Guide de voyage Kaesong

Cette petite ville de 200 000 habitants ne ressemble en rien à une capitale. Et pourtant, de 918 à 1394, ce fut une ville raffinée d'où les rois de Goryeo dirigeaient leur royaume. Après le transfert de la capitale à Séoul et les diverses invasions et guerres, il ne reste pas grand-chose de son ancienne gloire. On peut y voir tout de même l'Académie Seonggyunggwan, fondée en 992 et reconstruite après les invasions de 1592. On y enseigna le confucianisme jusqu'à ce qu'une académie du même nom soit fondée à Séoul en 1398. Il abrite à présent le musée de Goryeo (ou Koryo) qui expose des objets de toutes sortes en rapport avec ce royaume. Dans la ville, un quartier ancien a conservé des maisons de style traditionnel que l'on n'aperçoit que de loin. On peut encore voir le pont Sonjuk construit en 1216, le monument Songin qui honore le lettré Jeong Mong-ju fidèle à Goryeo et que Yi Seong-gye, fondateur de Joseon, fit assassiner sur le pont Sonjuk, mais aussi la porte du Sud (Nammun) du XIV^e siècle abritant une vieille cloche, et l'Académie confucianiste Sungyang seowon.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors de la séparation des deux Corées au niveau du 38^e parallèle, la ville au sud de cette ligne est logiquement considérée comme faisant partie de ce qui est aujourd'hui la Corée du Sud. Lors de la guerre de Corée, la ville est reprise par l'armée nord-coréenne, puis reprise par les forces dirigées par les Nations Unies en octobre 1950. Il faudra attendre l'intervention des forces chinoises (régulièrement oubliées dans les descriptifs historiques de libération de Corée du Nord) dans le conflit pour que la ville repasse sous contrôle du Nord jusqu'à la fin de la guerre de Corée. Les négociations pour un cessez-le-feu se déroulent dans la ville en juillet 1951 avant d'être finalisées à Panmunjeon, là où se trouve la zone démilitarisée (DMZ). L'armistice du 27 juillet 1953 reconnait la souveraineté du Nord sur Kaesong, seule ville passée du contrôle du Sud au Nord après la guerre de Corée.

Depuis 1953, le statut de la ville a évolué à plusieurs reprises : en 1955, la ville est mise sous administration directe de Pyongyang pour contrôler l'influence du Sud et prévenir d'éventuelles révoltes. En 2002, la ville regagne une indépendance toute relative avec la création de la zone économique spéciale de Kaesong à l'occasion de laquelle deux territoires lui sont retirés. Il faudra attendre 2003 pour que l'administration directe de la ville cesse : l'intégralité de la zone géographique de Kaesong, à l'exception de la zone économique spéciale qui conserve un statut particulier, est intégrée à la province du Hwanghae du Nord. La ville, pendant longtemps capitale de royaume, est aujourd'hui une " simple ville " conservant tout de même les trésors liés à son histoire.

A proximité, se trouvent quelques tombes royales, comme la belle tombe du roi Gongmin (1352-1374). On peut encore voir une des trois plus célèbres chutes d'eau de Corée du Nord, la chute Bagyeon de 37 m de haut, située à 24 km du centre. De là on peut accéder à la forteresse Daehungsanseong, au temple rupestre de Gwaneumsa qui remonte à Goryeo et au temple Daehungsa.

Autre escapade originale : Panmunjeom. C'est la partie nord-coréenne du village où se rencontrent les représentants du Nord et du Sud pour les éventuels pourparlers. Ceux qui sont allés au Sud dans ce village tireront un grand profit d'aller dans l'autre partie. De toute manière, c'est une visite édifiante et même terrifiante. On n'est alors qu'à 70 km de Séoul.

Le rapprochement entre les deux Corées dans le cadre de la sunshine policy se traduit par la mise en place d'une zone économique spéciale à Kaesong, dans laquelle les entreprises sud-coréennes peuvent investir. Malheureusement, en raison des tensions actuelles, ces activités sont quasiment au point mort.