Du petit bosquet à la gloire d’Hollywood
Comment parler de Californie sans parler du cœur battant du cinéma américain, Hollywood ? Pourtant, ce quartier de Los Angeles aujourd'hui si réputé n'était à l'origine qu'une petite ville entourée de vergers, qui doit son nom au bois de houx, porte-bonheur apprécié du fondateur de la bourgade. Ce n'est que dans les années 1910 que les studios new-yorkais, à la recherche de conditions météorologiques plus clémentes et après avoir délaissé le climat trop houleux de la Floride, vont s'installer dans la région. Parmi les premiers cinéastes à tourner sur place, rien de moins que D.W. Griffith, qui réalise en 1910 In Old California, considéré comme l'un des premiers films produits dans ce futur berceau du septième art. Une montée en puissance qui se fera très rapidement durant les années qui vont suivre, avec la naissance des grands studios comme Paramount (1912), Universal (1912), Warner Bros (1923), Metro Goldwyn Mayer (1923), 20th Century Fox (1935) et bien sûr Walt Disney (1923). Le succès grandissant du cinéma comme média de masse, et l'arrivée du son avec Le chanteur de Jazz (1927), vont faire exploser la production, portant à plusieurs centaines le nombre de films sortant chaque année des studios. C'est également à cette époque qu'apparaissent les premières « stars » d'Hollywood. Bette Davis, Clark Gable, Fred Astaire ou Joan Crawford, quelques-unes des figures mythiques portées à l'écran par des cinéastes comme Cecil B. DeMille, George Cukor, ou encore Michael Curtiz. Tandis que des figures comme Charlie Chaplin, Buster Keaton ou les Marx Brothers font rire et sourire le monde entier. Hollywood, la fabrique des rêves, est née.
La seconde moitié du XXe siècle verra l'avènement de nouveaux studios et de nouveaux modes de production. Dans les années 50, pour faire face à l'influence grandissante de la télévision, les majors rivalisent de prouesses techniques dans des péplums grandioses comme Les dix commandements (1956) ou Cléopâtre (1963). D'autres misent sur de jeunes talents comme Marlon Brando, James Dean ou Marilyn Monroe, futures icônes planétaires. Mais toutes partent à la conquête du monde, diffusant les valeurs américaines et l'American Way of Life dans toute la sphère d'influence états-unienne de l'après-guerre. C'est également à cette époque que les Academy Awards, plus connus sous le nom des Oscars du cinéma, s'installent comme l'une des cérémonies les plus importantes du septième art. L'hégémonie des studios sera quelque peu ébranlée par les années 1960-1970, alors que la guerre du Vietnam et la libération des mœurs bousculent les codes. Le Nouvel Hollywood, porté par des cinéastes comme Dennis Hopper, Peter Fonda (Easy Rider, 1969) mais aussi Martin Scorsese, Steven Spielberg, Francis Ford Coppola ou un certain Georges Lucas, révolutionne les thématiques et les genres. C'est l'époque d'Apocalypse Now (1979), Star Wars (1977), mais aussi des Dents de la mer (1975) et de Voyage au bout de l'enfer (1978). Des films devenus cultes, au même titre que Le Parrain (1972) – et bien d'autres.
La diversité des productions est aussi le reflet des talents venus de tous horizons, captés par Hollywood qui se nourrit de cette pluralité des styles et des points de vue. Ainsi, Ernst Lubitsch intègre son humour dans Ninotchka (1939), avec la grande Greta Garbo, Alfred Hitchcock insuffle sa maîtrise très britannique du suspense dans ses films comme Fenêtre sur cour (1954) ou Sueurs froides (1958), tandis que Sergio Leone revisite le western en mettant Clint Eastwood en scène dans Le bon, la brute et le truand (1966). Milos Forman viendra quant à lui de République tchèque pour réaliser Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975), tandis que d'autres s'essaient au blockbuster ou revisitent des classiques, à l'image de l'Australien Baz Luhrmann et de son Romeo + Juliet (1996), avec Claire Danes et Leonardo DiCaprio.
Ayant survécu à l'avènement de la télévision et des séries, le cinéma d'Hollywood amorce au début des années 1990 un tournant vers les effets spéciaux, alors que la numérisation de la société est en marche. Les productions des majors en jouent avec plus ou moins d'habileté. James Cameron, le cinéaste derrière deux des plus grands succès d'Hollywood de tous les temps, Titanic (1999) et Avatar (2009), est d'ailleurs devenu l'un des maîtres dans ce domaine. Une révolution qui s'opère également dans le cinéma d'animation, où l'on voit apparaître la 3D avec Toy Story (1995) ou Shrek (2001), faisant chanceler le géant Disney.
Aujourd'hui, Hollywood doit faire face à de nouveaux défis. La sous-représentation chronique des réalisatrices, ainsi que les failles du système en place jusqu'alors ont été mises sur le devant de la scène par les nombreux scandales en lien avec #Metoo. Les voix s'élèvent désormais pour plus de transparence, de diversité et de respect dans cette industrie américaine mondialement médiatisée. Une nouvelle génération de cinéastes comme Chloé Zhao (Nomadland, 2020), Jordan Peele (Get Out, 2017) ou encore Ava DuVernay (A Wrinkle in Time, 2019) raconte de nouvelles histoires, adopte de nouveaux points de vue. Tandis que du côté des majors, la récente pandémie et la concurrence des nouveaux acteurs du streaming poussent à toujours plus de fusions, transformant à tout jamais le paysage de la Dream factory.
La Californie sur le petit écran
Si le cinéma reste le cœur de l’identité hollywoodienne, les studios n’ont pas non plus délaissé la télévision, ou plus récemment le streaming. Des séries cultes comme Alerte à Malibu (1989-2001), Le Prince de Bel-Air (1990-1996) ou Beverly Hills (1990-2000) ont bercé la jeunesse de millions de fans à travers le monde. Buffy contre les vampires (1997-2003) pose d’ailleurs son cadre dans la bourgade fictive de Sunnydale, une ville typique de Californie, le surnaturel en plus. Ces dernières années, des productions comme Sense8 (2015-2018), Lucifer (2016-2021), The OA (2016-2019) ou Euphoria (2019-) portent la série à de nouveaux sommets et touchent de nouveaux publics, qu’elle soit diffusée sur les chaînes classiques ou via les plateformes comme Netflix, Amazon ou d’autres. À côté de ces productions, des shows américains tels The Good Doctor (2017-) mettent en scène la région sous de nombreux angles, tirant profit des paysages et des villes iconiques de l’État. Preuve qu’Hollywood peut se prêter tout autant au jeu du grand que du petit écran, et que la Californie reste un lieu de tournage et un concentré d’industrie cinématographique majeur dans le paysage mondial de l’entertainment.
San Francisco s’allume et s’effondre à l’écran
Parce que le cinéma ne s'arrête pas aux frontières de la Cité des Anges, San Francisco a également été le théâtre de nombreux films classiques ou récents, et de séries télévisées diverses et variées. Le Golden Gate, pont emblématique, apparaît dans Sueurs Froides, le classique d'Hitchcock, mais aussi dans Dangereusement vôtre (1985), quatorzième épisode de la saga James Bond, dans Œil pour Œil (1981) avec Chuck Norris, dans Star Trek en 1986 et en 2009, ou encore dans de nombreux films d'animation comme Soul (2020), Les Mitchell contre les Machines (2021) et Les Nouveaux héros (2014), où la ville est devenue une cité hybride entre Orient et Occident du nom de San Fransokyo. L'ouvrage d'acier rouge est également la cible de prédilection des cinéastes cherchant à mettre à mal le rêve américain, le détruisant allègrement à coups de super-héros (Superman, 1978, X-Men : l'affrontement final, 2006), de monstres légendaires (Godzilla, 2014, Pacific Rim, 2013), voire même de pluies d'objets et de créatures diverses dans Sharknado V, 2017 ou dans San Andreas, 2015. Une œuvre qui s'intègre d'ailleurs dans les nombreuses fictions tournant autour des séismes, phénomène naturel intimement lié à la vie des Californiens. Autre lieu iconique, l'île d'Alcatraz, elle, est la star de plusieurs longs-métrages, dont Point Blank (1967), L'Évadé d'Alcatraz (1979) avec Clint Eastwood, ou The Rock (1996) avec Sean Connery, Nicolas Cage et Ed Harris. Un film d'action haletant signé Michael Bay, l'un des maîtres de l'art du blockbuster hollywoodien moderne.
En vous promenant dans les rues de la ville, vous pourrez également revivre des films tels que Madame Doubtfire (1993), avec Robin Williams, ou le plus récent Matrix Resurrections (2021), avant de vous replonger dans la série La Fête à la maison (1987-1995), qui révéla les sœurs Mary-Kate et Ashley Olsen. Enfin, ne passez pas à côté de La Tour infernale (1974), un classique du cinéma catastrophe mettant en scène les pompiers de San Francisco et le duo Steve McQueen – Paul Newman, une belle rencontre entre les paysages de la baie et les prouesses techniques d'Hollywood.
Vivre de cinéma en Californie
Du Dolby Theatre de Los Angeles, cinéma officiel des Oscars depuis 2002, aux projections en plein air du Dolores Park de San Francisco, vous n'aurez pas assez d'yeux pour tous les écrans à votre disposition en Californie. Lieu mythique, le Grauman's Chinese Theatre propose une expérience cinématographique sans comparaison, avec l'un des plus grands écrans IMAX du pays (29 mètres de large). Ce cinéma est également connu pour ses pavés où les stars du monde entier ont laissé leur trace, et ce depuis 1927. Prenez le temps d'une visite pour en découvrir tous les secrets, enchaînez avec la Hollywood Walk of Fame du majestueux Hollywood Boulevard, avant de vous diriger vers les nombreux musées consacrés au septième art disséminés entre Los Angeles, Hollywood, San Francisco et les autres villes de la région. Enfin, vous ne pouvez pas passer à côté d'une visite aux studios des majors. Universal Studios, Paramount Studios ou encore de la Warner Bros qui vous feront replonger dans les films et séries de votre enfance et dans les classiques du cinéma. Une étape essentielle de toute visite cinéphile de la Californie, qui plus est accessible à tous, amateurs de cinéma ou non.