Le palais de Cnossos, centre de pouvoir le plus important de la période minoenne, est un vaste ensemble non fortifié, organisé autour d’une grande cour centrale rectangulaire. Les toits en terrasse étaient soutenus par des colonnades que l’on a voulu médianes afin d’imposer des portes latérales. L’éclairage était assuré par de nombreuses fenêtres et courettes intérieures fonctionnant comme des puits de jour. L’hydraulique était de pointe : un réseau d’égouts drainait l’eau des pluies torrentielles ainsi que les eaux usées. L’eau des sources arrivait jusqu’au palais par une série de salles de bains ou de postes d’eau. Comme il n’y avait pas de foyer fixe, on utilisait, en cas de besoin, des braseros. Le palais a été dressé sur une éminence artificielle, dominant la vallée de Kairatos. Le dénivelé de terrain a été pleinement utilisé par l’architecte de l’époque, avec deux plans : l’aile à l’est est à un niveau inférieur à celui de la cour centrale et du reste de l’édifice. Aujourd’hui, on entre dans le site par la cour ouest.
Le corridor de la procession doit son nom aux fresques qui en ornaient les murs. Des centaines de figures de musiciens, porteurs d’offrandes, prêtres et prêtresses composaient la double procession qui convergeait vers une femme, sans doute une déesse, une prêtresse ou la reine du palais. Le corridor débouche sur les propylées où se dressent de gigantesques cornes doubles, comparables à celles de taureaux, symboles de la religion minoenne. De là, un petit escalier va vers la cour centrale tandis qu’un autre conduit à l’étage supérieur.
C’est dans la cour que vous verrez la salle du trône, en pierre, reconstituée à l’identique, et son vestibule tout à côté, par lequel on observera la salle du trône. Dans ce vestibule, Evans avait placé la reproduction du trône en bois, à l’endroit où il rencontra un reste de bois calciné. C’est d’ici que vous pourrez apercevoir les très belles fresques de griffons sans ailes qui ornent les murs. Ce sont des reproductions proches des fresques originales qui sont aujourd’hui conservées dans le musée archéologique d’Héraklion. Au centre de la pièce, la vasque de pierre a été découverte dans les alentours par les archéologues. Si Evans avait imaginé que le trône de pierre était celui du roi Minos (et peut-être le plus vieux trône d’Europe), d’autres archéologues y ont vu le trône d’une prêtresse. Face au trône de pierre, un grand bassin accessible par quelques marches servait probablement à se purifier avant les cérémonies.
Au-dessus se trouvaient les salles des cérémonies, accessibles par un petit escalier de dix-huit marches. En bas de l’escalier, on accède au sanctuaire principal du palais composé de trois pièces importantes : le vestibule des cryptes à piliers, une pièce qui contient une immense jarre et la chambre du trésor du sanctuaire. C’est ici qu’ont été découverts de très précieux objets comme les déesses aux serpents, aujourd’hui au musée archéologique d’Héraklion et les tablettes d’argile contenant des inscriptions en linéaire B. Dans la partie occidentale de l’édifice étaient construits de vastes magasins où l'on accumulait, dans des immenses jarres, pithoi, le stockage des récoltes et les richesses des minos.
De l’autre côté de la cour, dans la partie orientale, se trouvaient les appartements royaux. A l’entrée de ceux-ci, au-dessus de la porte, vous trouverez la superbe fresque des dauphins, l’original étant également conservé au musée d’Héraklion. Vous remarquerez que les appartements de la reine étaient équipés de systèmes d’évacuation des eaux, constitués de canalisations en argile cuite. C'est un bel exemple de système d’irrigation mis en place sur le site de Cnossos, reflet des prouesses techniques de la civilisation minoenne.
En remontant vers le nord, vous déboucherez sur le corridor du jeu d’échecs, puis sur d’autres magasins où étaient stockées d’autres productions. Les bâtiments du nord devaient vraisemblablement servir de logement à la cour et aux domestiques. Dans la partie nord-ouest se trouve le théâtre, séparé du bâtiment du palais qu’Homère évoque en deux vers dans l’Iliade (18, 591-2) : «… la place de danse que jadis, dans la vaste Cnossos, l’art de Dédale a bâtie pour Ariane aux belles tresses » !
Vous remarquerez le véritable dédale du palais qui mérite bien son nom de labyrinthe… Mais le palais de Cnossos est-il bien, comme le pensait l'archéologue britannique Evans, le palais du roi Minos ? La splendeur du palais renfermait-elle de sombres histoires qui alimentèrent le mythe ? Si Evans avait imaginé découvrir le palais du roi Minos lorsqu’il entreprit les fouilles de Cnossos, rien ne le confirme pleinement. On se demande encore aujourd'hui si le palais de Cnossos et son incroyable dédale de pièces avait bien inspiré le célèbre mythe du Minotaure.
Les premières fouilles sur le site de Cnossos ont été entreprises en 1878 par le Crétois Minos Kalokairinos, commerçant aisé et amateur invétéré d’archéologie, alors que l’île se trouvait encore sous l’occupation ottomane. Les premiers vestiges mis au jour sont ceux de l’aile sud du palais. Se succèdent les tentatives du consul américain W.J. Stillman et de H. Schliemann et celles de l’archéologue français M. Joubin. Tous les efforts se heurtaient à la législation qui empêchait l’expropriation du terrain. Il fallut attendre la libération de la Crète en 1898 afin que le site devienne propriété de l’Etat et que les fouilles systématiques, entrepris par A. Evans, puissent avoir lieu.
Et c'est bien car on en ressort moins bête et la tête à l'envers devant la démesure du Palais de ce roi Minos compte tenu de son époque de construction !
Il faut absolument coupler cette visite avec le Musée Archéologique d'Héraklion...