MONASTÈRE DE SAMYE
Le monastère, bâti de l’autre côté du Tsangpo, au pied du Hépori, est accessible par bateau uniquement. Le bac se situe à 40 km à l’ouest de Tsetang et à 130 km de Lhassa. Le trajet aller prend une heure et celui du retour 45 min à cause du courant, mais il peut arriver que l’on s’ensable. Le monastère étant légèrement en amont de l’arrivée du bac, on y parvient au bout d’un trajet de quarante minutes, en camion ou en motoculteur. A pied, il faut compter deux heures. C’est le seul accès au monastère, à moins de marcher quatre jours depuis Ganden ou depuis la vallée de Gyama.
Samye, dont le nom signifie « l’incommensurable », est le 1er monastère qui fut élevé au Tibet. Le bouddhisme pénètre au Tibet sous le règne de Songtsen Gampo, au VIIe siècle, mais demeure le privilège d’une élite. Trisong Detsen veut l’étendre au peuple tout entier et donc l’établir officiellement. Il avait coutume de venir méditer dans ce lieu. Le temple d’Odantapuri (Bihar, Inde) est pris comme modèle et la construction débute en 770. Mais les esprits qui dominent le lieu s’y opposent et détruisent la nuit ce qui a été bâti le jour. Le roi entend alors parler d’un sage exorciste, très populaire en Inde, et nommé « celui qui est né du lotus » car on dit qu’il serait apparu miraculeusement dans une fleur de lotus, dans la vallée de Swat. Trisong Detsen l’invite, et les trois stûpa blancs taillés dans le rocher au sommet de la colline, au lieu-dit « Tchuru », commémorent cette rencontre entre un roi et un sage, où aucun ne veut s’incliner devant l’autre. Finalement, pour démontrer sa puissance, le sage Padmasambhava fait jaillir des flammes de ses mains et le roi se prosterne devant lui. Cette scène est représentée sur une fresque du monastère. Celui qui va devenir Guru Rimpoche, un second bouddha pour les Tibétains, soumet alors les esprits bön et les divinités locales, les transformant en gardiens et en protecteurs de la doctrine. La salle des protecteurs de Samye est, à cet égard, particulièrement impressionnante.
Une fois le monastère terminé, en 792, un débat met en présence le maître chinois Hoshang et le maître indien Kamalashila. Ce débat durera des mois et l’on raconte que le maître indien l’emporte, faisant triompher sa thèse de l’Eveil progressif. Le bouddhisme ch’an (qui deviendra le zen au Japon) a cependant survécu en secret au Tibet. Shantarakshita ordonne ensuite sept hommes nobles ; ils seront les premiers moines tibétains à aller notamment méditer à Pabongka. En 986, le monastère est ravagé par un premier incendie et est reconstruit avec le soutien de Ra Lotsawa. A la Révolution culturelle, les sanctuaires des quatre continents ont été endommagés, le dernier étage rasé, ainsi que l’enceinte et les stûpa. Les pierres ont servi à construire les maisons du village qui s’est élevé autour du monastère.
Le monastère est un mandala en trois dimensions dont le temple principal est le mont Meru, centre cosmogonique de l’univers. Dans les quatre directions, les continents, encadrés de leurs sous-continents, sont matérialisés par des petits sanctuaires, presque tous détruits ou endommagés. Une enceinte circulaire et quatre stûpa aux quatre couleurs, reconstruits récemment, complètent le schéma. A l’entrée du temple principal, une stèle porte l’édit de 779 par lequel le roi proclame le bouddhisme religion d’Etat. La cloche daterait des premiers rois. Les trois étages sont d’influences différentes. Le rez-de-chaussée est chinois (kotan), mais nul ne s’entend sur les deux suivants qui seraient indiens et tibétains. Le dernier a été entièrement restauré et ses couleurs vives tranchent sur le reste du bâtiment.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur MONASTÈRE DE SAMYE
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Il n'est maintenant plus nécessaire de prendre le bateau pour rejoindre le site de Samye (visité en septembre 2015). Notre autocar a pu se garer juste à l'extérieur de l'enceinte.
Samye est en fait tout un ensemble monastique, construit sous la forme d'un mandala. Le temple principal combine les styles indien, chinois et tibétain. Un mur surmonté d'un millier de petits chortens délimite l'ensemble. Lorsque vous visitez le temple (main hall) ne manquez pas de monter d'un étage, afin d'avoir une vue sur tout le site. Il est ensuite intéressant de faire le kora, qui vous mènera vers 4 superbes chorten vert, rouge, noir et blanc.
En fonction du moment de la journée, vous aurez peut-être également l'occasion d'assister à des débats entre moines (comme à Sera), dans une petite cour à l'ouest du temple principal.