MUSEÉ ARCHÉOLOGIQUE

Le premier musée de Hania a été inauguré en 1899, presque un an après la libération de la Crète de l’Empire ottoman. Selon la nouvelle Constitution, les antiquités et, en général, le patrimoine historique, se mettaient sous la protection du « Conseil Hégémonique de la Cité Crétoise », autrement dit le gouvernement de l’île de cette époque-là. Ainsi, les premières collections antiques ont été abritées dans la bâtisse qui accueillait auparavant le Tribunal de Hania. Un an plus tard, M. Tsivourakis, le premier donateur d'antiquités, enrichit la collection préexistante. Après l’union de la Crète avec la Grèce et, plus précisément, en 1934, suite à l’incendie qui a endommagé le Tribunal, les antiquités ont été transférées au sous-sol du bâtiment qui abritait le premier collège de la ville. Pendant l'occupation allemande, de 1940 à 1942, les antiquités sont placées au marché municipal de la ville, puis en 1942, les collections sont réunies dans la mosquée de Kiutsuk Hassan, se situant sur port vénitien. En 1946, après la libération de la Crète, le bilan est triste : un tiers de ces antiquités et trésors culturels, d’une valeur inestimable, s'est volatilisé.

De 1950 à 1962, le Katholikon du monastère vénitien dédié à saint François a été rénové afin d’accueillir le musée de Hania, et cela, jusqu'en 2020. Entre temps, en 1996, le terrain appartenant jusqu'alors au consulat russe a été accordé au ministère de la Culture grec. C’est donc sur ce terrain-là que commencent, en 2013, les travaux de construction du nouveau musée de la ville, inauguré en 2022. Ainsi, pour la première fois de son histoire, la ville dispose enfin d'un lieu spécialement conçu pour abriter et exposer ses précieuses collections provenant en grande majorité de la Crète occidentale.

Le nouveau musée archéologique se situe dans le quartier de Chalepa, le deuxième quartier le plus important après le quartier vénitien. Il a été construit sur un terrain de 11 526 m² et occupe une surface de 6 000 m². A une altitude de 98 m au-dessus du niveau de la mer, il offre aux visiteurs une vue panoramique sur une grande partie de la ville et, surtout, sur la côte et la mer. La composition - deux volumes distincts qui semblent émerger de la terre - fait référence à tous les trésors qui, avant de trouver leur place dans le musée, ont, eux aussi, émergé de la terre ! Les collections permanentes sont réparties dans les trois salles du rez-de-chaussée et dans celle du premier étage.

Dans la première salle, la rétrospective historique commence par les découvertes qui témoignent de la présence de l'Homme à Hania et vont jusqu’à 1100 av. J.-C. Le visiteur pourra alors commencer à se faire une idée de la vie à l'époque préhistorique grâce aux objets exposés, les photos et les reconstitutions minutieusement élaborées. L’ensemble offre un aperçu du monde magnifique de la Crète occidentale et du rôle important joué dans l'Antiquité par le palais de Kydonia. Parmi les objets : le scarabée en faïence (1400-1375 av. J.-C.) qui représente la deltos (bulletin) du pharaon Amenhotep III (P 6182) découvert à Kastelli. La tablette (KH5) en linéaire A (1459 av. J.-C.) portant un texte en quatre vers et où l'on peut distinguer les idéogrammes concernant les figues, le vin et le blé, provenant de Kastelli également. Une amphore (KH Z 43) employée dans le commerce avec une inscription en linéaire B datant de 1300-1250 av. J.-C. On y distingue des syllabogrammes tels que ze-ta-ro qui très probablement nous transmettent le nom du producteur, alors que le « wa » signifie peut-être que cet objet appartenait au roi de Kastelli.

La deuxième salle présente les découvertes d'une période qui s'étend de -1100 jusqu’à la fin du III^e siècle av. J.-C. C'est une période où les palais sont remplacés par des cités-États. Parmi ces cités, celle de Kydonia, d’Aptera et de la Fédération des Oréens (montagnards). Les visiteurs y découvrent des aspects des activités productives, les alliances, le commerce entre l'est et l'ouest, la frappe de monnaie. Parmi les objets exposés : le fragment d’une figurine féminine (Π 607), importé d’Alexandrie en Égypte, portant des bijoux et une couronne composée des feuilles et des fruits, datant du IV^e s. av. J.-C., le collier en or (M 710) datant des XIII^e-XII^e s. av. J.-C. composé de rosettes et provenant de la région d’Apokoronas.

Dans la troisième salle, le visiteur découvre différents aspects de la vie quotidienne de l'époque historique à travers l'artisanat et la reconstruction d'une maison détruite par le tremblement de terre de 365 apr. J.-C. L'exposition est également enrichie par des sculptures ainsi que par des trouvailles provenant du temple dédié à Asclépios qui se situait à Issos. Il s’agit d'objets témoignant du culte et des coutumes funéraires de l'époque. Le rôle qu’Asclépios a joué en Crète occidentale ainsi que la destruction de la maison dite de « Filargyros » (avare en grec) sont présentés au cours des projections pendant la visite. On y admire un flacon de parfum de couleur bleue (Γ 84) en verre ayant la forme d’un oiseau (fin IV^e–début III^e siècle av. J.-C.).

Au premier étage, la collection de Konstantinos et Marika Mitsotakis comprend 1 049 anciens objets (IV^e millénaire–III^e siècle av. J.-C.). Elle est composée de vases, figurines, sceaux, bijoux et d'autres objets de grande valeur. Parmi les antiquités, on distingue le groupe de sceaux minoens, et plus particulièrement le sceau représentant un minotaure (Σ 195) datant de 1350 av. J.-C. environ.