À 1 700 km au sud-est de Tahiti, l'archipel des Gambier est le plus reculé de Polynésie française. Vestige d'un gigantesque volcan effondré, il est formé d'une grande couronne corallienne en forme de losange de plus de 80 km de circonférence, au milieu duquel sont disséminées plusieurs îles hautes : Aukena, Taravai, Agakauitai, Akamaru, Makaroa, Manui, Kamaka et Mangareva, l'île principale. Sur le motu Totegegie, le plus important de la couronne, est situé l'aéroport, au nord-est du lagon. Le reste de la couronne est composé de quelques petits motus et d'un grand récif barrière immergé et, pour cela, extrêmement dangereux.
Géologiquement parlant, les Gambier sont à mi-chemin entre Bora Bora et l'atoll, complètement effondré. Trois passes invisibles permettent l'accès à ce petit monde paradisiaque et véritablement hors du temps, où le rouge des flamboyants épouse le vert des pâturages et le bleu de l'azur infini.
Un passé fantastique
L'archipel des Gambier fut peuplé entre 900-1200 par d'intrépides navigateurs de l'archipel de la Société, des Tuamotu, des Marquises et des îles Cook. Mangareva aurait alors servi d'escale lors des grandes traversées vers l'île de Pâques. De récents travaux du professeur Patrick Kirch cherchent à prouver que Mangareva aurait été la base des premières expéditions vers la mythique Rapa Nui, et que l'ensemble des Gambier avait été isolé du reste de la Polynésie du sud-est (cultes spécifiques comme celui rendu au fruit de l'arbre à pain ou à l'observation des solstices).
En 1797, ayant à bord les missionnaires de la LMS, James Wilson, capitaine du Duff qui se dirigeait vers Tahiti, baptisa le point culminant de l'archipel du nom de son bateau, et l'archipel du nom de l'amiral anglais Gambier, responsable de la mission. Toutefois, le Duff ne s'y arrêta pas et il fallut attendre 1826 pour qu'un Européen posât le pied sur l'île. Très vite, Mangareva devint un important port de commerce de la nacre, abondante dans l'archipel. Lorsque arriva Honoré Laval en 1834, l'archipel était peuplé de 6 000 âmes réparties sur les diverses îles. Figure importante de l'histoire polynésienne, Laval serait tenu pour responsable du dépeuplement qui conduisit à un chiffre de 463 habitants au premier recensement de 1887.
La première mission catholique de Polynésie française a effectivement vu le jour en 1834, sous le nom de congrégation du Sacré-Coeur. Le père Laval, responsable de l'évangélisation de ces îles, était un personnage de pouvoir à l'ambition démesurée. Traitant les coutumes et traditions insulaires comme une sous-culture à éradiquer (le roi Maputeao est baptisé le 25 août 1836, les divinités locales comme Rao sont considérées comme des idoles de l'impureté, des diables de la passion et du vice), il aurait tué les hommes à la tâche afin de faire construire des routes, une cathédrale pouvant accueillir 2 000 personnes (en fait une simple église ; les messes du dimanche à 9h sont à ne pas manquer), 9 églises, des tours de guet, une prison, un port, un couvent, ainsi que diverses installations, dont un palais pour le roi de l'île, Maputeao. Les populations des autres îles furent même déportées vers Mangareva pour la réalisation de ces travaux. En 1871, à la suite de fortes contestations, Laval dut s'exiler à Tahiti. Les Gambier ont pu garder un statut semi indépendant jusqu'en 1881, date à laquelle elles furent définitivement rattachées au territoire.
Les habitants des Gambier se souviennent encore de ces atrocités dans leur mémoire collective, même si le dépeuplement était aussi en partie dû aux maladies européennes importées.
Un paradis isolé
L'archipel compte 1 593 habitants, presque tous sur l'île de Mangareva, hormis quelques ermites dans les autres îles.
Les habitants vivent essentiellement de la perliculture, mais aussi de l'élevage, de la pêche et de la culture de taro, des agrumes, des pastèques et du café. Loin de l'agitation des villes, les Gambier sont autosuffisantes. Les îles sont situées très au sud, le climat peut y être un peu frais et la température peut descendre jusqu'à 18 °C en juillet. Il y a une heure de décalage horaire avec Tahiti.
Les Gambier, si éloignées, méritent d'être visitées pour ses possibilités multiples de visites et d'excursions, pour l'ascension de ses montagnes, la visite de ses fermes perlières... Gaston Flosse, l'ancien président du Territoire, est originaire de Rikitea.
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