PALAIS DE DIOCLÉTIEN (DIOKLECIJANOVA PALAČA)

Le palais de l'empereur romain Dioclétien fut classé, par l'Unesco, au patrimoine de l'humanité en 1979. Il constitue aujourd'hui le centre historique et culturel de Split. Surplombant la baie, l’édifice de la fin du III^e siècle ap. J.-C. a été construit sur un plan rectangulaire de près de 29 000 m². Son architecture combine la structure carrée d’une grande villa à celle d’un castrum militaire, coupé par deux grosses artères, le decumanus (d'ouest en est) et le cardo (du sud au nord), qui donnent accès aux quartiers et appartements de l'empereur. Les domestiques et centurions résidaient eux dans la partie nord. Quatre portes d'entrée monumentales ouvrent sur des cours intérieures, l'imposante du sud, magnifiée par le péristyle aux sphinx égyptiens, ouvre sur la mer. La façade sud du palais est augmentée d’une galerie d’arcades. Les autres façades fortifiées sont moins ouvragées. Les remparts épais portaient seize tours dont quatre principales aux angles. A l’est du péristyle, trône le mausolée de Dioclétien. La cathédrale ou la tour de l'Horloge se trouvent à l'intérieur du palais.

Quatre portes d'entrée monumentales. Vers le X^e siècle, lorsque la ville se développe à l'extérieur des murs d'enceinte du palais, les portes des remparts ont pris toute leur importance. L’extension se fit d’abord par l’ouest. La Porta Ferrea (porte de Fer), l'entrée principale de la ville, faisait le lien entre le palais et les premières habitations extérieures. L’église Saint-Théodore se niche à l’intérieur de son arche.

Au sud, la Porta Aenea (porte de Bronze) débouche sur la promenade de la mer (riva). C'était la porte d'accès des navires de marchandises qui ravitaillaient le palais impérial. On les entreposait dans des galeries souterraines (partie sud), aujourd’hui utilisées pour différentes expositions.

La Porta Argentea (porte d’Argent), de plan rectangulaire, qui a perdu ses deux tours, fait face au grand marché aux puces de la ville.

Au nord, l’ex-Porta septemtrionalis, sous l'Empire romain, qui devint Porta Aurea sous l’influence vénitienne (XVI^e siècle) ou Zlatna Vrata en croate (porte d’Or), est la plus impressionnante des quatre. Entrée principale, elle fut tracée dans l'axe routier qui menait à Salona, capitale de la Dalmatie, sous Dioclétien. C'est par cette porte que, pour la première fois, le 1^er juin de l’an 305, l'empereur investit son palais. De forme rectangulaire, avec une cour intérieure, typique de l’architecture militaire défensive et deux portes d'accès, elle possède, en façade extérieure, des niches vides, là où se tenaient les Tétrarques (statues représentant quatre empereurs, Dioclétien, Maximien, Galère et Constance Chlore). Au XI^e, on y adjoint une chapelle (Saint-Martin). En 1929, la statue monumentale de l’évêque Grégoire de Nin (Grgur Ninski) est posée, dans son axe. Ce chef-d'œuvre du sculpteur, Ivan Meštrović, représente l'évêque prédicateur du X^e siècle, connu pour avoir promu la langue croate. L'orteil de son pied droit en bronze est poli. Les passants continuent à le toucher, la tradition veut que ça porte bonheur.

Péristyle. Place principale du palais, cette cour rectangulaire permettait l'accès aux appartements impériaux par quelques marches et un vestibule. À ce point-ci, les deux axes principaux, cargo maximus et decumanus se croisent, une intersection où, aujourd'hui encore, le peuple se réunit. Orientée vers la loggia, le péristyle est bordé de chaque côté d'une arcade à colonnes, surmontées de chapiteaux corinthiens qui supportent une haute corniche. Certaines colonnes en granite rouge corail rappellent que, depuis l'ère de Dioclétien, le pourpre devint la couleur impériale. Du haut de la tribune du péristyle (côté sud), l'empereur apparaissait au peuple. Dans l'entrecolonnement (côté est), un sphinx égyptien surveille le mausolée (cathédrale). Il daterait du règne du pharaon Thoutmôsis III (1504-1450 av. J-C.). Les Splitois considèrent le Péristyle comme le centre de leur ville, voire du monde !

Temple de Jupiter. Face à la cathédrale, à l’ouest du péristyle et gardé comme le mausolée par le sphinx, ce temple jupitérien de plan rectangulaire était considéré par le célèbre architecte écossais Robert Adam comme l’un des plus beaux monuments européens. Il fut transformé en baptistère vers le VII^e siècle. C'est le plus grand des trois temples construits à l'ouest du péristyle, bien représentatif du polythéisme romain de l’époque. Sous sa base, une crypte avec voûte en calcaire soutient la cella du temple. Des fonts baptismaux, formés de plaques de chancel d’autel, y sont installés vers le XII^e siècle, dont une représentant un roi croate (Petar Krešimir IV ou Zvonimir). Au fond du temple, sculpture en bronze de saint Jean-Baptiste de la main d'Ivan Meštrović. Dans la partie ouest, se trouvent les deux autres temples dédiés à Venus et Cybèle.

Complexe souterrain (Podrum). Les soubassements du palais, qui sont autant de salles et de galeries dans l'entresol, permettaient de surélever les appartements de l'empereur à l’étage supérieur. Ces sous-sol ouvragés reprennent le plan au sol du logis impérial. Longtemps abandonnées, ces pièces obscures ont servi de dépôt voire de décharge. Les archéologues ont dû dégager des tonnes de terre agglomérée avec des déchets organiques et minéraux. À voir : des sculptures, des colonnes romaines et des expositions contemporaines.