Guide de voyage Katiola
Katiola ou " Cité du Hambol ", est une ville située à 50 km de Bouaké sur la route de Korhogo. Elle compte près de 130 000 habitants et sa principale attraction réside dans les poteries des femmes de l'ethnie mangoro (l'une des deux principales ethnies de Katiola, avec les Tagbanas). Celles-ci sont exposées et vendues en centre-ville, près du marché et dans la Maison des potières. Inaugurée en 2014, cette maison a été construite par les Nations Unies pour la protection, la promotion et l'autonomisation de la femme en milieu rural. En Afrique, les femmes sont généralement chargées des travaux domestiques et des champs tandis que l'art et l'artisanat sont l'apanage des hommes. Spécialité prépondérante de cette caste de femmes-artisanes plutôt rare donc : les canaris, sortes de vases en forme de calebasse qui conservent la fraîcheur. Les plus aguerries de ces potières peuvent en réaliser jusqu'à une quarantaine par jour. À Katiola se trouve également un Centre de formation professionnelle en art et céramique qui constitue l'une des fiertés de la cité potière. Créée en 1957, cette école s'est aujourd'hui enrichie d'une filière de formation en décoration textile.
L'extraction de l'argile. La terre argileuse qui les compose est extraite une fois l'an, en saison sèche, dans les carrières de brousse situées aux portes de la ville. Pendant deux à trois mois, plusieurs dizaines de femmes s'y activent à l'aide de pioches et de dabas. En théorie, il est strictement interdit aux étrangers de pénétrer sur ces carrières ou d'assister à l'extraction, les sites, également hauts lieux d'adoration des ancêtres, étant régulièrement purifiés et contrôlés par le chef du village et demeurant le royaume privilégié des femmes. Vous pouvez cependant tenter d'obtenir une autorisation du doyen pour aller visiter les lieux. Sur place, la terre rouge éventrée en fosses et creusée de galeries s'amoncelle en petits tas, propriété personnelle de chaque potière, signalée et protégée par de petits totems de pierre et autres fétiches censés décourager tout vol.
La fabrication des poteries. Le processus de fabrication en lui-même est aussi ingénieux que sommaire. L'argile est disposée sur un socle fixé au fond d'une sorte de grand plat incurvé que les femmes font tourner d'une main, tout en imprimant de l'autre la forme voulue au bloc de terre humide. Une fois cette forme de base obtenue, elles usent de leurs propres doigts, du woya (sorte de petit couteau qui sert à affiner les contours de l'objet) et autres racloirs rudimentaires, ainsi que de divers ustensiles (souvent même des pièces détachées récupérées chez le mécanicien) pour modeler les contours des pièces, en lisser les surfaces et imprimer des motifs décoratifs réguliers en creux sur l'argile encore humide, dont elles estompent du pouce les arêtes trop saillantes. Dans le cas des canaris, la surface à décorer est roulée sur une petite tige tressée, ce qui donne les motifs cordés spécifiques à ces récipients. Une fois l'objet façonné, on passe une couche de peinture à base d'argile et d'une décoction de plantes pour obtenir cette couleur ocre si particulière. Chaque pièce est ensuite mise à sécher puis recouverte de paille et disposée sur un four artisanal. Les teintes brun foncé s'obtiennent en plongeant directement le récipient dans le feu, ensuite de quoi la poterie est vernie et prête à rejoindre les autres sur les étals des marchandes officiant en centre-ville ou dans la Maison des potières. L'étape de la cuisson est particulièrement délicate et empreinte de mysticisme : en effet, selon une croyance populaire, lorsqu'une potière sort son pot du feu et constate qu'il est toujours noir, c'est un signe des ancêtres annonçant qu'un malheur va survenir dans sa famille.
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