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QUARTIER DU LAC

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Delos, Grèce
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Attention, image d'Epinal ! Ou plutôt de Délos. Ce quartier abrite en effet le monument le plus connu de l’île, c'est-à-dire la terrasse des Lions, très certainement la partie la plus célèbre et la plus photographiée de Délos. Avant d'arriver, vous aurez certainement aperçu ces cinq statues de lions assis sur leurs pattes arrière, leurs pattes antérieures droites et la gueule ouverte, sur quelque guide ou carte postale. Cependant, ce monument iconique ne saurait faire trop d'ombre à la très impressionnante agora des Italiens et… deux paires de testicules. Il doit son nom actuel à l’ancien lac sacré, unique étendue d’eau de Délos aujourd’hui asséchée. Il est aussi appelé quartier de Skardana, puisque c’est dans la baie de Skardana, au nord, que se trouvait l’ancien port. Jusqu’au IVe siècle av. J.-C., c’est dans ce port dit archaïque que débarquaient les pèlerins salués sur leur trajet vers le sanctuaire d’Apollon par les rugissantes statues de la terrasse des Lions.

Salle hypostyle. Cette salle « supportée par des colonnes » (hypostylos) se situe à l’extrême sud-ouest du quartier du Lac, 50 m à droite de la sortie nord du sanctuaire d’Apollon. Mesurant 56 m de longueur sur 34 de largeur, soit 1 840 m2, c’est le deuxième plus grand monument après l’agora des Italiens. Son usage n’est pas connu avec certitude, même si l’on suppose qu’il s’agissait d’une auberge ou d’un réfectoire pour les pèlerins. L’édifice fut construit en 208 av. J.-C. par les Déliens, mais les Athéniens remplacèrent les noms des donateurs pour se l’approprier en 166 av. J.-C. Et, au IIIe siècle de notre ère, il fut transformé en monastère. La salle était constituée de trois murs pleins et de 15 colonnes en marbre en façade. À l’intérieur, la toiture était soutenue par 44 colonnes en poros (tuf local) réparties en neuf rangées de cinq colonnes sauf au centre du bâtiment où une colonne était omise pour dégager un espace plus large.

Dôdékathéon. Datant des environs de 300 av. J.-C., ce temple « des Douze Dieux » est placé juste à la sortie nord du sanctuaire d’Apollon, en face du coin sud-ouest de l’agora des Italiens et à 50 m à l’est de la salle Hypostyle. Il s’agit d’un édifice en marbre amphiprostyle, c’est-à-dire avec une seule rangée de colonnes en façade. Dans un espace modeste (16 x 10 m) étaient honorées trois triades, celle d’Apollon (Apollon, Artémis et leur mère Léto), celle de Zeus (Zeus, sa fille Athéna et son épouse Héra), celle de Déméter (Déméter, sa fille Coré/Perséphone et Eubouleus, une figure du panthéon des mystères d’Éleusis, qui remplace ici Dionysos) ainsi que trois autres divinités sur lesquelles des doutes subsistent (sans doute Poséidon, Aphrodite et Hermès).

Agora des Italiens. Ce centre d’affaires et d’artisanat est inséré entre le sanctuaire d’Apollon (au sud) et le Lac sacré (au nord). S’étendant sur 1 ha, c’est le plus vaste monument de l’île. Installée à Délos depuis le IIIe siècle av. J.-C., une riche communauté de Romains résidait principalement dans le Quartier du lac. Vers 130 av. J.-C., ces banquiers et commerçants originaires du sud de l’Italie et de Sicile créèrent ici leur luxueuse agora, l’un des principaux lieux d’échange de la Méditerranée pour les céréales et les esclaves. Pour cela, ils firent assécher les marais au sud du lac et obtinrent la permission de détruire l’ancien téménos (quartier sacré) dédié à Léto, la mère d’Apollon et d'Artémis. Le résultat, somptueux, est toujours partiellement visible. Au centre de l’agora, la grande place rectangulaire (48 x 68 m) était entourée d’un péristyle à deux niveaux avec des pilastres au 1er étage et 112 colonnes doriques au rez-de-chaussée, dont deux, au nord, ont été relevées avec leurs épistyles. Les archéologues ont également remonté certains murs des bâtiments. En retrait de la colonnade, des alcôves accueillaient toute une série de statues, pour certaines remarquables, comme celle du marchand Gaius Ophellius Ferus, exposée au musée. Les côtés nord et est du péristyle étaient occupés par les « bureaux » des négociants, tandis que les fragments de sculptures et d’instruments de musique retrouvés dans les ailes sud et ouest indiquent que celles-ci devaient accueillir des ateliers. L’entrée principale de l’agora était placée à l’ouest, à côté du Létôon, un petit temple de la période archaïque (vers 540 av. J.-C.), dont la base constituée de gros blocs taillés est l’ultime trace du culte voué autrefois ici à Léto. Le coin nord-ouest de l’agora accueillait quant à lui des bains.

Terrasse des Lions. C'est le passage obligé, et parfois la première étape visée par certains visiteurs. Donc, vous y voilà. À l’extrémité nord-ouest de l’agora des Italiens et face au Lac sacré, voici la partie la plus célèbre, la plus photographiée de Délos. Cinq statues de lions assis sur leurs pattes arrière, leurs pattes antérieures droites et la gueule ouverte. Ils affichent entre 1,64 et 1,80 m de hauteur et le plus imposant mesure 3,21 m de longueur de la tête à la queue. Toutefois, il s’agit de copies. Les originaux, menacés par les éléments, ont été relégués au musée de l’île depuis 1999. Installés ici par les Naxiens à la fin du VIIe siècle av. J.-C., les lions de Délos étaient au départ bien plus nombreux : neuf voire seize répartis face à face en deux rangées sur 50 m de longueur. L’abandon du site puis les pilleurs ont eu raison de la plupart de ces félins en marbre de Naxos. Les survivants ont été mis au jour par les archéologues français entre 1886 et 1906. Leur morphologie étonne : crinières peu fournies et corps maigres. On attribue souvent cela au fait que les sculpteurs n’avaient jamais rencontré de lions. De lions d’Afrique, sûrement, mais ce que les artistes de l’époque archaïque ont ici représenté, c’est le Panthera leo, c’est-à-dire le lion d’Europe, un animal plus fin et qui a survécu en Grèce continentale jusqu’au Ier siècle av. J.-C. Le réalisme n’est toutefois pas le souci premier. La rudesse des traits donne de la puissance aux lions qui devaient impressionner les visiteurs. En effet, jusqu’à la création du port actuel, c’est par ici que les pèlerins passaient pour parvenir au sanctuaire d’Apollon en arrivant du port archaïque de la baie de Skardana (200 m au nord), détruit à la fin du IVe siècle av. J.-C.

Lac sacré. En face de la terrasse des Lions et au nord de l’agora des Italiens, ce petit lac est aujourd’hui asséché et couvert d’une végétation dense. De forme ovale (70 m d’est en ouest et 100 du nord au sud), il accueillait, selon la mythologie, les cygnes sacrés d’Apollon et faisait à ce titre partie des lieux de culte dédiés au dieu. Entouré d’un muret et approvisionné par l’Inopos, l’unique ruisseau de Délos, il permettait d’alimenter les nombreux jardins des environs avant la création du quartier du Lac au IIe siècle av. J.-C. Faute d’entretien après l’abandon de l’île, ses eaux stagnèrent et il devint un foyer de paludisme au XIXe siècle, avant d’être comblé et asséché en 1925. Les archéologues français plantèrent alors un palmier au centre du lac, clin d’œil au mythe de la naissance d’Apollon et d'Artémis. Un palmier est toujours visible et accessible par l’un des deux sentiers qui serpentent dans la végétation.

Maisons. Au nord du lac sacré, vers la baie de Skardana, subsistent une dizaine de pâtés de maisons aux murs et ruelles bien conservés. L’ensemble n’est pas sans évoquer les ruines de Pompéi et c’est l’une des parties les plus « parlantes » de l’ensemble du site archéologique de Délos. Toute une série de maisons remarquables sont indiquées par des panneaux et des numéros sur les plans. La plupart ont été incendiées lors d’un raid de pirates en 69 av. J.-C. Parmi ces habitations, ne manquez pas la maison du Diadumène (n° 55), la plus grande de toute l’île. Avec une surface au sol de 958 m2, elle hébergeait sans doute une confrérie. Elle doit son nom à la découverte sur place, en 1894, d’une copie romaine en marbre de la célèbre statue de bronze du Diadumène (« au bandeau ») réalisée par Polyclète au Ve siècle av. J.-C. Très élégante, la maison du Lac (n° 59) date du IIe siècle av. J.-C. et fut occupée par deux générations de la même famille jusqu’à l’incendie. Elle est typique des belles villas de Délos : un vaste atrium desservait toute une séries de pièces réparties sur deux étages et protégées des bruits de la rue par d’épais murs aveugles. Signalée par un portique dont quatre colonnes ont été relevées près de la terrasse des Lions, la Loge des Poséidoniastes (n° 49) fut érigée au IIe siècle av. J.-C. pour une confrérie de marchands phéniciens adorateurs du dieu oriental Baal, assimilé par eux à Poséidon. Le quartier comprend aussi une agora (marché) et trois palestres, comme la palestre du Lac (n° 61), la plus ancienne, construite au IIIe siècle av. J.-C. Située à côté de la maison du Lac et s’étendant sur 1 300 m2, elle servait à la fois de salle de sport, d’école et de bains privés. Elle se trouve aussi à proximité de l’hippodrome appartenant au quartier du Stade (au nord-est).

Vers le musée. De la palestre du Lac, un sentier mène, 250 m au sud-est, au Musée archéologique (et au seul café – très cher – de l’île) en longeant le côté oriental de l’agora des Italiens et quatre tronçons du mur de Triarius, ouvrage défensif érigé suite au raid de pirates de 69 av. J.-C. Après la visite du musée, ne manquez pas deux autres monuments du quartier du Lac situés près de l’agora des Italiens et du sanctuaire d’Apollon.

Stibadeïon de Dionysos. Placées dos au sanctuaire d’Apollon et face au musée, les ruines de cet autel vous accueillent avec deux belles paires de testicules trônant sur des colonnettes. Il s’agit des copies de deux statues ithyphalliques (« pénis en érection ») mutilées au début de l’ère chrétienne. Les deux phallus encadraient l’entrée de cet édifice (22 x 14 m) érigé vers 280 av. J.-C. où se déroulaient les banquets sacrés donnés en l’honneur du dieu du vin et de ses excès. Le terme grec stibadeïon désigne le lit d’herbes et de joncs sur lequel se tenaient les agapes.

Fontaine Minoé. Aussi appelée fontaine des Nymphes, elle se trouve au sud-est de l’agora des Italiens, derrière le stibadeïon de Dionysos. Creusée dans un rocher sur 7 m de profondeur au Ve siècle av. J.-C. et remaniée en 166 av. J.-C., la seule fontaine publique de l’île forme un carré de 4 m de côté. Cinq larges marches descendent au bassin au milieu duquel se tient une colonne qui supportait une toiture à quatre pans couverts de tuiles. Alimentée par une nappe phréatique, la fontaine permettait aux habitants et aux pèlerins d’y puiser de l’eau. Mais une inscription antique précise : « Ne rien laver dans la fontaine, ne pas s’y baigner, n’y jeter ni ordures ni rien d’autre. Amende : deux drachmes sacrées. » Le site était en effet sacré, la source étant considérée comme le domaine des Nymphes. De toute manière, pour leur usage quotidien, les Déliens semblaient préférer de l’eau de pluie qui était stockée dans des réservoirs dans chaque habitation.

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