PORT

C’est par ici que vous arriverez, à l’emplacement du Port sacré (Iero Limani). Il est émouvant d'imaginer que l’on débarque à son tour ici - même si l'on est un peu plus nombreux - comme les pèlerins de l’Antiquité qui se rendaient au sanctuaire d’Apollon. Juste à côté de ce site, au nord de la digue, se trouvait alors l’emporion, l’immense port de commerce antique qui faisait de Délos la « Hong Kong du monde grec ». Mais l’arrivée est un peu décevante : les anciens quais, les entrepôts et les bassins de construction navale ont disparu avec la montée des eaux. Désormais, sur la digue moderne, se dresse un visitor center où il faut s’acquitter des droits d’entrée et où l'on peut trouver des renseignements.

Histoire. Du II^e siècle av. J.-C au II^e siècle apr. J.-C., l'île fut «  le plus grand centre commercial qu’il y eut sur toute la Terre  », écrivait le grammairien romain de Narbonne Sextus Pompeius Festus (II^e siècle). Outre les biens nécessaires aux pèlerins de Délos (vivres, encens, etc.), c’est sur l’emporion de Délos que transitaient une grande partie des céréales, du bois, de l’huile et le vin entre la Grèce et l’Orient, soit 750 000 tonnes par an au I^er siècle av. J.-C. L’île tirait aussi sa richesse de son grand marché d’esclaves : environ 10 000 hommes, femmes et enfants étaient ici mis à l’encan chaque jour. Le port disposait aussi de ses propres chantiers où étaient construits les navires de la puissante flotte de commerce délienne. Mais la plupart des installations portuaires ne communiquaient pas avec le reste de l’île, les marchandises étant stockées ici avant d’être réexportées.

Fouilles. Les fouilles du rivage entreprises par l’École française d’Athènes à partir de 1897 ont permis de mettre en évidence l’existence de trois ports : le port Sacré où débarquaient les pèlerins, l’emporion avec ses entrepôts et ses chantiers navals, mais aussi un port archaïque situé au nord du quartier du Lac et utilisé jusqu’au IV^e siècle av. J.-C. Aujourd’hui, rares sont les ruines visibles. Et pour cause, depuis le II^e siècle, le niveau de l’eau a monté de 2,50 m. Toutefois, en 2017, les archéologues grecs et français ont lancé une campagne de fouilles sous-marines. Celles-ci ont révélé l’existence d’un immense brise-lames de 160 m de longueur et de 40 m de largeur au large du débarcadère actuel. Ils ont aussi découvert de nombreuses épaves de navires remontant au V^e siècle av. J.-C. avec des chargements d’amphores de provenances très diverses, attestant ainsi de la forte activité commerciale durant l’Antiquité.