Il existe mille et une manières d'aborder l'immense Saint-Laurent, et au moins autant d'angles pour le raconter. Des Grands Lacs jusqu'à l'océan Atlantique, celui que les Autochtones appelait " le chemin qui marche " charrie des millénaires d'histoires et de destins, de conquêtes et de périls, d'aventures et de richesses naturelles... Abreuvé par son cours, le Québec lui doit pratiquement tout, de sa découverte par Jacques Cartier à son développement au fil des siècles. Pour les voyageurs d'aujourd'hui, le Saint-Laurent reste une source intarissable d'expériences et d'émotions.
C'est au Québec que le fleuve Saint-Laurent se gonfle d'orgueil au point de s'imposer comme le plus grand estuaire maritime de la planète. De la région des Grands Lacs où il prend sa source jusqu'à son golfe magistralement offert à l'océan, il parcourt plus de 2 000 km, déployant un bassin hydrographique dépassant le million et demi de kilomètres carrés. Au Québec, ce colosse sur lequel la navigation a toujours été périlleuse est épié par 43 phares et compte d'innombrables archipels, îles et îlots. Outre son rôle essentiel pour la subsistance, le transport et les échanges entre les peuples depuis des temps immémoriaux, le Saint-Laurent est une incroyable corne d'abondance en termes de biodiversité. Les planctons, notamment, y abondent, attirant 13 espèces de grands mammifères marins que l'on peut observer de mai à octobre, dont la mythique baleine bleue, le plus grand animal de la planète. Quelque 150 croisières et traverses permettent de le parcourir, de le franchir d'une rive à l'autre ou encore d'admirer ses fascinants paysages côtiers. De Montréal jusqu'aux Îles de la Madeleine, l'aventure au fil du Saint-Laurent peut prendre une multitude de formes, dont certaines vraiment inattendues...
À Montréal, s'initier au surf de rivière sur le Saint-Laurent !
Montréal, destination de surf ? En effet, plusieurs vagues permanentes situées à quelques mètres de la rive permettent aux surfeurs de dompter le courant du Saint-Laurent et d'exercer leur équilibre debout sur la planche. Depuis 1995, l'équipe de KSF encadre cette pratique aussi insolite que rafraîchissante à Montréal. Pour les débutants, le spot de la vague à Guy est tout indiqué. Idéale pour s'initier, cette vague-école est située le long du boulevard Lasalle, entre les rues Gagné et Raymont, et accessible depuis le parc des Rapides. Le spot appelé " Habitat 67 ", du nom de l'ensemble de logements conçu par l'architecte Moshe Safdie à la Cité-du-Havre pour l'Exposition universelle de Montréal de 1967, s'adresse quant à lui aux niveaux intermédiaires et plus. On le trouve au niveau du 2600 avenue Pierre-Dupuy. Enfin, en amont de ce site, dans les rapides de Lachine, Big Joe est une vague de 2 mètres qui mettra au défi les surfeurs les plus aguerris. En plus de dispenser des cours de surf de rivière et de louer l'équipement, KSF se propose également de vous initier au kayak en eau vive et à la planche à pagaie (SUP). Nul besoin d'aller jusqu'à l'océan pour avoir du fun avec le Saint-Laurent !
Observer les baleines sur les eaux du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent
À Tadoussac, la porte d'entrée de la Côte-Nord, le fleuve a pris des dimensions de mer et il rencontre un autre colosse venu du nord, le fjord du Saguenay. Bienvenue dans l'un des meilleurs spots au monde pour l'observation des baleines ! Le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent protège une immense zone marine réunissant les eaux du fjord et celle de l'estuaire. D'une superficie de 1 245 km2, il est une des plus anciennes aires marines protégées de la planète, conservant des écosystèmes exceptionnels dans lesquels près de 2 200 espèces animales et végétales ont été observées. Ce garde-manger géant pour les mammifères marins, mais aussi pour les oiseaux, se prête à des excursions étourdissantes à fleur d'eau, à bord de bateaux ou de Zodiac, voire en kayak de mer, et toujours dans le plus grand respect de l'environnement. La saison des croisières aux baleines bat son plein de mai à octobre, quand ces grandes migratrices remontent l'estuaire pour faire bombance. Une aventure phénoménale à vivre sur l'eau ou depuis le rivage, sans oublier d'aller en apprendre plus sur les baleines et leur habitat au Centre de découverte du milieu marin, situé aux Escoumins, ainsi qu'au Centre d'interprétation et d'observation de Cap-de-Bon-Désir, deux sites de Parcs Canada qui complètent et éclairent idéalement l'expérience.
Pagayer avec les phoques dans la baie de Gaspé
À la pointe de la Gaspésie, pour être moins célèbre que Tadoussac, la baie de Gaspé regorge elle aussi de merveilles de la nature à découvrir à dos de Saint-Laurent, lequel n'est ici plus un fleuve ni un estuaire, mais bien un immense golfe. Protégé par le parc national Forillon, ce territoire, théâtre à ciel ouvert d'une rencontre grandiose entre les montagnes et la mer, se prête à une multitude d'activités de plein air et de rencontres avec la faune. Les eaux de la baie de Gaspé sont en effet particulièrement prisées des mammifères marins comme les baleines et les phoques. C'est sur ce terrain que joue la compagnie Cap Aventure pour des excursions courtes et des expéditions de plusieurs jours en kayak de mer et des safaris-baleines à bord d'un petit zodiac. Expérimentés et passionnés, les guides de Cap Aventure encadrent notamment une randonnée en kayak de mer qui se déroule au coucher du soleil tout l'été. Cette escapade de 3 heures a la particularité de longer une impressionnante échouerie de phoques gris et communs, des animaux qui se montrent aussi curieux que les randonneurs-pagayeurs, quand ils ne se prélassent pas sur un rocher. Côtes, ciel, eau, mammifères marins : on est tout simplement cerné de magie pure alors que le soleil embrase le Saint-Laurent.
Texte : David Lang