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Sur les îles de Naxos ou d'Andros, il est possible d'observer l'aigle de Bonelli © Jesus Cobaleda- shutterstock.com.jpg
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Un riche écosystème marin

Présente à quelques mètres du rivage des Cyclades depuis l’ère des dinosaures, la posidonie de Méditerranée (Posidonia oceanica) n’est pas une algue, mais une plante à fleurs marine qui est la clé de voûte d’un écosystème unique. Bien moins connue que l’olivier, c’est pourtant l’autre plante emblématique de Méditerranée. Constituée de touffes vertes recouvrant le sable, elle forme de vastes prairies sous-marines. Ces « herbiers de posidonie » jouent non seulement un rôle déterminant dans la séquestration du carbone (plus important que la forêt amazonienne), mais ils abritent les lieux de ponte de nombreuses espèces de poissons et de crustacés. C’est particulièrement le cas dans le nord des Cyclades, où la posidonie prospère, de Sérifos à Andros, avec, à l’autre bout de la chaîne alimentaire, la présence d’une espèce carnivore particulièrement rare et menacée : le phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus). Avec environ 600 individus répartis entre la Grèce et la Turquie, ce mammifère disparu de Corse dans les années 1970 a principalement trouvé refuge sur les côtes de Sérifos, Syros, Andros et, surtout, sur l’île inhabitée de Gyaros (17 km2). Cette dernière, située au nord de Syros, abrite la plus importante colonie de ces phoques qui peuvent peser jusqu’à 300 kg. Gyaros est aussi la plus vaste des 35 zones classées Natura 2000 dans les Cyclades (26 000 ha).

Très rares dauphins et baleines

Les eaux chaudes de la Méditerranée orientale sont le terrain de jeu des cétacés. Mais si l’on recense 5 espèces de dauphins et 7 espèces de baleines en Grèce, celles-ci boudent les Cyclades. Le dauphin commun (Delphinus delphis) ou le rorqual commun (Balaenoptera physalus) préfèrent les eaux profondes et abondent dans presque tous les autres archipels grecs. Ils se concentrent le long de la « fosse hellénique » : cette faille, la plus profonde de Méditerranée, descend à plus 5 000 m sous le niveau de la mer et relie les îles Ioniennes au Dodécanèse en passant par le sud de la Crète. Toutefois, le cétacé le plus répandu en Grèce, le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba), est parfois présent dans les Cyclades. On a plus de chances de le rencontrer au large, au nord de l’archipel, près des îles Saroniques, et au sud, entre Paros et Amorgos. Pour cela, il faut se placer à l’étrave du bateau, puisqu’il aime jouer avec les vagues (mais redoute les remous à l’arrière des embarcations) et peut accompagner ferrys et voiliers pendant plusieurs minutes.

De la mer à l’assiette

Nous vous indiquons ici les produits de la mer locaux que l’on retrouve le plus souvent au menu des restaurants avec, entre parenthèses, leur nom scientifique ainsi qu’en grec et en anglais. La star des Cyclades est bien sûr le poulpe, pêché dans les criques rocheuses et mis à sécher au soleil devant chaque psarotaverna (« taverne à poisson »). Il s’agit de la pieuvre commune (Octopus vulgaris, chtapodi, octopus), préparée au vinaigre, grillée ou en sauce. Autres céphalopodes prisés : la seiche (Sepiida, soupia, cuttlefish) et le calamar (Doryteuthis, kalamari, squid). Ce dernier est proposé frit en morceaux, entier à la poêle ou farci à la feta. Mais attention, il est souvent surgelé et peut arriver de très loin comme le calamar de Patagonie (Doryteuthis gahi). Côté poissons locaux, le rouget de roche (Mullus surmuletus, koutsomoura, striped red mullet), le rouget de vase (Mullus barbatus, barbouni, red mullet), la rascasse brune (Scorpaena porcus, mavroskorpios, scorpion fish), la dorade royale (Sparus aurata, tsipoura, silver seabream) et le denté (Dentex dentex, sinagrida, red snapper) sont en général servis grillés. Les anchois (Engraulis encrasicolus, gavros, anchovy) sont quant à eux proposés en petite friture. Plus rares sont le thon rouge de Méditerranée (Thunnus thynnus, erythros tonos, bluefin tuna), menacé d’extinction, et l’espadon (Xiphias gladius, xifias, swordfish). On trouve en revanche fréquemment la langouste rouge (Palinurus elephas), dont les noms en grec (astakos) et en anglais (lobster) se confondent avec celui du homard, pourtant quasi inexistant ici.

Surpêche et espèces invasives

Avec 800 000 visiteurs pour 120 000 habitants en 2019 dans les Cyclades, le tourisme pèse lourdement sur l’environnement. C’est particulièrement le cas en mer où les réserves naturelles de poissons ont fortement diminué avec le doublement du nombre de touristes depuis 2010. Résultat, les pêcheurs sont contraints d’aller plus loin pour remplir leurs filets et les restaurants se fournissent de plus en plus à l’extérieur de l’archipel. Des poissons comme le denté et la daurade royale proviennent ainsi aujourd’hui presque exclusivement de fermes d’élevage du Péloponnèse ou de l’Eubée. L’effet inattendu de cette crise est que, depuis 2020, la pisciculture grecque occupe la première place au sein de l’UE et la troisième au niveau mondial. Autant dire que le poisson sauvage des Cyclades est devenu rare et très cher. Autre conséquence : depuis les années 2010, des espèces invasives venues de l’océan Indien par le canal de Suez prolifèrent et menacent l’écosystème du sud de l’archipel comme le poisson-lapin à queue tronquée (Siganus luridus) et la magnifique mais dangereuse rascasse volante (Pterois volitans). Ainsi, à Santorin et à Amorgos, une campagne a été lancée pour encourager la pêche et la consommation de ces espèces invasives.

Garrigue et maquis

Côté terre, la Grèce est la championne européenne de la biodiversité. Rapporté à sa taille, c’est le pays qui compte le plus grand nombre d’espèces végétales : environ 6 600. C’est un peu plus qu’en France métropolitaine, pourtant quatre fois plus grande. À elles seules, les Cyclades concentrent 1 768 espèces végétales, dont 161 sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent que dans l’archipel. Pourtant, avec leur climat semi-aride (cinq mois sans pluie par an), les Cyclades sont surtout dominées par des paysages de garrigue et de maquis agrémentés de lauriers-roses, d’oliviers (domestiques et sauvages) et de figuiers. Le calycotome épineux (Calycotome villosa) aux fleurs jaunes, l’arbre au mastic (Pistacia lentiscus), le chêne des garrigues (Quercus coccifera), qui peut atteindre 9 m de hauteur, et le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea) constituent les buissons du maquis. Dans les zones plus arides, la garrigue se compose de thym à têtes (Thymus capitatus) aux fleurs mauves en été, de genêt à branches épineuses (Genista acanthoclada), typique de la Grèce et du Moyen-Orient (fleurs jaunes), de différents types de ciste (Cistus) et de pimprenelle épineuse (Sarcopoterium spinosum) aux piquants entrelacés et aux petites fleurs rouges (au printemps).

Verdoyantes Andros et Naxos

Les deux plus grandes îles de cet archipel rocailleux font figure d’exception : Naxos et Andros possèdent les paysages les plus verts et les plus variés des Cyclades. Après l’île désertique de Gyaros, ce sont aussi celles qui disposent des plus vastes surfaces classées Natura 2000 : 20 000 ha répartis sur deux zones à Naxos et deux autres zones à Andros totalisant 29 000 ha. Proche de l’Eubée et du continent, et profitant de pluies abondantes, Andros se distingue avec des arbres absents du reste de l’archipel : aulne glutineux (Alnus glutinosa), châtaignier (Castanea sativa), saule blanc (Salix alba) et peuplier blanc (Populus alba). Quant à la plus grande et à la plus montagneuse île, Naxos, elle est la seule à être autosuffisante en eau. Sa flore est particulièrement variée avec environ un millier d’espèces, dont une cinquantaine ne se trouvent qu’ici. Parmi ces dernières se concentrent les 12 fleurs endémiques de l’archipel (céraiste, aspérule, campanule et perce-neige) et 4 autres fleurs que l’on ne trouve que sur l’île, comme le vélar de Naxos (Erysimum naxense) et la consoude de Naxos (Symphytum naxicola), qui poussent sur les pentes du mont Zas, point culminant des Cyclades (1 004 m d’altitude).

Zones humides et oiseaux migrateurs

Les Cyclades constituent l’une des principales étapes pour les oiseaux migrateurs arrivant d’Asie et d’Afrique vers l’Europe au printemps. Car l’archipel possède quelques zones humides aussi méconnues que précieuses. C’est surtout le cas à Naxos et à Andros où des marais, lacs et marécages forment des lieux de nidification importants pour les oiseaux. Ces zones humides, avec d’autres plus petites à Milos, Sérifos, Paros et Antiparos, attirent les rapaces tels le faucon d’Éléonore (Falco eleonorae), l’aigle de Bonelli (Aquila fasciata) et le faucon pèlerin (Falco peregrinus), mais aussi des oiseaux de mer comme le cormoran huppé (Phalacrocorax aristotelis), le puffin cendré (Calonectris borealis) et le plus rare puffin de Méditerranée (Puffinus yelkouan). Une fois encore, c’est Naxos qui se classe en tête, accueillant le plus grand nombre d’oiseaux de l’archipel : 278 espèces sur 442 référencées dans toute la Grèce.

Batraciens, lézards et serpents

Les zones humides et petites forêts des Cyclades accueillent plusieurs espèces de batraciens, y compris au sud, sur Amorgos, où un petit crapaud, le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), survit dans les flaques de boue en plein été. Mais le climat est surtout propice aux reptiles avec de nombreuses espèces de serpents. Ceux-ci sont en général très discrets, et seules deux sortes de vipères sont dangereuses pour l’homme (lire ci-après). Vous croiserez plus sûrement le « dragon peint » : il s’agit de l’agame strié (Stellagama stellio), un gros lézard trapu et épineux de 30 cm de longueur typique de la Méditerranée orientale qui a ses habitudes jusque près des plages. Immanquable également : le grand et magnifique lézard vert des Balkans (Lacerta trilineata). On trouve ainsi quantité de lézards et geckos à travers toutes les îles. Mais une espèce endémique atteignant 20 cm de longueur ne se trouve qu’à Milos et à Kimolos : le lézard des murailles de Milos (Podarcis milensis).

Le chat, roi des mammifères

Si la Grèce posséda sa propre espèce de lions jusqu’au Ier siècle de notre ère, c’est aujourd’hui un autre félin qui domine le pays : le chat de l’Égée. Quémandant aux terrasses des tavernes et ornant les cartes postales, c’est une sous-catégorie récemment identifiée du chat domestique. Originaire des Cyclades, il se distingue par sa capacité à pêcher, par son pelage comportant au minimum deux couleurs, et par ses yeux presque toujours verts. En revanche, les autres espèces de mammifères terrestres sont peu nombreuses dans les Cyclades. Aux côtés du lapin, du lièvre et du hérisson, on ne compte que quatre sortes de petits rongeurs, dont le lérotin (Dryomys nitedula), un minuscule cousin asiatique du loir d’Europe qui vit surtout dans les forêts d’Andros. Encore mal connues, les espèces de chauves-souris seraient au nombre de 23, parmi lesquelles le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et la vespère de Savi (Pipistrellus savii) surtout étudiées à Syros. Parmi les prédateurs, on ne compte que deux espèces sauvages. Tout d’abord la fouine (Martes foina), présente à Andros, Naxos, Syros, Sérifos, Kithnos et Santorin. Très discrète, elle chasse la nuit mais aime vivre près des hommes. Il y a aussi le blaireau (Meles meles), mustélidé au museau blanc et noir qui peut peser jusqu’à 17 kg. Rare, on ne le trouve presque qu’à Tinos ainsi qu’à Andros et à Sifnos. Quant aux espèces domestiques, façonnées par l’homme depuis l’Antiquité, elles tendent à disparaître au profit d’animaux venus du continent. On distingue encore le cochon de Kéa, la vache de Tinos et l’âne de Syros. Ce dernier connaît des jours sombres à transporter les touristes débarquant au port de Santorin. Quant à l’ancienne île-prison de Gyaros, elle a perdu sa colonie de lamas importés d’Amérique du Sud au XXe siècle. Mais l’autre île inhabitée d’Antimilos (20 km au nord-ouest de Milos) abrite toujours la chèvre sauvage d’Erimomilos (Capra Aegagrus Pictus), une sous-espèce de la kri-kri, célèbre chèvre sauvage de Crète.

Espèces dangereuses en mer

Si l’on compte 47 espèces de requins en Grèce, ceux-ci ne présentent guère de danger pour l'homme : la dernière attaque meurtrière a eu lieu en 1963 et les eaux grecques sont considérées comme les plus sûres au monde face aux requins. La seule espèce potentiellement à risque est le grand requin blanc de Méditerranée. Cette sous-catégorie du redoutable requin blanc (Carcharodon carcharias) d’Australie ou d’Amérique se distingue par son dos de couleur marron clair. Mais avec seulement 300 spécimens pour toute la Méditerranée, sa présence est considérée comme « occasionnelle » dans le sud de la France et encore plus « rare » en Grèce, où il n’a été aperçu que près des côtes continentales et celles de Corfou (îles Ioniennes) et de Thassos (îles septentrionales de la mer Égée). Il faut davantage se méfier de la méduse pélagique (Pelagia noctiluca). Localement appelée tsouchtra, c’est la seule méduse qui soit dangereuse pour l’homme en Grèce : mesurant 5 cm de diamètre, de couleur marron (femelles) ou violette (mâles), elle est phosphorescente la nuit et ne présente un risque que quand le courant l’amène jusqu’au rivage. Elle n’est pas mortelle, mais urticante, avec des démangeaisons, des lésions cutanées, des allergies à la clé. Le souci pour les baigneurs, c’est que le choc de la piqûre peut causer un affolement et une noyade.

Espèces dangereuses sur terre

On recense 5 espèces de vipères en Grèce dont le venin peut être mortel pour l’homme. Deux sont présentes dans les Cyclades : la vipère ammodyte ou cornue (Vipera amodytes) et la vipère de Milos (Macrovipera schweizeri). Pour ce qui est des scorpions, la Grèce est le pays qui compte le plus d’espèces en Europe : 32 identifiées à ce jour. Leur piqûre est souvent douloureuse, mais leur venin ne présente pas de risque pour des adultes en bonne santé. Seule exception avec le scorpion gibbeux (Mesobuthus gibbosus), jaune-marron, de 7 cm de longueur et présent sur la plupart des îles. Il peut entraîner des complications cardiaques et s’avérer mortel en cas d'allergie. On ne recense toutefois pas d’accident grave ces dernières années, ni avec lui ni avec des vipères. En fait, de tous les animaux de Grèce, le moustique commun (Culex pipiens) est de loin l’espèce la plus dangereuse, puisqu’il est le principal vecteur du virus du Nil occidental, à qui l’on attribue le décès de 50 personnes dans le pays en 2018. Comme il n’existe pas de traitement, il convient de prendre des précautions : vêtements longs et de couleur claire en soirée, produit insecticide, moustiquaire aux fenêtres.