Staré Město et Josefov
On peut aborder la vieille ville depuis trois stations de métro : Staroměstská (ligne A), la plus proche de Staroměstské Náměstí, de Josefov et du pont Charles ; Náměstí Republiky (ligne B), pour commencer la Voie royale dans son intégralité ; Můstek (lignes A et B) pour aborder la vieille ville par le marché Havelská. La vieille ville est petite, et il est aisé de tout rejoindre à pied. C’est la première ville de Prague, née au Xe siècle d’une urbanisation autour de voies commerciales et glorifiée par l’installation des princes de Bohême à la cour princière du Týn (týn signifie « cour » en tchèque). Au cours du XIIe siècle, Staré Město se développe ; son essor la pousse à se protéger et à construire les premières fortifications. Charles IV la hissera au rang de capitale, la dotant d’une université, d’un hôtel de ville et d’un archevêché. La première modification importante de Staré Město date de la fin du XIIIe siècle où, pour échapper aux crues fréquentes de la Vltava, toute la ville est surélevée de 3 m. Aujourd’hui, le réseau médiéval des rues reste inchangé, mais l’architecture romane est « fossilisée » dans les sous-sols actuels. Le développement administratif et politique de la ville est allé de pair avec un développement commercial dû à la création d’un grand marché. Ce marché, situé à l’origine sur la place de la Vieille Ville, s’est ensuite agrandi jusqu’aux ruelles de la cité Saint-Gall, faisant de la vieille ville le centre marchand. Aujourd’hui encore, l’animation commerciale y est présente jusque dans la plus petite ruelle. La meilleure façon de découvrir ce quartier est de se perdre dans l’enchevêtrement des rues qui entourent la place de la Vieille Ville.
Malá Strana, Hradčany et le Nord
Il n’y a pas plus romantique que le quartier de Malá Strana, dont le nom signifie « petit côté ». Fondé au XIIIe siècle, roman à l’origine, reconstruit en style Renaissance après un terrible incendie qui a ravagé la ville en 1541, il est appelé aujourd’hui « Prague baroque ». Les palais ont été construits ou reconstruits par les meilleurs architectes à l’époque baroque et sont restés ainsi jusqu’à nos jours. Les rues éclairées par des lampadaires, le soir, débouchent sur des places surprenantes et inattendues, au milieu desquelles trône souvent une superbe fontaine ou sculpture. On peut se reposer dans de magnifiques parcs et jardins qui descendent souvent jusqu’à la rivière. Pour un après-midi de détente, vous pouvez faire une belle balade sur la colline Petřin ou juste profiter du beau temps pour vous y allonger dans l’herbe et regarder le magnifique panorama qui s’étend sous vos yeux. Quand il ne fait pas beau, essayez de trouver un de ces bars ou cafés sympathiques nichés dans les ruelles de ce quartier, près de la rivière ou en montant vers le château. Le quartier de Hradčany, autour du château, se vante de posséder de nombreux palais, couvents ou églises Renaissance et baroques. Accolés à Hradčany, se trouvent les quartiers de Letná et Holešovice, résidentiels et principalement tchèques. Il est intéressant de s’y promener si vous séjournez plus durablement à Prague. Vous pourrez y découvrir, notamment, la gigantesque plaine de Letná qui abritait les célébrations communistes du 1er mai (et compte aujourd’hui l’un des plus agréables jardins de bières qui surplombe la vieille ville de Prague), le musée d’Art contemporain ou quelques bars et restaurants particulièrement sympathiques. C’est également un quartier idéal pour les enfants avec le gigantesque parc de Stromovka, un parc d’attractions, ainsi que le zoo à proximité. Au sud de Malá Strana, Smíchov est l’un des quartiers les plus éclectiques de Prague, à la fois résidentiel, industriel et commerçant.
Nové Město et Vyšehrad
Le nom de Nouvelle Ville (Nové Město) ne doit pas vous tromper sur l’âge de ce quartier puisqu’il le tient de l’époque de sa création, au XIVe siècle. La Nouvelle Ville est séparée de la vieille ville par les rues Národní et Na Příkopě, tracées à l’emplacement des anciennes fortifications. C’est Charles IV qui a décidé de fonder ce nouveau quartier pour agrandir Prague et a donné de nombreux avantages fiscaux aux nouveaux habitants de cet endroit. Son architecture est tout à fait différente de celle de la vieille ville, qui est née spontanément, au fur et à mesure. La taille de la Nouvelle Ville est trois fois supérieure à celle de la vieille ville. Les rues sont droites et s’organisent aujourd’hui autour de deux places : Karlovo Naměstí et Václavské Naměstí. Cette dernière, ancien marché aux chevaux, est le cœur vital de la capitale, avec ses cinémas, ses restaurants, ses fast-foods et casinos. Les rues qui l’entourent se sont transformées en une succession de galeries marchandes, les passages forment une vraie ville parallèle ; empruntez-les sans crainte, ils font partie du quotidien des Pragois qui souhaitent éviter la foule de la place Venceslas. Souvent, ils datent de la fin du XIXe siècle et sont joliment décorés par des peintures ou des mosaïques. Allez voir le passage du palais Lucerna construit dans le style Sécession, en 1912 avec son bel escalier qui monte au cinéma, un des plus beaux de Prague, et son café-bar qui vous rappelle un autre siècle. Karlovo Náměstí, ancien marché au bétail, est aujourd’hui la plus grande place de Prague.
La fondation de la Nouvelle Ville. Un soir de 1347, alors que le soleil se couchait sur les eaux gelées de la Vltava, Charles IV était à sa fenêtre en compagnie de son astrologue. Tous deux s’extasiaient devant la beauté du spectacle. « Libuše a prédit la gloire de Prague, annonça Charles, mais je veux la rendre encore plus belle pour en faire le plus beau joyau du monde. Toi qui lis le futur des hommes dans les étoiles, dis-moi ce que tu vois là-haut de l’avenir de Prague », demanda l’empereur à l’astrologue. Ce dernier hésita à répondre : « Je suis ton serviteur et je le ferai de bonne foi, mais j’y vois quelque chose de plus que la prédiction de Libuše et ton propre souhait. » « Parle, je t’en prie », répondit Charles. « Eh bien, j’ai regardé les étoiles et il est écrit qu’un grand feu condamnera à mort tous les habitants de Malá Straná et réduira le quartier en cendres. Mais ce n’est pas tout, les eaux envahiront Staré Město qui sera elle aussi détruite. » Ces paroles plongèrent Charles dans la plus grande consternation. Après un silence, il s’adressa à nouveau à l’astrologue : « Il se peut que les étoiles disent vrai, mais la parole de l’homme doit dépasser celle des étoiles et, si les éléments, l’eau et le feu se déchaînent sur ma ville, Prague ne mourra pas, car j’ordonne aujourd’hui qu’une nouvelle ville soit fondée, sur la rive droite du fleuve. À partir de Na Poříčí, une troisième ville se développera jusqu’aux villages de Rýbnik, de Bderaz et d’Opatovice, et les remparts l’entoureront jusqu’à Vyšehrad. Ainsi, les inondations n’auront pas la force de pénétrer jusqu’aux rues de cette ville, et le feu aura peur de ces remparts. » Les projets du roi se réalisèrent et la Nouvelle Ville fut fondée. Les gens qui voulurent s’y installer reçurent un lopin de terre, mais aussi l’obligation de construire à cet emplacement. Beaucoup voulurent que la nouvelle Prague soit nommée du nom de son créateur, Karlov, mais Charles, le « Père de la patrie », lui préféra le nom de Nové Město Pražské.
Les passages de la Nouvelle Ville. Vous devez avant tout vous arrêter à Jungmannovo Náměstí, non seulement pour admirer son magasin d’instruments de musique, mais aussi pour vous émerveiller devant l’église Notre-Dame-des-Neiges, malheureusement dominée par les hautes maisons de la place Venceslas. Son architecte ambitionnait d’en faire le plus grand édifice pragois (son toit est le plus élevé des églises de la ville), mais l’idée n’a jamais été réalisée. Derrière, ne manquez pas le jardin des Franciscains, très agréable et reposant, mais également très fréquenté.
En sortant en amont, vous ferez face à l’un des passages qui bordent Vaclavské Náměstí. En bifurquant vers la droite, vous pourrez faire une halte à la terrasse d’un bar (on y sert des glaces délicieuses), après avoir contemplé le théâtre Semafor, où se produisait une troupe jadis célèbre. Si vous n’êtes pas claustrophobe, vous pouvez suivre les autres passages jusqu’à la statue de saint Venceslas.
Vinohrady, Žižkov et Vršovice
Choisissez de vous mettre à l’écart des masses touristiques, des hôtels et des restaurants bondés, pour goûter en contrepartie à l’ambiance d’une partie de la ville résolument tchèque, réputée pour son animation nocturne, et non dénuée de quelques points d’intérêt. Bienvenue à Vinohrady, Žižkov et Vršovice, trois quartiers situés à l’est de Nové Město, à seulement quelques stations de tramway ou de métro du centre-ville. Vinohrady est un quartier ancien, délimité par l’avenue Wilsonova et la gare centrale à l’ouest, le cimetière d’Olšany à l’est et la colline de Žižkov au nord. Au milieu du XIXe siècle, il portait le nom complet de Královské Vinohrady, ou « vignes du roi ». Dès le XIVe siècle, effectivement, Charles IV y avait fait planter de nombreuses vignes, disparues lorsque Prague, voyant sa population augmenter à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, il fallut entreprendre la construction de nouveaux quartiers d’habitation. Répondant au credo architectural du temps, le quartier de Vinohrady est aujourd’hui celui qui offre quelques-uns des plus beaux exemples du style Sécession pragois. Ces immeubles, habités par l’aristocratie pragoise jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, constituent aujourd’hui l’une des principales attractions du quartier. À Vinohrady plus qu’ailleurs, il est aisé de se mêler aux Tchèques : dans le parc Riegrovy, aux beaux jours, où les pintes se vident loin de toute « branchitude » au coin d’une table ; dans les cimetières à l’est du quartier, le nouveau cimetière juif, où repose l’écrivain Franz Kafka ; ou enfin dans les nombreux bars et cafés littéraires, où les Tchèques démontrent qu’ils n’ont pas besoin de hordes de touristes pour aimer les endroits branchés ou décontractés et s’amuser jusqu’au bout de la nuit. Sur le flanc nord de Vinohrady s’est développé, également au début du siècle dernier, Žižkov, un quartier bien plus populaire, surnommé « le Quartier rouge » pour sa très forte proportion de votes communistes à chaque élection. Žižkov est un quartier d’ouvriers, où l’architecture traduit bien la différence de moyens par rapport aux autres parties de la ville. Mais le logement de la petite main-d’œuvre dans un même quartier a eu, à terme, d’autres conséquences : à Žižkov est apparue une vie nocturne dense, d’abord axée autour des cafés où l’on débattait politique. Depuis l’indépendance, une légende urbaine prétend qu’un nouveau bar ouvre chaque jour dans Žižkov. C’est en tous les cas l’un des meilleurs endroits pour assister à un concert, rock, pop ou électro avec quelques salles mythiques comme l’Akropolis qui contribuent à faire de ce quartier l’un des plus vivants de la capitale et radicalement différent des boîtes de nuit et des cabarets de Nové ou de Staré Město. Le quartier compte en outre quelques réalisations ultramodernes assez intéressantes comme l’église du Sacré-cœur et son profil de porte-avions ou la gigantesque tour de télévision et ses bébés surréalistes. Depuis quelques années, Žižkov est touché de plein fouet par la gentrification, devenant l’un des quartiers les plus prisés pour les jeunes foules branchées de Prague. La gentrification, le quartier de Vršovice connaît bien lui aussi. Coincé entre Vinohrady et Žižkov, il n’était il y a quelques années qu’une banlieue ouvrière légèrement endormie. Aujourd’hui, l’ouverture de quelques bars et lieux culturels a placé Vršovice sur les itinéraires des foules branchées à la recherche des nouveaux lieux très « in ». En conséquence, une forte hausse des prix mais aussi l’ouverture de nombreux bars, restaurants, hôtels et auberges de jeunesse particulièrement réussis.