QUARTIER DU THÉÂTRE

Construit à partir du V^e siècle av. J.-C., le plus ancien quartier résidentiel de Délos est situé au sud du sanctuaire d’Apollon, en direction du mont Cynthe. S’achevant par le grand théâtre antique, il abrite certaines des plus prodigieuses villas de l’île et de belles mosaïques. Pour les non-spécialistes, ce sera la partie la plus agréable de l’excursion à Délos. Le quartier a été constitué petit à petit et sans plan d’ensemble. Il s’apparente ainsi à un dédale de ruelles étroites où les maisons s’imbriquent les unes dans les autres sans cohérence apparente. Le confort de chaque habitation s’est fait au détriment de l’espace public, la plupart des maisons étant cernées de hauts murs sans fenêtres. Cet aspect austère est renforcé par la perte des enduits qui font du quartier une « ville de pierre » d’allure médiévale. On s’y repère toutefois assez facilement en suivant la tortueuse rue principale, dite rue du Théâtre, qui s’étire sur 200 m.

Maison de Dionysos. Repérable grâce à ses hautes colonnes de marbre qui dépassent des murs, elle se trouve à droite dans la rue du Théâtre. Datant du II^e siècle av. J.-C., c’est l’une des plus vastes (400 m²) et des plus luxueuses habitations du quartier du Théâtre. Au cœur d’un vaste ensemble de pièces et de couloirs, les neuf colonnes de marbre de l’atrium sont des reconstitutions récentes. Elles enserrent une splendide mosaïque, originale, elle, qui représente Dionysos et donne son nom actuel à la maison.

Maison du Trident. Située à un petit carrefour le long de la rue du Théâtre, et peu avant le théâtre, c’est l’une des plus riches maisons de Délos. Construite entre 150 et 100 av. J.-C. pour un marchand syrien, elle conserve trois mosaïques. La plus belle est placée au centre de l’atrium, dont le péristyle a fait l’objet d’une restauration récente. Cette grande mosaïque figure un trident orné d’un ruban et un dauphin enroulé autour d’une ancre, le tout entouré de motifs géométriques.

Théâtre. En suivant la rue principale du quartier, la bien nommée rue du Théâtre, on parvient à cet hémicycle de 64 m de diamètre. Creusé dans une colline, il offre une vue imprenable sur le port et l’île de Rhénée. Conçu à l’époque archaïque, le théâtre de Délos était initialement destiné à des cérémonies religieuses et équipé de tribunes en bois. À partir d’environ 296 av. J.-C., il fut progressivement agrandi et muni de 43 gradins en marbre répartis en deux sections horizontales (26 et 17 gradins). On y jouait alors les auteurs classiques devant 6 500 spectateurs. C’est nettement moins qu’à Épidaure. Le célèbre théâtre du Péloponnèse, bien que moins large (58 m de diamètre), est environ deux fois plus haut (22,50 m) et accueille de nos jours plus de 12 000 personnes. Ici, l’état de conservation ne permet plus d’organiser des représentations. Seuls certains sièges de la proédrie (première rangée), dotés de dossiers et réservés aux notables, ont été épargnés par l’histoire. On reconnaît toutefois l’orchestra semi-circulaire (19,60 m de diamètre) où se tenait le chœur, l’estrade du proskénion, une colonnade de 2,67 m de hauteur réservée aux comédiens et aux panneaux mobiles du décor, puis la base du bâtiment rectangulaire (15,26 x 6,64 m) qui abritait les vestiaires. Plus bas, un grand réservoir, dit citerne du Théâtre (25,4 x 6,5 m), permettait de recueillir les eaux de pluie s’écoulant des gradins. Le théâtre fut abandonné après le raid du roi Mithridate VI en 88 av. J.-C.