ABBAYE DU BEC-HELLOUIN

Installée dans un paysage bucolique, Notre-Dame-du-Bec est résolument l'une des plus belles abbayes de Normandie. L'arrivée sur le site, avec la haute tour-clocher Saint-Nicolas du XV^e siècle dominant la vallée du Bec, est magnifique. C’est en 1034 que l’abbaye fut fondée, selon la règle de saint Benoît, par le bienheureux Herluin, chevalier du comte de Brionne. En 1045, le monastère connut son apogée avec Lanfranc de Pavie qui créa l’école du Bec, et Anselme, jeune étudiant d’Aoste, penseur religieux le plus influent de son siècle et conseiller de Guillaume le Conquérant. La croissance de l'abbaye fut telle qu’on envisagea, vers 1060, son déplacement au lieu qu’elle occupe aujourd’hui ainsi que la construction d’un nouveau monastère. En 1077, une nouvelle église fut également consacrée par Lanfranc qui, sept ans auparavant, devint archevêque de Cantorbéry et entreprit la réforme de l’église anglo-saxonne. Le travail du cuir et des étoffes est attesté dès cette époque, quand Roger de Beaumont accorda la franchise de tout ce qui était nécessaire aux religieux de l’abbaye du Bec pour leurs chaussures et leurs vêtements, fabriqués à Pont-Audemer. Au XII^e siècle, l’école du Bec ne cesse de grandir. Robert de Thorigny, futur abbé du Mont-Saint-Michel, en est le prieur. L’abbaye fut ruinée à la Révolution, mais renaît de ses cendres en 1948 avec l’arrivée des moines de Mont-Olivet, venus des communautés de Mesnil-Saint-Loup et de Cormeilles-en-Parisis. La même année, l’association des amis de Belloc se crée pour contribuer à la restauration de l’abbaye qui a retrouvé ainsi une belle part de son rayonnement international.

L'abbaye est ouverte au public tous les jours sauf le mardi, à l'exception du parc et de l'église abbatiale qui sont ouverts quotidiennement. Parce qu'elle est encore en activité, elle se découvre uniquement à heure fixe dans le cadre d'une visite guidée, afin de ne pas perturber le recueillement des moines. La visite, qui dure entre 45 et 60 minutes, permet de découvrir les bâtiments conventuels, le logis de l'abbé, le cloître qui date du XVII^e siècle, tout comme la salle capitulaire… La bibliothèque des moines, dont les bâtiments d'origine et une grande partie des manuscrits d'époque ont disparu pendant la Révolution, est elle aussi ouverte au public. La salle de lecture est propice à la découverte des volumes (près de 100 000 ouvrages !) qu'elle renferme. Si l'idée de faire une retraite à Notre-Dame-du-Bec vous tente, sachez que l’hôtellerie des frères est ouverte à tous ceux qui désirent prier, réfléchir, reprendre souffle, trouver écoute et dialogue, faire une pause en paix. C'est la tradition dans tous les monastères bénédictins, où la règle est d'accueillir chacun comme on accueillerait le Christ. Pour les intéressés, l'abbaye comprend une maison d'hôte, ouverte toute l'année sauf en janvier. Elle reçoit aussi bien des personnes seules que des groupes, familles, amis, jeunes, couples, etc. Elle comprend deux étages avec salle à manger, bibliothèque, oratoire, deux salles d'eau non mixtes et des chambres individuelles ou doubles. Les hôtes peuvent partager la prière communautaire et demander un accompagnement spirituel auprès d’un frère s'ils le souhaitent. Le travail manuel est pratiqué en silence afin de mieux parvenir à une prière continuelle. Les retraitants peuvent opter pour ses séjours plus ou moins longs (contactez maisondeshotes@abbayedubec.org pour en savoir plus). Aujourd'hui, les moines consacrent l'essentiel de leur temps à la prière et au travail. Le labeur manuel, pratiqué dans un silence religieux, est l'une des valeurs fondamentales de la vie bénédictine. Parmi les activités manuelles pratiquées par les moines, la production de faïences artisanales, mise en place depuis le retour de la communauté en 1946, est sans aucun doute la plus importante. Dans leurs ateliers créés en 1957, les moines se chargent de toutes les étapes du processus de fabrication, de la création des moules au coulage des pièces en passant par les différentes cuissons, l'émaillage et le décor des faïences. Ensuite, les pièces produites sont vendues dans le magasin aux côtés de produits artisanaux confectionnés par d'autres communautés monastiques de la région (bougies, conserves, vin, huiles essentielles, etc.). Le reste de la journée au monastère est rythmé par la vie en communauté et les tâches liées à l'entretien et au bon fonctionnement du monastère : cuisine, ménage, raccommodage, jardinage, repassage, bricolage... La lecture, également, est une activité courante au sein du monastère. Sur le plan spirituel, les frères de l’abbaye sont également très engagés dans le dialogue œcuménique et interreligieux. Des relations soutenues avec des chrétiens orthodoxes ont été développées dans un partage spirituel. Des démarches ont été entreprises avec l’Église anglicane par des rencontres pour approfondir les connaissances mutuelles et les traditions spirituelles. Les quatre derniers archevêques sont ainsi venus séjourner à l’abbaye du Bec. Avec des réformés de la région normande, un travail commun d’études bibliques et de réflexion sur des problèmes pastoraux, comme celui des foyers mixtes, ainsi que les rencontres dans le cadre du renouveau charismatique ont permis un approfondissement de relations fraternelles. Plus récemment, l’abbaye du Bec a décidé de s’ouvrir au dialogue interreligieux monastique en invitant des moines et des moniales bouddhistes pour des temps d’échange et de rencontre.