La forêt en pâturages
L'Amazonie brésilienne a vu sa surface se contracter de 20 % en cinquante ans. 80 % des surfaces amazoniennes détruites sont la conséquence du développement de l'élevage bovin extensif, le reste est notamment dû à la culture du soja, à l'exploitation du bois et du sous-sol et à l'orpaillage. Dans les années 1960, le "code forestier" ou código florestal, obligeait les propriétaires terriens d'Amazonie à conserver 80 % de leurs propriétés en espaces naturels. Las, même avec le retour de la démocratie au Brésil, cette mesure n'a jamais été appliquée. En 2012, sous la pression des écologistes, la présidente Dilma Rousseff a opposé son veto à une proposition de loi, visant à faciliter la mise en exploitation des espaces naturels par les propriétaires terriens. Durant sa mandature, de 2019 à 2023, Jair Bolsonaro a autorisé l'utilisation de plus de terres pour l'agro-industrie et l'orpaillage, tant et si bien que la déforestation a augmenté de 85 % dès sa première année de mandat. Affaiblie par la déforestation, l'Amazonie est en proie à des incendies de plus en plus meurtriers. En octobre 2023, Manaus, la capitale de l'État d'Amazonas suffoquait sous une épaisse fumée pendant plusieurs semaines. La sécheresse et le réchauffement climatique sont sur le banc des accusés mais nombres d'incendies sont d'origine anthropique, provoqués par des éleveurs.
Rio de Janeiro, à son échelle, a été également très impacté par la déforestation, comme tout l'État fluminense dont une grande partie a été transformée en plantations de café. La Mata Atlântica, qui l'habillait entièrement autrefois, a été réduite à la portion congrue. Il n'en reste plus qu'une partie, bien qu'elle recouvre encore 17 % de la superficie de l'État. L'une de ces reliques, la forêt de Tijuca, recouvre la cité merveilleuse dans ce qui est la plus grande forêt urbaine du monde. Il s'agit, en fait, d'une forêt secondaire, qui a été replantée sous le règne de Pedro II, qui y sema 100 000 arbres natifs en treize ans pour reconstituer la forêt originelle, entièrement défrichée pour être transformée en plantations de café.
L'État du Minas Gerais est également un des plus actifs en termes de déforestation de la forêt atlantique. Sur les 10 communes brésiliennes qui déforestent le plus, 5 sont mineiras. Pourtant, les signaux sont plutôt positifs, grâce aux efforts conjoints de l'État et de certaines ONG.
Des déchets envahissants
Le Brésil consomme comme un pays riche, mais recycle comme un pays émergent. À peine 3 % des déchets sont recyclés, et ce taux est en baisse, puisqu'il était de 4,25 % en 2010, montrant le désengagement ou l'incurie de l'État envers un secteur peu "porteur" économiquement et/ou politiquement. La faute à un manque d'infrastructures et de campagnes de sensibilisation, seuls 15 % de la population ont accès au recyclage, qui reste peu performant. On doit le peu de recyclage effectué au Brésil aux catadores, ces travailleurs informels qui sillonnent les rues de Rio et du Brésil pour ramasser les déchets et récupérer quelques centimes de consigne. On estime qu'ils sont à l'origine de 90 % du recyclage au Brésil. Ils ont même fait du Brésil le champion mondial du recyclage de canettes : chaque canette rapportée vaut environ un centime.
Comme dans de nombreux pays en voie de développement, près de la moitié des déchets finit dans des décharges sauvages, qui polluent les nappes phréatiques, les sols et l'océan. La plage de São Conrado, à l'ouest d'Ipanema, en a fait les frais en 2021, quand une vague de milliers de déchets plastiques s'est abattue sur elle. Il faut dire que le Brésil est le quatrième plus gros producteur de plastique au monde. La baie de Guanabara est l'un des plus importants centres de pollution au plastique de tout le Brésil, avec plus de 216 milles tonnes de plastique par an. Le recyclage n'est qu'un élément de réponse mais ne saurait être à lui seul la solution à un problème beaucoup plus global. Pour les environnementalistes, il s'agit désormais d'arrêter la production de plastique.
Jeux olympiques : des promesses bafouées
Lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Rio en 2016, devant les caméras du monde entier, des athlètes semaient ensemble 13 000 graines de 207 espèces d'arbres indigènes au Brésil, pour replanter symboliquement la forêt atlantique de Rio. Les jeux se devaient d'être socialement et écologiquement durables, clause de l'attribution de cette manifestation. Comme souvent, une fois les caméras reparties, les belles intentions resteront lettres mortes. Les premières graines, devenues entre-temps arbustes, n'ont été plantées dans le sol carioca qu'en 2019. En 2024, le projet n'est toujours pas abouti, alors que la « forêt des athlètes » était prévue pour l'ouverture des Jeux de Tokyo, en 2020… Pire encore, une des rares zones préservées a été détruite. On a, en effet, installé le terrain de golf olympique dans la réserve naturelle de Marapendi. La Mata Atlântica originelle a donc été sacrifiée sur l'autel de la renommée. La zone du golf, aujourd'hui abandonnée faute de budget pour l'entretenir, n'a toujours pas réussi son "retour à la nature". La faune et la flore des origines sont toujours aux abonnés absents.
Comme la Seine qui devait être "baignable" à Paris pour l'ouverture des jeux en juillet 2024, l'autre promesse phare du comité était le nettoyage de la baie de Guanabara, très polluée par les eaux usées et les déchets plastiques. À l'ouverture des Jeux de Rio, l'objectif de réduire de 80 % la quantité d'eau usée rejetée n'était pas atteint et nombre de compétitions aquatiques ont dû être délocalisées. Et aucune amélioration dans la qualité de l'eau n'a été vue les années qui suivirent. Pourtant, ici encore, Rio est en passe de réussir son pari. La société Aguas do Rio a été chargée de traiter 99 % de l'eau potable de l'ensemble de la baie et 90 % des eaux usées. Ce programme de 22,7 milliards de réais devrait à terme, permettre de recouvrer la qualité des eaux autour des 47 îles et des 53 plages de la baie de Guanabara. Le tunnel de rejet des eaux usées de 9 kilomètres au large d'Ipanema a été désobstrué pour la première fois depuis 1980. La vie marine revient chaque jour un peu plus. On a pu observer des hippocampes, animaux marins sensibles à la pollution des eaux que l'on n'avait plus vus depuis des décennies. Le travail de dépollution semble donc très doucement porter ces fruits.
Mariana : une catastrophe écologique sans précédent
En novembre 2015, Mariana, une petite ville du Minas Gerais, a été le théâtre de la pire catastrophe écologique qu'ait connue le Brésil. Un barrage s'est rompu et des millions de tonnes de boue toxique ont inondé la région. ce barrage d'eau douce était une retenue de déchets issus d'une mine de fer en amont. En quelques heures, les villes de Bento Rodrigues et Paracatu de Baixo étaient rayées de la carte, englouties par la rivière de boue qui a parcouru 600 km. Ce torrent s'est déversé dans la rivière Rio Doce, abritant de nombreuses espèces menacées ou endémiques, dont la survie est encore incertaine à ce jour, faute d'études suffisamment poussées. Ce flot mortel a poursuivi sa route jusqu'à l'Atlantique, dont on estime qu'il mettra des siècles à éliminer les résidus toxiques, métaux lourds hyper polluants.
Le secteur minier, l'un des piliers de l'économie du Minas Gerais (littéralement « mines générales » en portugais), avec ses multinationales puissantes, ne semble pas avoir tiré de leçon de cette tragédie. Un autre barrage minier du même exploitant s'est rompu à Brumadinho en 2019. Bien que la quantité de boue libérée ait été trois fois moins importante, le bilan humain et environnemental fut, là aussi, colossal.
Les institutions en charge de l’environnement
Dans cet État fédéral, plusieurs institutions sont en charge de l'environnement. La plus haute autorité environnementale est le Ministério do Meio Ambiente, le ministère de l'Environnement, situé à Brasilia. Il trace les grandes lignes de la politique environnementale du Brésil, depuis sa création en 1985.
Il contrôle l'IBAMA (institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables), qui a plutôt un rôle de surveillance et de répression des infractions.
Enfin, l'Instituto Chico Mendes de Conservação da Biodiversidade (ICMBio) a la lourde tâche de gérer les 1 000 zones protégées du pays. Il est nommé en l'honneur de Chico Mendes, un "seringueiro" (cueilleur de latex), assassiné par des nervis de grands propriétaires parce qu'il avait fait de la protection de l'Amazonie son combat.
Les parcs nationaux de Rio et du Minas Gerais
L'État de Rio de Janeiro compte cinq parcs nationaux. Le Parque nacional da Tijuca – Floresta da Tijuca est bien entendu le plus connu. Avec une superficie de 4 000 hectares, il englobe de nombreux symboles de la ville (Pedra da Gávea, Corcovado, Christ Rédempteur…) dans un environnement spectaculaire. La forêt n'abrite pas seulement de nombreux animaux, comme le coati commun (Nasua nasua), le ouistiti commun (Callithris jachus) ou le porc-épic laineux (Sphiggurus insidiosus), endémique au Brésil. Elle est une véritable corne d'abondance pour les habitants de la cité merveilleuse, à travers ses nombreuses sources, les racines de ses arbres qui limitent l'érosion, ses sols qui absorbent les inondations et ses végétaux qui agissent comme des dépolluants naturels envers la pollution atmosphérique.
Le Parque nacional da Serra da Bocaina est quant à lui le plus grand de l'État, avec plus de 100 000 hectares. Il a été créé en 1971, à cheval sur les États de Rio et São Paulo, autour des magnifiques littoraux de Paraty. De nombreuses espèces animales et végétales menacées y trouvent refuge. Cinq mammifères endémiques de la forêt atlantique la peuplent, parmi lesquels quatre espèces de singes, et un rongeur apparenté au porc-épic, le Sphiggurus villosus.
L'État de Rio, toujours précurseur au Brésil, compte aussi les deux premiers parcs nationaux du pays : le Parque nacional do Itatiaia, créé en 1937, et la Serra dos Orgãos, en 1939. Le premier, qui veut dire « rocher pointu » en tupi, une langue indigène, porte bien son nom, puisqu'il renferme le cinquième plus haut sommet brésilien, le Pico das Agulhas Negras. Le second doit lui aussi son nom à ses montagnes, qui rappellent les tuyaux d'un orgue (orgão en portugais). Enfin, le Parque nacional da Restinga da Jurubatiba comprend un écosystème typiquement brésilien appelé restinga. Il s'agit d'un cordon de terre sablonneuse entre une lagune ou l'océan. Il ne s'agit ici pas seulement de la plus grande restinga, mais aussi de la mieux préservée du pays, puisqu'elle est quasiment vierge de toute trace humaine.
À Rio, au pied de la forêt de Tijuca, le Jardim Botânico peut presque être considéré comme un parc naturel à part entière. Il est connu à l'échelle mondiale pour sa collection de plantes brésiliennes et exotiques spectaculaire. Il comporte 6 500 espèces, dont certaines sont menacées d'extinction. Le jardin botanique est, en effet, chargé de répertorier la flore brésilienne, et de protéger les espèces menacées du pays.