EGLISE SAINTE FOY - PRIEURE
Si ce n'était le clocher, à première vue cette église aux formes étranges ressemble davantage à un petit château fort. Son originalité et son caractère singulier, frappants de l'extérieur, se confirment à l'intérieur, avec des décors muraux et un magnifique retable qui nous indiquent que l'histoire de cette église a été particulièrement riche.
Histoire
Pour bien comprendre l'histoire du prieuré de Contamine-sur-Arve, il faut d'abord dire deux mots de l'abbaye de Cluny. Fondée vers 910 par Guillaume le Pieux au sud de la Bourgogne, cette abbaye deviendra vite un modèle pour de nombreux monastères qui se placèrent sous sa dépendance. A la fin du XIe siècle, l'abbaye de Cluny est l'une des plus importantes de l'Europe chrétienne avec près de 1 400 dépendances. De son côté, la maison de Faucigny, qui règne sur cette partie de l'Arve, a placé l'un de ses enfants sur le siège épiscopal de Genève. Guy de Faucigny, évêque de Genève, donne l'église Sainte-Marie de Contamine à l'abbaye de Cluny en 1083. Rapidement, les moines bénédictins vont bâtir un monastère attenant à l'église sous le vocable de prieuré Notre-Dame de Contamine. L'église devint le lieu de sépulture de la famille de Faucigny, prend une certaine importance, étend son influence à d'autres paroisses. En 1295, sous l'impulsion de Béatrice de Faucigny, fille de Pierre II comte de Savoie, l'église et le prieuré sont reconstruits par l'école d'un célèbre architecte, appelé Maître Jacques de Saint-Georges, qui a œuvré au pays de Galles. De cette époque date le style de cet ensemble remarquable unique en Savoie. L'église conventuelle, église du couvent, reste placée sous le vocable de Sainte-Marie, mais la partie réservée aux paroissiens est consacrée à sainte Foy. Les moines bénédictins se succèderont au prieuré jusqu'en 1625, alors que les invasions des troupes protestantes détruiront une partie des bâtiments en 1589. A la suite des bénédictins, une communauté de moines barnabites, clercs réguliers de Saint-Paul qui doivent leur nom à leur installation auprès de l'église de Saint-Barnabé à Milan, s'établissent à Contamine. Ils bâtissent une nouvelle demeure entre 1620 et 1625 appelée la "Grande Maison", à quelques mètres de l'église. Alors que la Révolution française bat son plein, les moines barnabites quittent les lieux en 1793. Après avoir un temps abrité une fabrique de coton, la Grande Maison accueillera une nouvelle communauté - de rédemptoristes - à partir de 1846. Mais la congrégation sera dissoute et la paroisse revient sous l'administration de l'évêque au tout début du XXe siècle.
Eglise Sainte-Foy
Comme nous l'avons vu dans la partie historique, les "bernois" (protestants) ont pillé et saccagé une bonne partie des bâtiments d'origine, notamment la nef commune aux deux églises. L'église que nous pouvons admirer aujourd'hui est donc incomplète, ce qui lui donne cette allure "ramassée". Ce qui lui confère son originalité, c'est d'abord son architecture. Maître Jacques de Saint-Georges, savoyard d'origine, est spécialisé dans la construction de châteaux forts pour le comte de Savoie et son allié le roi d'Angleterre. C'est lui qui bâtira, entre autres édifices, les châteaux d'Edouard Ier au pays de Galles, aujourd'hui classés au patrimoine de l'Unesco. Il conçoit les plans du prieuré avec une nouvelle église, un second sanctuaire pour les paroissiens, le premier étant réservé aux moines. Il faudra plus de 20 ans pour bâtir les deux églises, le cloître et les bâtiments conventuels. Avec cet architecte de renom, il n'est pas étonnant que l'église ait cet aspect "fortifié" et que de nombreux éléments, notamment les fenêtres, rappellent l'architecture militaire anglaise. En plus de sa façade imposante, il faut observer ses fenêtres gothiques toutes différentes ! Les fenêtres rectangulaires, à remplage (armature en pierres taillées d'une baie permettant des ouvertures plus grandes) avec arc surbaissé, sont toutes plus surprenantes les unes que les autres. Notamment les fenêtres latérales qui se terminent non pas sous un arc brisé, mais sous un linteau. Pour voir de pareilles fenêtres, il faudra aller au pays de Galles ! L'intérieur de l'église réserve également de belles surprises, comme ces décors muraux du XVIIe siècle et un magnifique retable, le joyau de cette église, dans le chœur représentant de gauche à droite : le bienheureux Ponce de Faucigny (fondateur de l’abbaye de Sixt), saint Antoine-Marie Zaccaria (fondateur des barnabites, communauté à l'origine de la commande de ce retable), le bienheureux Amédée IX (duc de Savoie), sainte Foy en extase devant la Vierge Marie à l'Enfant lors de son Assomption. Au bas du tableau, les deux personnages sont : à gauche Charles-Emmanuel le grand duc de Savoie et à droite Henri de Genevois de Nemours.
L'église Sainte-Foy est classée au titre des monuments historiques depuis 1909 et fait partie des Sites Clunisiens.Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur EGLISE SAINTE FOY - PRIEURE
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.