SYNAGOGUE ETZ HAYYIM

La petite synagogue de Hania est dissimulée dans une impasse derrière la très touristique rue Kondilaki. Elle est ouverte à la visite et nous vous conseillons fortement de passer la porte et d'entrer dans la minuscule cour intérieure pour découvrir l'histoire des juifs de Crète. L'entrée est gratuite et les visiteurs sont les bienvenus : il y aura toujours quelqu'un pour vous faire une visite guidée en anglais ou répondre à vos questions, donc n'oubliez pas de laisser une petite pièce pour l'entretien et la rénovation de ce lieu historique.

La communauté juive de Crète, de tradition romaniote, l'une des plus anciennes d'Europe, s'installe sur l'île à la période hellénistique, autour du III^e siècle av. J.-C. Relativement isolée des autres diasporas juives, la communauté crétoise se développe malgré les occupants qui envahissent successivement l'île. Le sort des juifs de Hania et de Crète change grandement, et pour le mieux, à la faveur de l'occupation ottomane qui supprime les lois spéciales et les ghettos imposés par les Vénitiens avant eux. Au XVII^e siècle, l'administration turque lègue une ancienne église vénitienne du XIV^e siècle aux juifs de Hania. Ils y fondent leur synagogue, celle que l'on visite aujourd'hui. Repérez les traces de l'église gothique d'origine, notamment les arcs en ogive dans ce lieu de culte qui, exceptionnellement, ne sépare pas les hommes des femmes.

Avec l'arrivée des Ottomans, la communauté n'est plus restreinte dans ses activités commerciales et peut enfin se développer. Au XVIII^e siècle, on compte environ 2 000 juifs et 8 synagogues en Crète mais les siècles qui suivent voient la population chuter drastiquement jusqu'à l'occupation allemande de 1940. A l'arrivée des nazis, il ne reste plus que 400 juifs à Hania. Seules 10 familles survivront. Le 21 mai 1944, l'ordre est donné d'arrêter tous les juifs haniotes afin d'être déportés. Le 9 juin, les 276 juifs arrêtés sont embarqués sur le Tanaïs qui part pour Le Pirée, direction Auschwitz. En chemin, la flotte britannique torpille le navire, le méprenant pour un bâtiment militaire allemand. Il n'y a aucun survivant. A la fin de la guerre, les quelques familles restantes se convertissent toutes au christianisme ou abandonnent leur foi : la communauté juive de Hania s'éteint complètement. La synagogue est abandonnée et laissée en ruine, et le toit s'effondre en 1995. C'est à cette époque qu'une campagne de reconstruction et de revitalisation est lancée depuis Athènes. Les fonds nécessaires sont collectés et la synagogue est rouverte en 1999.