’île, d’une manière ou d’une autre, deux peuples ont appris à coexister et à communiquer entre eux et cela de bonne heure : les autochtones – les Etéocrétois- et les Phéniciens.
Emigration et immigration
Les Grecs, du fait de leurs péripéties politiques et de la lente évolution économique du pays, étaient depuis la plus haute Antiquité un peuple qui était amené à migrer afin d’améliorer son niveau de vie. Les mythes grecs débordent de légendes selon lesquelles soit à cause du courroux des dieux, soit à cause de la saga familiale ou dynastique, soit, enfin, à cause d’un coup de foudre, il fallait laisser sa terre maternelle pour toujours ou pour une période plus courte. Et, lorsqu’on revenait au pays, c’était bien parce qu’au fond des trières, on rapportait, au moins, une toison d’or… Au cours des siècles, l’odyssée des Grecs se poursuit vers l’Amérique, l’Australie et l’Allemagne.
Dans l’ensemble du pays, la tendance après les années 1950 était plutôt de s’installer à Athènes afin de pouvoir faire des études supérieures et trouver du travail. La Crète, grâce à ses ressources naturelles importantes, a pu mieux résister par rapport aux autres îles grecques à la désertification de ses villes et campagnes : ses habitants ont moins émigré soit vers l’étranger, soit vers la métropole. Lorsque le choix de l’émigration s’est imposé, il concernait les Crétois dont les terres étaient complètement arides ou qui ne suffisaient pas à leur assurer une vie acceptable.
Vers la fin des années 1980, la Grèce, connaissant une stabilité politique et un certain développement économique comparé à celui de ses voisins des Balkans, devient un pays vers lequel on immigre. La première vague d’immigrés vient principalement d’Albanie, et plus tard de Bulgarie, de Roumanie et de l'ex-URSS. Leur intégration n’a pas été et n’est toujours pas facile. La longue tradition migratoire des Grecs, marquée par le devoir d’hospitalité, a été très souvent bafouée par une hausse de la xénophobie et du racisme. C’est notamment le cas à l’encontre des minorités ethniques arrivées plus récemment : Afghans, Pakistanais et autres minorités musulmanes, souvent en proie aux discriminations raciales parfois alimentées par les journaux d’extrême droite et les journaux à sensation.
Toutefois, contrairement à la Grèce continentale, la Crète a bien mieux intégré ses travailleurs immigrés venant d’Albanie ou des Balkans. Ceux-ci ont trouvé principalement leur place dans l’agriculture, secteur très porteur sur l’île, et dans lequel un nombre décroissant de Crétois souhaite travailler (du moins manuellement). Par ailleurs, un nombre très important de femmes immigrées a trouvé du travail dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, au moins pendant la période touristique. Ces immigrés font déjà largement partie intégrante de la population crétoise, surtout les deuxième et troisième générations. Ce n’est pas le cas des immigrés qui viennent d’Afrique à bord de bateaux qui chavirent au large de la mer de Libye. Leur situation est très vulnérable car la plupart d’entre eux désirent quitter la Crète, et la Grèce en général, afin de joindre les autres pays européens. La demande d’asile étant devenue ces dernières années en Grèce une procédure très lente, la situation pour les Africains qui choisissent de rester sur l’île est précaire, malgré les efforts des associations locales de solidarité et des organismes humanitaires.