De l’Antiquité à la Renaissance
Les arts romains puisent dans la Grèce antique grâce, notamment, aux échanges entre les Étrusques et les cités grecques. Si l'art sert la politique et la religion de l'Empire romain, les fresques murales représentent des scènes mythologiques ou de la vie quotidienne. La Domus Aurea est, à la mort de Néron (68), détruite et ensevelie comme la plupart des monuments édifiés sous cet empereur. Ce n'est qu'à la fin du XVe siècle qu'elle est redécouverte par un jeune Romain. Les fresques de ce palais marquèrent de nombreux artistes tels que Michel-Ange et Raphaël. Ce dernier s'en serait inspiré pour décorer les fameuses loges du palais du Vatican.
Rome connaît ensuite une période sombre au Moyen Âge. Envahie par les Barbares puis épicentre des luttes entre le Vatican et l'Empire germanique, elle est supplantée, en tant que capitale artistique, par Constantinople.
Avec la chute de l'Empire romain, l'art byzantin laisse place à l'art chrétien. Sous le règne de Théodose, à la fin du IVe siècle, Rome finit par faire du christianisme sa religion d'État. De nombreuses églises voient le jour, c'est ainsi que la peinture chrétienne se développe. L'art pictural médiéval met en scène les valeurs et les croyances religieuses à l'aide du symbolisme, sans se soucier de réalisme dans la figuration.
Au début du XVIe siècle, Florence, capitale de la Renaissance, voit sa vie artistique commencer à s’essouffler. Le nouveau pape, Jules II, décide alors de mener une politique de prestige pour faire de Rome la capitale d'une Italie libérée des Français. Peinture, sculpture, architecture, mathématiques, les génies de la Renaissance, qu'on ne présente plus, possèdent tous les savoirs et savoir-faire.
De l’âge d’or de la Renaissance au baroque
L'âge d'or de la Renaissance s'incarne dans l'œuvre de Raphaël (1483-1520), dont l'aboutissement, au seuil de la perfection, regroupe tous les idéaux d'harmonie de l'époque. Peintre et architecte de la Renaissance de référence mondiale, sa carrière fut pourtant de courte durée. Il est chargé, par le Vatican, de décorer des salles du palais de Jules III. En 1514, suite à la mort de Bramante, le pape Leon X lui confie le chantier de la basilique Saint-Pierre. L'originalité de son style se caractérise par une utilisation presque égale du dessin et de la couleur. La puissance expressive de ses portraits est une de ses plus grandes qualités, à l'instar de celui de La Dame à la licorne que vous pouvez voir à la galerie Borghèse. Ne manquez pas également ses fresques aux musées du Vatican et à la Villa Farnèse. L'École d’Athènes est un hommage au plan grandiose de Bramante pour le Vatican et La Transfiguration se trouve être le dernier tableau peint par Raphaël qui repose au Panthéon.
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit Michel-Ange (1475-1524), plus connu pour ses sculptures et ses peintures, est également architecte et poète. Il est appelé à Rome en 1505 où il réalisera notamment le plafond, le plus vaste jamais peint, de la chapelle Sixtine. Son Jugement dernier (1534-1541) lui vaut déjà à l'époque une gloire mondiale. Il est l'architecte en chef de la basilique Saint-Pierre tout en achevant parallèlement le palais Farnèse.
L'Église catholique romaine doit faire face, au XVIe siècle, à la Réforme. Le concile de Trente est organisé pour régler le problème de la menace protestante. Cette crise donna naissance au baroque. Outre d'exprimer l'originalité de ses artistes, le but de l'art baroque est aussi de réinspirer la foi aux catholiques, au besoin par la peur, et de réaffirmer la puissance de l'Eglise à travers un art monumental. Son développement architectural eut un grand succès à Rome, au point de renouveler son centre-ville. La basilique Saint-Pierre de Michel-Ange est considérée comme le précurseur de ce mouvement. Un des premiers exemples de ce style est la façade de l'église du Gesú réalisée par Giacomo della Porta, qui justement fut l'élève de Michel-Ange. Cet édifice influencera l’architecture religieuse pour le siècle à venir.
Le monde de la sculpture est quant à lui dominé par le génie tourmenté et expressif du Bernin dont vous pouvez admirer le buste de Méduse (1640) aux musées du Capitole ou L'Extase de sainte Thérèse (1647-1652) à l'église Santa Maria della Vittoria. Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin (1598-1680), est également l’un des plus grands architectes baroques, auquel on doit plusieurs palais romains (Barberini, Quirinal...), des fontaines (Quatre-Fleuves de la place Navone) et des églises (Saint-André du Quirinal, Scala Regia...).
La peinture, qui depuis quelques années connaît une véritable décadence, trouve sa régénérescence dans l'art baroque avec notamment comme grand maître Le Caravage. Il fait du réalisme populiste une arme au service d'une religion plus humaine que spiritualiste. Les thèmes chrétiens sont transposés dans une ambiance brutale due surtout aux violents contrastes d'éclairage dont lui seul a le secret. Son style cause d'énormes scandales qu'une vigilante protection des cardinaux s'emploie à atténuer. Ne manquez pas, aux musées du Vatican, La Déposition de Croix, qui fut l'une de ses rares peintures à remporter un consentement unanime. De tous ses tableaux, c'est certainement le plus monumental.
Du néoclassicisme au vide de la Seconde Guerre mondiale
Le néoclassicisme prône le retour aux valeurs de la grande Rome à travers des scènes historiques de l'Antiquité. C'est l'époque de l'Italie napoléonienne. Le peintre Andrea Appiani (1754-1817) et le sculpteur Antonio Canova (1757-1822) sont les artistes officiels de l'empereur Napoléon. Vous pouvez voir à la Galerie nationale d'art moderne le portrait de Vincenzo Monti (1808) peint par le premier et aux musées du Vatican Persée triomphant (1797–1801) réalisé par le second. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'art italien connaît cependant une récession, et l'influence des siècles passés se tarit significativement.
Au début du XXe siècle, l'art italien reprend une envergure internationale avec le Futurisme (1909-1915). Mais cette scène artistique, essentiellement basée à Milan, est peu active à Rome. Ce mouvement artistique est fondé en 1909 par le Manifeste futuriste. Cet art anti-académique exprime l'enthousiasme pour les innovations technologiques et une immense foi en l'avenir. À l'instar des compositions cubistes, celles des futuristes étaient aussi fragmentées en mille facettes. Ce mouvement est devenu un outil de propagande fasciste.
De l’art contemporain au street art
La Seconde Guerre mondiale marque une rupture brutale dans l'art. Désormais, les supports vont se diversifier. L'art contemporain s'ouvre sur l'expérimental, la conceptualisation devenant parfois le centre de l'œuvre. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, si la situation est moins tendue à Rome qu'à Turin, les artistes de la capitale ayant constamment sous les yeux les chefs-d’œuvre historiques rejetèrent également tout art sacré pour se concentrer sur un rapport direct avec le social. C'est ainsi qu'est né l'Arte povera, mouvement italien reconnu internationalement. Le terme d'art pauvre vient s'opposer à la société de consommation qui célèbre la technologie. L'un de ses représentants, Jannis Kounellis, peintre et sculpteur grec, vécut à Rome des années 1960 jusqu'à sa mort (2017). C'est à la Galleria l'Attico qu'il présenta une de ses œuvres les plus célèbres et dans laquelle figuraient douze chevaux vivants.
Rome, « Ville éternelle », connaît par la suite une période creuse au niveau artistique. En effet, l'avant-garde de la création contemporaine semble longtemps à la traîne dans la capitale italienne. Peu de galeries privées ouvrent, lui préférant Milan ou Turin dans le nord du pays. Rome, en retard par rapport à d'autres pôles européens de création artistique, semble néanmoins les rattraper depuis quelques années.
En 2010, deux musées dédiés à l'art contemporain ouvrent, le Macro et le MAXXI. Ce dernier a été conçu par Zaha Hadid, architecte anglo-irakienne de renommée internationale. C'est une commande d'ampleur qui poursuit ainsi la tradition architecturale romaine. Ces lieux présentent des artistes italiens de renom comme Gaetano Pesce ou le photographe Luigi Ghirri. Certains vivent d'ailleurs à Rome à l'instar d'Elisabetta Benassi, d'Alessandro Piangiamore et de Luigi Ontani. Parallèlement, les galeristes ouvrent de plus en plus d'établissements, mettant en avant le renouveau de la création romaine. Il en est ainsi des galeries Lorcan O'Neill Roma ou Unosunove.
Claudio Abate né et mort à Rome (1943–2017) est l'un des plus grands photographes italiens du XXe siècle. On lui doit notamment des témoignages uniques de la scène artistique romaine ou de l'Arte povera. Ses prises de vue constituent une documentation précieuse d’événements éphémères dont nous n’aurions plus de trace. Son travail fut montré à de nombreuses occasions et notamment à Rome à la Villa Médicis – Académie de France en 2001.
Elisabetta Benassi est née en 1966 à Rome, où elle vit et travaille. Elle développe depuis le début des années 2000 une œuvre conceptuelle passant par l’objet, l’installation, la vidéo, l’édition, la photo et les usages critiques de l’archive. Elle effectue des recherches autour de photographies de presse. Son travail est présenté dans des lieux mondialement reconnus, à l'instar du MAXXI à Rome à l'occasion d'une exposition en 2014.
Sten Lex est un duo d'artistes nés en 1982 à Rome et à Taranto. Ils travaillent ensemble depuis 2000 et sont considérés comme les pionniers du pochoir urbain en Italie. Leurs portraits mêlent cette technique à celle de l'op art. Ils utilisent également des milliers de bandes de papier. Depuis 2013, ils se démarquent en réalisant des pièces abstraites où le tracé devient chaotique. Vous pouvez voir leurs œuvres sur les murs de villes du monde entier. Leur travail est également présenté dans des institutions tel le Macro à Rome en 2012.
Le street art à Rome s'est développé en dehors du centre-ville, dans les quartiers populaires, à l'écart des sentiers battus. Ne manquez pas de vous rendre à Ostiense, à San Lorenzo ou encore dans le quartier Tor Marancia. The Big City Life Project a eu pour but de transformer ce dernier en galerie à ciel ouvert pour lui redonner vie alors qu'il était plutôt laissé à l’abandon. Vous pourrez voir 22 murales dont chacune d’elles est en lien avec au moins un habitant de l’immeuble sur lequel elle s'épanouit. Un vrai défi pour les 20 artistes qui ont participé au projet, mais le résultat est là, car depuis 2015, aucune fresque n’a été endommagée. Rome compte de nombreuses réalisations d'artistes internationaux du street art tels que Herbert Baglione, MOMO...
Alice Pasquini aka AliCè, née à Rome, est illustratrice, peintre et scénographe. Elle fait partie de la scène internationale du street art. Ses personnages, enfants ou femmes, sont dessinés au posca sur fond de bombe aérosol, soulignés au pinceau, renforcés parfois par de la mosaïque. Elle repeint en 2016 la station Due Ponti de Rome. Son travail est présenté dans des lieux mondialement reconnus, à l'instar du MAXXI à Rome à l'occasion d'une exposition en 2014.