Guide de voyage Lake Victoria

Le lac Victoria (ou Nyanza en kiswahili) est le plus grand lac d'eau douce d'Afrique et le deuxième au monde, avec 68 100 km², soit deux fois la taille de la Belgique. Il s'étire sur 320 km de longueur (du nord au sud) et 275 km de largeur, une mer dans un continent ! Il doit son nom aux explorateurs anglais Burton et Speke qui l'ont découvert en 1858 et l'ont baptisé en l'honneur de la reine Victoria. D'assez faible profondeur, il est situé à près de 1 100 m d'altitude. Il est bordé aussi par le Kenya, l'Ouganda, et constitue donc une triple frontière. Il est source du Nil Blanc, le plus long affluent du Nil, et formé par une dépression entre les deux branches de la vallée du Grand Rift formée il y a 400 000 ans. Les rives ouest et sud du lac sont habitées par les Wahayas, qui cultivaient déjà le café bien avant l'arrivée des Européens. Le lac Victoria comprend côté tanzanien trois grandes villes : Mwanza, Bukoba et Musoma et, en visites touristiques, la réserve de Saanane Island, le parc national de Rubondo Island et les intéressantes îles d'Ukerewe, Kome et Maisome non loin de Mwanza.

Attention, la bilharziose est assez présente sur toute la côte sud du lac Victoria, ce qui nous incite à déconseiller vivement les baignades.

La perche du Nil, la surpêche et la pollution. Rendu tristement célèbre en 2004 par le film documentaire de l'Autrichien Hubert Sauper (Le Cauchemar de Darwin), le plus grand lac d'Afrique, jadis surtout connu pour être à la source du Nil, ne va pas très bien. Dans les années 1950, l'introduction de la perche du Nil à des fins commerciales et destinée à l'exportation en Europe avait déjà constitué un véritable désastre écologique. De par son incroyable voracité, ce poisson - qui représente aujourd'hui 80 % des poissons du lac - est responsable de la disparition de quelque 200 espèces ces 40 dernières années. Cette soudaine et rapide disparition vaut au lac Victoria de figurer en première place au classement des lacs ayant connu l'extinction la plus rapide de vertébrés, dont certains vieux de 14 000 ans ! La jacinthe d'eau est aussi une espèce invasive végétale très présente.

De plus, le niveau des eaux du lac connaît une baisse notable... Si les stocks de poissons diminuent, la pêche chute aussi. Les profits sont en chute libre pour les populations des trois pays concernés. Les tilapias sont responsables de la fermeture de plusieurs sociétés de pêche. Il y a aussi de plus en plus de pêche illégale, à tel point que même la perche du Nil est en surpêche. On peut attribuer la baisse du nombre de perches du Nil au trop grand nombre de bateaux. De 130 000 pêcheurs en 2000, ils sont de nos jours plus de 200 000 et font vivre 4 millions de personnes. On ne laisse pas le temps aux poissons juvéniles de grandir. Les autorités réagissent en orientant, par exemple, les entrepreneurs à investir dans des fermes à poissons, spécialement pour la perche du Nil. Ce serait une des conditions pour l'obtention de la licence d'export de poissons du lac Victoria. Autre problème de taille : la pollution. Il est grandement pollué par de multiples substances rejetées par les villes, des déchets de plastique en très grande quantité, des engrais chimiques... La situation est très préoccupante. L'eau est trouble près des villes et les poissons se raréfient encore plus. La pollution avance inexorablement. Pour autant, des financements internationaux tentent de contrer les problèmes majeurs. Ainsi, l'Agence française de développement (AFD) a alloué, en dix ans, 950 millions d'euros aux secteurs de l'eau et l'assainissement au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Grâce à ces projets, plus de 11 millions de personnes bénéficient d'un accès amélioré à l'eau potable, et plus de 3 millions de personnes ont accès à un système d'assainissement, l'un des gros problèmes de pollution du lac. À Mwanza, la grande ville tanzanienne en bordure de  lac, les eaux souillées par les excréments ont contaminé le lac et entraîné des épidémies. En 2018, l'AFD a financé l'installation d'un " système d'égouts simplifié " pour le traitement des eaux usées domestiques, le renforcement des stations d'épuration et la construction de toilettes dans les écoles.

Économie. Le lac Victoria reste pourtant un poumon économique essentiel pour la région est-africaine. Contrôlé par la Tanzanie (à 49 %), l'Ouganda (à 45 %) et le Kenya (à 6 %), ce lac de 69 000 km² (plus grand que le Rwanda et le Burundi réunis) représente un moyen de survie pour 30 millions de riverains. Ce qui fait de son bassin l'une des régions du monde les plus densément peuplées. A la pêche, il faut ajouter l'agriculture, l'élevage, la floriculture, le transport et le tourisme au rang des secteurs dont l'essor est favorisé par le lac.