Dans les pas de Jean-Antoine Injalbert
Né à Béziers le 23 février 1845, Jean-Antoine Injalbert y passe toute son enfance puis entre aux Beaux-Arts de Paris. Ses sculptures sont alors pétries d'influences italiennes et françaises. Élève d'Auguste Dumont, son art néo-baroque lui vaudra le Prix de Rome en 1874 pour son œuvre La Douleur d'Orphée. Sa créativité est florissante, et son Buste de Marianne exécuté en 1889 pour célébrer le Centenaire de la Révolution Française, sera la figure la plus répandue dans les mairies et les écoles françaises du début du XXe siècle. S'il travailla dans son atelier parisien, cet enfant du pays aimait à venir dans son atelier de la Villa Antonine, son ancienne résidence d'été à Béziers. Suivons le parcours proposé par l'Office de Tourisme Béziers Méditerranée pour appréhender les œuvres que le sculpteur a offert à sa cité biterroise. Comme de nombreux artistes de son époque, Jean-Antoine Injalbert a une prédilection pour les sujets mythologiques. Béziers ayant construit sa richesse à la fin du XIXe siècle grâce à la viticulture, c'est tout naturellement que l'artiste sculpta plusieurs Bacchante au biniou. Son œuvre de la place des Bons Amis aurait dû orner le jardin du sculpteur à Paris. Une autre bacchante se tient à l'Hôtel Fayet. Plusieurs esquisses de cette œuvre furent réalisées avant la sculpture finale, en marbre, aujourd’hui exposée au Musée d'Orsay. Sur la place de la Révolution se dresse le Monument à Casimir Péret et aux victimes du coup d'État du 2 décembre 1851. Réalisé à l'initiative d'Antoine Moulin, père de Jean Moulin, ce monument relate la déportation à Cayenne de l'ancien maire de Béziers et l'insurrection républicaine menée contre le coup d'État de Napoléon III. L'Hôtel de ville de Béziers abrite, le Faune ivre dont le visage béat et le corps titubant révèlent son état ! Un travail sur la représentation du corps humain dont Injalbert, enseignant à l'École des Beaux-Arts de Paris, maîtrise tous les aspects. Le Plateau des Poètes est le jardin public de Béziers où les artistes viennent chercher l'inspiration. En 1901, Injalbert offre à la ville le buste en marbre de Maffre Ermengaud, célèbre troubadour biterrois. Son désir étant de créer une campagne d'ornementation du jardin avec les bustes d'illustres personnalités. Aussi, dès 1902, les bustes de Jean Pons, Guillaume Viennet, Joseph Rosier et Victor Hugo rejoignent celui du moine troubadour. De toutes ses œuvres, la Fontaine du Titan est la plus célèbre. Installée au Plateau des Poètes, cette œuvre monumentale de 17 mètres de haut fut inaugurée en 1893. Faite en marbre de Carrare et en bronze, on y voit Atlas, en bronze, reposant sur un attelage de chevaux marins conduits par deux enfants joueurs ; l'ensemble surmonte une grotte artificielle dont l'entrée est marquée par un atlante et une cariatide. La ville de Béziers fit appel à Jean-Antoine Injalbert en 1920 pour réaliser le monument aux morts de la cité. Si l'artiste réalisa huit de ces monuments dans le sud de la France, celui de Béziers est le plus complexe, avec une foultitude de détails et d'émotions. Avant de mourir, l'artiste décide de donner à la ville qui l'a vu naître, les fonds de son atelier parisien. En 1934, c'est Louise Injalbert, veuve du sculpteur qui fera don à Béziers de près de mille six cents sculptures du maître.
Le Cimetière Vieux
Ouvert en 1812, le Cimetière Vieux est aménagé en jardin méditerranéen, avec des terrasses plantées de cyprès. L'implantation de ce nouveau cimetière en dehors de la ville découle du décret napoléonien de 1804 imposant aux villes et villages d'effectuer les inhumations sur des terrains réservés à cet effet et distant de minimum 40 mètres de toute habitation. Celui que l'on appelle aujourd'hui le « Père Lachaise biterrois » se déploie sur pas moins de 5 ha. Historiquement, l'ouverture de ce lieu coïncide avec l'âge d'or de la viticulture et donc l'enrichissement conséquent de la population biterroise. Un détail qui a toute son importance quand on passe le seuil du cimetière. Désirant marquer leur séjour dans l'au-delà de la plus luxueuse des façons, les Biterrois fortunés font appel à des architectes, entrepreneurs, artistes et décorateurs pour ériger leurs sépultures avec autant de panache qu'il avait été mis dans la construction de leurs hôtels particuliers.
C'est ainsi un véritable musée à ciel ouvert que nous offrent les allées du Cimetière Vieux. Les plus grands artistes biterrois ont sculpté des œuvres d'art ornementales et symboliques. On trouve les œuvres de Jean-Antoine Injalbert (qui d'ailleurs a lui-même sculpté son tombeau), de Jean-Marie Joseph Magrou, (élève d'Injalbert, ses œuvres se retrouvent aussi dans le parc de la Villa Guy à Béziers), Louis Paul (ancien conservateur du Musée des Beaux-Arts de Béziers de 1905 à 1920), ou encore celles de Jacques Villeneuve (également élève d'Injalbert). L'ensemble de ces tombes remarquables a été répertorié sur un dépliant, disponible à l'Office de Tourisme de Béziers Méditerranée, pour vous permettre d'admirer ces œuvres, tout en respectant les lieux.
L'art du XVe au XXIe siècle
Le musée des Beaux-Arts de Béziers présente une collection éclectique,dont des collections de peinture du XVe au XXe siècle, avec les œuvres de Corot, Holbein ou encore Olivier Debre. Il présente aussi plus de 500 dessins de Jean Moulin, ainsi que sa collection particulière d'œuvres modernes dont Soutine, Chirico et Dufy. L'Hôtel Fayet met lui en lumière un ensemble de peinture du XIXe siècle, allant du romantisme aux peintres plus académiques de la IIIe République, avec des œuvres de Delacroix, Géricault ou Cabanel. L'art contemporain lui se rencontre à Sérignan où le musée régional d'art contemporain expose des collections des années 60 à nos jours. Peintures, dessins, photographies... mettent l'accent sur l'art abstrait, l'art conceptuel et la figuration narrative. Signalons aussi le travail du plasticien Daniel Buren, Rayonnant, qui structure l'espace urbain de ses 170 poteaux en inox à l'entrée de la ville. Une œuvre singulière, à l'image des créations d'Alain Fornells au Musée des meubles modestes de Bassan. A partir de matériaux détournés, l'artiste donne vie, poésie et émotion à de petits meubles modestement charmants.