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Un peu d’histoire

Ce n’est peut-être pas un hasard si l’industrie automobile a connu un essor important précisément ici, dans cette région née le long d’une antique voie de communication romaine, la Via Emilia, qui lui a d’ailleurs légué son nom. Cet axe rectiligne, ouvert en 187 av. J.-C. par le consul Marcus Aemilius Lepidus, traversait la plaine padane et permettait de relier rapidement Piacenza à Rimini. Son tracé correspond à l’actuelle SS9 qui met en communication la plupart des villes de la région et est constellée d’industries du secteur automobile.

La genèse de l’industrie automobile en Emilie-Romagne doit être recherchée dans la vocation agricole de cette terre constituée majoritairement de vastes plaines fertiles et de zones de basses collines. La fin du XIXe siècle est marquée par les innovations dans le secteur automobile, et les agriculteurs d’Emilie-Romagne, intéressés par ses applications aux machines agricoles, se muent progressivement en d’habiles mécaniciens. C’est le début d’une tradition qui va se perpétuer durant tout le siècle suivant et donner naissance à de grandes maisons qui s’illustreront dans le monde automobile.

Ferrari

« Je pense que la victoire la plus importante est celle qui reste à venir ». Cette célèbre phrase d’Enzo Ferrari résume bien son état d’esprit.

Né à Modène en 1898, Enzo Ferrari est fasciné dès son plus jeune âge par les automobiles. Son père, propriétaire d’un petit atelier mécanique, l’emmène à Bologne assister à une épreuve de la Coppa Florio, une compétition automobile italienne. Enzo n’a alors que dix ans, mais cette expérience le marque durablement et, après la Première Guerre mondiale, il entame une carrière de pilote de course pour Alfa Romeo. En 1929, il fonde la Scuderia Ferrari, société sportive, filiale du constructeur, qui fait courir des pilotes au volant d’Alfa Romeo ; lui-même se retire de la compétition en 1931 et se réoriente progressivement vers l’activité de constructeur. Enzo se passionne pour la mécanique, il considère que “les moteurs ont une âme” et cherche constamment l’innovation. La rupture avec Alfa Romeo a lieu en 1939 : Enzo Ferrari ne supporte plus d’être bridé dans son travail et il fonde son propre atelier. Mais il doit attendre l’après-guerre pour pouvoir projeter sa première voiture : en 1947 est présentée la Ferrari 125 S. La première victoire en Formule 1 survient, quant à elle, en 1951, et fait entrer Ferrari dans la compétition internationale où la scuderia (l’écurie) remportera d’innombrables succès, avec des pilotes de prestige tels qu’Alain Prost, Gilles Villeneuve et, bien sûr, Michael Schumacher.

La société s’adjoint les services de grands carrossiers modénois (Scaglietti, Fantuzzi) et de designers (Gioachino Colombo, Sergio Pininfarina) pour la création de véhicules aux lignes élégantes et aérodynamiques, affublés du cavallino rampante, le célèbre emblème du cheval noir cabré sur fond jaune. Mais, au fait, d’où vient ce logo? Le cheval noir figurait sur les armoiries des Baracca, une famille aristocratique de la région de Ravenne. Francesco Baracca, membre de cette lignée, l’avait peint sur la carlingue de son avion. Ce héros de guerre, tombé au combat en 1918, avait été l’un des plus grands aviateurs de l’armée italienne durant la Première Guerre mondiale. Quelques années plus tard, Enzo Ferrari, qui est alors pilote de course pour Alfa Romeo, fait la connaissance du comte et de la comtesse Baracca, parents de Francesco. La comtesse Paolina Baracca lui fait don du symbole utilisé par son fils afin qu’Enzo l’appose sur ses voitures, affirmant qu’il lui portera chance. Enzo Ferrari l’utilise pour la première fois en 1932 lors des 24h de Spa et remporte la victoire. Il adopte définitivement le cheval noir cabré et opte pour un fond jaune canari, la couleur de sa ville, Modène.

Et c’est justement à Modène qu’il faut se rendre pour découvrir le monde de Ferrari, au MEF - Casa Museo Enzo Ferrari et au Museo Ferrari de Maranello, adjacent à l’usine et siège historique du constructeur automobile depuis 1943. Tout près se trouve le circuit Fiorano, piste d’essais privée de Ferrari, que l’on peut parcourir à bord d’une navette affrétée par le musée de Maranello.

Lamborghini

L’histoire de la célèbre marque au taureau est elle aussi indissociable de celle de son fondateur, Ferruccio Lamborghini, né en 1916 dans la province de Ferrare et décédé en 1993.

Enfant d’agriculteurs, il grandit à la campagne et se passionne rapidement pour la mécanique. Après la Seconde Guerre mondiale, il fonde une société de construction de tracteurs ; dans un pays dévasté par la guerre et en pleine reprise économique, la demande est forte et Lamborghini s’impose sur le marché des machines agricoles.

Ferruccio Lamborghini devient rapidement un homme riche et peut alors assouvir son amour pour les voitures de luxe. Il acquiert des voitures de grandes marques, et notamment des Ferrari, mais ces dernières présentent des problèmes récurrents d’embrayage. Il rencontre alors Enzo Ferrari et lui propose d’améliorer le système, mais ce dernier lui rétorque de retourner s’occuper de ses tracteurs. La riposte de Ferruccio ne se fait pas attendre : puisque le marché ne peut répondre à ses attentes, il décide de se lancer dans la construction automobile. En 1963, il fonde la société Automobili Lamborghini à Sant’Agata Bolognese, distinguée par le logo du taureau, son signe astrologique. Ferruccio apprécie aussi la corrida et la visite d’un ranch près de Séville l’avait fortement impressionné. Les noms de ses modèles de voitures s’inspirent d’ailleurs du milieu de la tauromachie.

L’usine Lamborghini se situe toujours à Sant’Agata Bolognese et les bâtiments abritent le MUDETEC - Museo Lamborghini, qui expose les cylindrées les plus représentatives de la célèbre maison. On peut aussi réserver à l’avance une visite guidée à la fabrique. Pour en savoir plus sur la biographie de son fondateur Ferruccio Lamborghini, c’est à Funo di Argelato que l’on se rendra, au Museo Ferruccio Lamborghini.

Ducati

En 1926 à Bologne, dans la cité du père de la radio Guglielmo Marconi, trois frères, Adriano, Bruno et Marcello Ducati, fondent la Radio Brevetti Ducati, société spécialisée dans la fabrication d’appareils destinés à améliorer les transmissions radio ; Adriano, brillant étudiant en physique, venait de breveter un transmetteur à ondes courtes. La société connaît une croissance rapide et compte un millier d’employés dix ans après sa fondation. Elle diversifie ses activités et fabrique des appareils radiophoniques et photographiques, des calculatrices et des rasoirs.

Après la Seconde Guerre mondiale, pour répondre aux nouveaux besoins de la société en termes de mobilité, les frères Ducati mettent sur le marché le Cucciolo, un petit moteur auxiliaire adaptable à tous types de bicyclettes. Le succès est immédiat et s’étend bien au-delà des frontières italiennes. Un pas supplémentaire est franchi en 1949 avec la création de la Ducati 60, leur première motocyclette. Mais c’est à Fabio Taglioni, engagé en 1954, que l’on doit l’intronisation de Ducati parmi les grandes maisons du secteur motocycliste. L’ingénieur donne à Ducati une orientation sportive : il invente la Ducati Gran Sport Mariana, première moto de course de la firme, qui l’emporte dans plusieurs compétitions. Il est aussi responsable d’innovations mécaniques telles que le moteur à distribution desmodromique qui augmente les performances du bolide et permet à Ducati de rivaliser avec les plus grands dans les courses de motos.

Aujourd’hui, Ducati s’illustre tant par ses motos de route au design soigné, avec des modèles tels que la Monster et la Ducati 916, qu’en compétition (MotoGP, World Superbike, etc.) : en 2007, l’Australien Casey Stoner remporte le titre de champion du monde au guidon de sa Desmosedici. La société a été rachetée en 2012 par le groupe Audi.

A Borgo Panigale, dans la périphérie de Bologne, se trouve le siège historique de l’entreprise : on y découvre le Museo Ducati et on peut réserver à l’avance sa visite guidée à la fabrique adjacente.

Maserati

Autre histoire de famille, celle des sept frères Maserati : fils d’un cheminot féru de mécanique, chacun interviendra de près ou de loin dans l’histoire de la société, fondée par Alfieri Maserati en 1914. L’atelier Maserati se spécialise d’abord dans la compétition automobile et est préparateur sportif pour Isotta-Fraschini. Alfieri, qui est ingénieur mécanicien, participe lui-même à diverses courses en tant que pilote. En 1926, il décide de devenir constructeur automobile ; l’emblème du groupe, un trident (en référence à la statue de Neptune à Bologne), est dessiné par son frère Mario. Mais Maserati perd son homme fort en 1932 : Alfieri décède à l’âge de 44 ans et la société est reprise par ses trois frères Ettore, Ernesto et Bindo, qui ne peuvent résoudre d’importantes difficultés financières malgré les succès commerciaux et sportifs de l’entreprise. Ils sont contraints de céder leurs actions aux Orsi, famille modénoise d’industriels, et Maserati déménage de Bologne à Modène. Puis la société passe de main en main : reprise par Citroën, Chrysler, Ferrari, elle constitue aujourd’hui une filiale du groupe Fiat-Chrysler.

Maserati ouvre les portes de son showroom et de son usine de Modène sur réservation (infos et réservation : factorytour@maserati.com). Toujours près de Modène, la collection privée Umberto Panini présente une vingtaine de modèles anciens, parmi les plus représentatifs de la production de Maserati.

Au cœur de la Motor Valley

A côté des musées consacrés aux plus grandes maisons de la Terre des Moteurs, on vous conseille fortement la visite de l’une des fabriques : impossible de rester insensible devant le spectacle des lignes d’assemblage où mécaniciens et machines s’affairent avec méticulosité, dans une cadence chronométrée, autour de bolides élevés au rang d’œuvres d’art. Une visite qui constitue un moment intense, même pour une personne qui n’est pas adepte des automobiles. Vous pouvez opérer votre choix entre cinq fabriques : Lamborghini, Ducati, Maserati, Pagani et Dallara (seule Ferrari tient à maintenir tous ses secrets de fabrication !). La réservation est obligatoire et il est interdit de filmer ou de prendre des photos.

Les circuits de renommée internationale organisent des activités variées : visite guidée des infrastructures, cours de conduite automobile, course de kart, tour de piste au volant d’une voiture sportive… D’ouest en est, le long de la Motor Valley, on rencontre l’autodrome de Varano, près de Parme, l’autodrome de Modène, le circuit d’Imola et l’autodrome de Misano, non loin de Rimini.

Deux associations peuvent vous aider dans l’organisation de votre périple à la découverte des grands constructeurs automobiles : Motorvalley et Motorsite. Elles sont toutes deux très professionnelles et leurs sites Internet constituent une mine d’informations pour élaborer votre circuit.

L’association Motorvalley (motorvalley.it) œuvre à la valorisation de la Terre des Moteurs. Le site Internet recense toutes les offres touristiques avec la possibilité de réserver en ligne. Il propose également une série d’activités : on peut, par exemple, s’offrir le privilège de parcourir l’autodrome de Modène au volant d’une Ferrari ou d’une Lamborghini ! On y trouve enfin le calendrier complet des événements liés au secteur, tels que la Motor Valley Fest qui a lieu chaque année en mai à Modène.

L’association Motorsite (motorsite.it), en partenariat avec Modenatur, propose des visites, des activités et même des séjours avec hôtel dans la Terre des Moteurs. L’offre est abondante, et vous pouvez aussi les contacter pour organiser votre voyage personnalisé en fonction de vos envies et de votre budget. Le personnel s’avère très réactif et se charge des réservations aux hôtels et aux musées. Notez que l’offre ne se limite pas au secteur automobile et que vous pouvez y combiner la visite chez un producteur de parmesan ou de vinaigre balsamique ! Motorsite a également créé le Motor Valley Passport : à chaque visite d’un site de la Motor Valley, vous recevez un timbre ; l’accumulation de ceux-ci vous donne droit à des réductions et à des gadgets aux couleurs des grandes maisons automobiles. Un carnet de voyage pour les passionnés !