MONASTÈRE MEGISTI LAVRA

Au pied du mont Athos, dans la partie sud de la côte orientale et perché à 160 m au-dessus de l'Égée, voici le plus ancien, le plus grand et le plus prestigieux monastère de la péninsule : celui de la Grande-Laure (Ιερά Μονή Μεγίστης Λαύρας/Iera Moni Megistis Lavras). Formant aujourd'hui une sorte de petite ville fortifiée défendue par 15 tours, il fut fondé à l'emplacement d'une cité antique en 963 par saint Athanase l'Athonite. Moine issu de la noblesse byzantine et ami de l'empereur Nicéphore II Phocas, l'initiateur du grand élan monastique de l'Athos est enterré ici dans la chapelle des Quarante-Martyrs-de-Sébaste… l'une des 21 églises et chapelles du complexe ! Elle constitue l'extension nord du catholicon aux murs d'un rouge profond. Celui-ci fut en partie érigé par Athanase, mort en 1003, lors d'un effondrement pendant les travaux. La nef est ornée de remarquables fresques peintes par le grand maître Théophane le Crétois en 1535, tandis que le narthex a été redécoré en 1854. Au sud, la chapelle Saint-Nicolas conserve, elle, les œuvres réalisées en 1560 par Frangos Katelanos, à qui l'on doit aussi, dans les Météores, les fresques les plus précieuses du monastère de Varlaam.

Trapeza, skites et trésor. La trapeza (réfectoire) est pour sa part la plus vaste de l'Athos : en forme de croix, elle abrite elle aussi de superbes fresques de Théophane le Crétois. À son apogée, au XIV^e siècle, le monastère abrita jusqu'à 700 moines, avant d'être victime de raids de mercenaires espagnols et de pirates. Figurant toujours à la première place du classement hiérarchique des 20 monastères de l'Athos, il accueille aussi la plus importante communauté : environ 320 moines. Pour autant, tous ne vivent pas sur place. La Grande-Laure doit en effet son nom à son mode de fonctionnement : la laure (lavra). Une partie des moines vivent en ermites dans les alentours et se retrouvent, en théorie, le samedi soir, pour une liturgie collective. Le monastère compte ainsi une quinzaine d'églises et une dizaine de skites réparties autour du mont Athos. Les plus importants de ces ermitages sont Agia Anna et Mikra Agia Anna, au sud de la côte occidentale, tandis qu'au sud de la péninsule se trouvent les grandes skites de Prodromou (roumanophone) et de Kapsokalyvia qui disposent chacune de leur propre port. Enfin, le monastère abrite le plus riche trésor de l'Athos. Constitué d'icônes et d'objets précieux accumulés depuis le X^e siècle, il n'est montré qu'à certains hôtes de marque. Mais il est, dit-on, digne des plus grands musées d'Europe !