Cette terre sauvage et primitive est la plus grande plaine de Provence. La sauvagerie de ce delta rhodanien, battu par le mistral, provient de la lutte fougueuse et incessante entre le fleuve, la mer et la terre. Au fil des siècles, la Méditerranée et le Rhône ont pris leurs quartiers sur les terres. Mais la Camargue est " revancharde " : elle avance de dix à cinquante mètres par an. Ce petit jeu entre terre et eau condamne les hommes et les bêtes à vivre sur des surfaces mi-terrestres, mi-maritimes. En revanche, il ouvre un grand espace de liberté où taureaux noirs, chevaux blancs et flamants roses enchantent l'oeil.
Un grand tableau à ciel ouvert
Terre de contrastes, baignée d'une lumière à nulle autre pareille, la Camargue ne peut que séduire par son environnement encore très naturel et les hommes qui l'habitent. Les gardians, à l'allure altière, munis d'une sorte de trident de fer avec lequel ils se font obéir du taureau, parcourent les marais à cheval - tout comme leurs ancêtres - pour surveiller les troupeaux. Veste de velours noir doublé de rouge, pantalon en peau de taupe très souvent de couleur gris-bleu, marron, beige et parfois noire, chemise à base de dessins provençaux de toutes les couleurs, tel est le costume du gardian, sans oublier le chapeau noir en feutre mou.
La Camargue, très ancrée dans la tradition, présente des paysages en perpétuel mouvement. Marais saumâtres, dunes sauvages, hautes terres devenues fertiles grâce à la pugnacité des hommes, cette palette de paysages compose une région unique en France ; à cela s'ajoute un concentré de vie avec des milliers d'oiseaux, des manades de taureaux et chevaux dispersées au milieu de cette nature souvent indomptable. Cette riche mosaïque a donné naissance au parc naturel régional de Camargue. Il protège ce site exceptionnel de toutes les nuisances, qu'elles soient d'origine industrielle, touristique ou immobilière. Son territoire recouvre les Saintes-Maries-de-la-Mer et la partie du delta de la commune d'Arles, soit 86 300 hectares... Au coeur de ces grandes étendues ont été aménagés un centre d'observation, un musée de la Camargue, des sentiers avec observatoires, des parcours à découvrir à pied, en calèche ou à cheval.
Des bêtes à l'état sauvage
Si pour le Camarguais l'espace est son royaume, le taureau est son dieu. Toute noire sur le bleu du ciel, sa silhouette massive apparaît presque au détour de chaque chemin. Et il est fier, l'animal, car il appartient à la seule race européenne capable de vivre en totale liberté sur des pâturages d'eau saumâtre. La mère vêle seule, en pleine nature, et élève son veau quasiment sans intervention humaine. En dehors du marquage au fer et du regroupement du troupeau pour la vente, le seul contact avec l'homme se résume à la surveillance sanitaire et, éventuellement, à un complément alimentaire. Sans oublier néanmoins les fêtes taurines : il y joue non seulement le rôle d'acteur principal, mais il en devient souvent le héros...
Le taureau cohabite parfaitement avec le cheval qui partage ses pâturages. Le cheval camarguais, aussi blanc que le taureau est noir, est l'autre animal fétiche et symbolique de ce pays. Traditionnellement monté par les gardians, il est leur fidèle allié et le seul moyen de locomotion pour parcourir les terres marécageuses. Entre l'homme et lui, la Camargue a tissé une véritable histoire d'amour. Depuis l'Antiquité, il a toujours été protégé par le Camarguais lui-même. Ce dernier cédait bien quelques étalons et juments à la remonte, mais il gardait, dans un coin de ses Paluns, un animal vivant à l'état semi-sauvage. Comme le taureau, le cheval est un acteur de toutes les fêtes... Il a même été immortalisé dans un livre et un film culte, Crin blanc.
Les oiseaux sont des hôtes particuliers de la Camargue. Parmi eux, au milieu des roseaux, le flamant rose se dresse majestueusement sur ses grandes pattes qui semblent aussi fragiles qu'une baguette de verre. La curiosité de sa morphologie et sa couleur extravagante ne cessent d'étonner. Pour cet oiseau qui vit dans les eaux saumâtres, la Camargue est un bastion. Cet oiseau, très sociable, vit en bande. Il niche en colonie composée de milliers d'individus où règne un véritable brouhaha. Quant à la parade amoureuse du flamant rose, c'est un très joli spectacle : le mâle et la femelle enlacent langoureusement leurs cous et ne forment plus qu'un... En juin, on observe à la jumelle leur nidification sur l'étang du Fangassier, après la digue de mer. Le soir venu, on assiste à un superbe ballet où s'entrecroisent mâles et femelles qui, tour à tour, prennent la relève auprès des petits tandis que l'autre part à la pêche...
En Camargue, la diversité des habitats - marais, étangs, roselières, pelouses, sansouïres, roubines, etc. - favorise la présence d'un grand nombre d'espèces d'oiseaux, sédentaires ou migrateurs. En septembre, les " transsahariens " arrivent de l'Europe du Nord et de l'Est. Les hérons pourprés, les hirondelles, les guêpiers et les limicoles font une simple pause et préparent leur voyage vers l'Afrique.
Un sanctuaires des traditions gitanes
Autre lieu emblématique de la Camargue : Saintes-Maries-de-la-Mer. L'église-forteresse, un petit joyau de l'art roman, abrite entre autres la statue de Sara, une vierge noire, sainte patronne des gitans. La légende raconte qu'après la mort du Christ, Marie-Jacobé (la soeur de la Sainte Vierge), Marie-Salomé (la mère des apôtres Jean et Jacques) et leur servante Sara, chassées de Palestine, accostèrent en Camargue sur une barque de fortune. La ville vit au rythme de trois pèlerinages, mais le plus important reste celui du mois de mai. Pour les gitans venus de toute l'Europe, c'est une grande fête de trois jours, marquée par la foi et les retrouvailles familiales. La célébration, unique en son genre, est rythmée par les prières, les chants, les danses et le son des guitares. Les reliques de la sainte, escortée par des gardians et de belles Arlésiennes, sont portées par quatre gitans jusqu'à la mer où elles reçoivent la bénédiction. Sur son passage, les mains se tendent pour toucher ses magnifiques manteaux dorés et brodés afin de se mettre sous sa protection. Le lendemain, c'est au tour des saintes Marie-Jacobé et Marie-Salomé d'être conduites à la mer pour symboliser leur arrivée en Camargue. Les autres pèlerinages se déroulent en octobre et à Noël. Toutes ces cérémonies restent les gardiennes de la tradition gitane et attirent de très nombreux touristes. Qui se délectent d'un tableau camarguais inoubliable.
Infos futées
Quand ? Il faut privilégier les belles journées du printemps, de l'automne et du début de l'hiver.
S'y rendre. En voiture, Paris-Arles : 588 km par l'A 7. En avion, direction Marseille ou Montpellier et en train, s'arrêter en gare d'Arles.
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Utile. Pour préparer au mieux son escapade.
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OFFICE DE TOURISME D'ARLES - Plus d'informations sur le site
OFFICE DE TOURISME DES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER - Plus d'informations sur le site