Un complexe religieux de style gothique flamboyant, avec un décor magnifique, orné de dentelles de pierre, richement décoré.
Le monastère royal de Brou est un complexe religieux situé en périphérie sud de Bourg-en-Bresse, qui fut l’une des capitales de l'ancien duché de Savoie. Chef-d’œuvre du style gothique flamboyant, le monastère a été construit entre 1506 et 1512 et son église (Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou) de 1513 à 1532. Le monument est né de la volonté d'une puissante femme qui vécut à la fin du Moyen Age : Marguerite d'Autriche, dont le destin fut exceptionnel à plusieurs titres. Héritière par sa mère du duché de Bourgogne, elle est la petite-fille de Charles le Téméraire, dernier grand duc de Bourgogne. A l'âge de 3 ans seulement, elle est promise au dauphin Charles VIII, fils de Louis XI, dans une alliance matrimoniale qui vient mettre fin à 15 ans de guerre, mais elle sera finalement répudiée au profit d'Anne de Bretagne. La jeune Marguerite est ensuite promise en secondes noces à Jean d'Aragon, mais celui-ci meurt précocement quelques mois plus tard. Devenue veuve à 17 ans, elle épouse finalement le duc de Savoie Philibert II, dit Philibert le Beau, en 1501, dans une énième tractation diplomatique menée par son père qui souhaite une alliance avec la Maison de Savoie. C'est un mariage heureux et réussi, mais tristement éphémère : Philibert le Beau meurt en 1504 des suites d'un accident de chasse. Veuve pour la seconde fois, Marguerite refuse tout nouveau mariage et portera le deuil de Philibert II jusqu'à la fin de sa vie. Devenue propriétaire de plusieurs territoires et à la tête d'une fortune importante suite à ses mariages successifs, Marguerite d'Autriche dispose désormais de moyens financiers considérables. C'est pour honorer la mémoire de son défunt mari, et pour respecter le vœu de sa belle-mère, Marguerite de Bourbon, qu'elle décide de faire ériger ce monastère. Elle le conçoit comme un mausolée, destiné à abriter le tombeau de Philibert le Beau, puis le sien. La construction de l’ensemble commence en 1506 aux confins des frontières françaises, aux portes de Bourg-en-Bresse qui fait alors partie du duché de Savoie. Marguerite d'Autriche supervise le chantier depuis les Pays-Bas, dont elle doit assurer la régence à la mort de son frère. Le monument est une affirmation de son pouvoir et témoigne de sa volonté de renforcer les liens entre son héritage bourguignon et la région savoyarde qu'elle a rejointe par alliance. Pour la construction de son monastère royal, elle s'inspire de la Chartreuse de Champmol, à Dijon, et multiplie les emblèmes bourguignons et les références au duché de Bourgogne. L'illustration la plus notable de cette volonté de mettre en avant ses origines s'exprime par la haute toiture à deux versants, recouvertes de tuiles vernissée et colorées, à la mode bourguignonne. Remplacée en 1759 par le sculpteur Antoine-Michel Perrache, qui donna à la charpente une forme mansardée, la toiture retrouvera sa splendeur d'origine en 1998.
Au-delà de son architecture, qui en fait un joyau du style gothique flamboyant, le monastère de Brou est remarquable pour son intérieur, richement décoré et très bien conservé. Son chœur au décor magnifique, qui semble orné de dentelles de pierre, accueille les tombeaux de Philibert II, de Marguerite d'Autriche (dont la dépouille fut installée ici, aux côtés de celle de son mari en 1532, soit deux ans après sa mort des suites de la gangrène) et de Marguerite de Bourbon, la mère de Philibert II. Leurs dépouilles reposent sous des gisants de marbre de Carrare, celui de Philibert II occupant la place d'honneur, au milieu du chœur. Son tombeau a la particularité de présenter deux gisants de marbre : la première représentation le montrant vivant, les yeux ouverts, portant les insignes de sa charge (il est vêtu de son manteau d'hermine et porte sa couronne de duc de Savoie), et la seconde représentation, au niveau inférieur, le montre les yeux clos, quasi nu et dans l'attente d'être ressuscité. Le tombeau de Marguerite d'Autriche présente la même originalité, avec ses deux gisants installés sous un baldaquin monumental qui rappelle ses origines impériales. Les tombeaux sont extraordinairement ouvragés et peuplés de multiples statuettes très bien conservées. Dans les retables, les vitraux, et les sculptures ornementales, on retrouve de nombreuses traces du couple que formaient Philibert II et Marguerite d'Autriche.
Particularité unique en France, le monastère comporte trois cloîtres à étages de style différent. Dans l'un d'eux, Marguerite, qui avait prévu de terminer son veuvage au monastère, avait fait installer ses appartements privés. Les trois pièces, qu'elle n'eut pas le temps d'occuper, ont été réaménagées et présentent désormais un espace d'exposition dédié aux différents aspects de sa vie. Les bâtiments monastiques de Brou abritent, en outre, le musée municipal et ses riches collections d’art français, flamand et italien du XVe au XXe siècle, dont la Sainte Famille de Jan de Beer, le Portrait de Marguerite d'Autriche de Bernard van Orley, ou encore L'Evanouissement d'Esther de Jean Jouvenet. Brou possède également de nombreux exemples de la peinture de style troubadour et de paysages du XIXe siècle. Plusieurs salles sont enfin dédiées à l'art décoratif où l'on peut découvrir du mobilier régional ou les faïences de Meillonnas. Tout est admirable dans ce monastère qui s'investit auprès de tous les publics avec des visites, ateliers et stages de sensibilisation à l'art, l'archéologie et l'architecture. L’église et les trois cloîtres sont classés au titre des monuments historiques.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Les points forts de cet établissement :
Avis des membres sur MONASTÈRE ROYAL DE BROU
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Le toit est magnifique, la visite est intéressante (1 heure environ)