Histoire Histoire

La région du lac Mälaren est peuplée par des communautés vikings parmi lesquelles s’établit le site actuel de Stockholm. Ce site est un point stratégique de contrôle du flux maritime, permettant de se défendre contre des invasions. Ses routes commerçantes voient le trafic d'objets du monde entier, tels que des objets perses ou chinois, devenant un haut lieu de la civilisation viking suédoise. Le Musée viking de Stockholm offre une exposition fascinante sur cette époque, avec des navires vikings datant du IX^e siècle.

Le nom « Stockholm » apparaît pour la première fois dans une lettre rédigée par le régent Birger Jarl. Stock signifie, en vieux suédois, « une multitude de », et holm signifie « îlot ». La ville se limite alors à Stadsholmen, emplacement de la vieille ville actuelle à Gamla Stan.

Dans une lettre pour le pape, Stockholm est décrite comme étant la plus grande ville de Suède, « s’étant peuplée plus que toute autre ville du pays en si peu de temps ». Son expansion est largement due à sa croissance commerciale, dont le commerce du fer, qui forma l’alliance entre les dirigeants suédois et la Ligue hanséatique, puissante association des villes marchandes de l’Europe du Nord. Ainsi, Stockholm devient une ville portuaire incontestable, renforçant le pouvoir de la Couronne.

La peste noire décime plus d’un quart de la population de Stockholm.

La reine du Danemark acquiert la ville de Stockholm.

L’Union de Kalmar unifie jusqu’en 1523 sous une même monarchie les trois royaumes du Danemark, de la Suède et de la Norvège. La Norvège, à l’époque, inclut aussi d’autres territoires tels que le Groenland ou l’Islande. Cette union fait de Stockholm un point stratégique. L’Union de Kalmar est représentée par le signe de la croix, qui est encore présent sur les drapeaux du Danemark, de la Suède, de la Norvège, ainsi que l’Islande, la Finlande et les îles Féroé, tous ayant fait partie du territoire partagé entre les royaumes.

Stockholm devient la capitale de la Suède.

La bataille de Brunkeberg est gagnée par Stern Sture l’Aîné contre le roi danois Christian I^er. Les Danois sont chassés.

Les relations entre les Suédois et les Danois se révèlent être délicates. Christian II, roi du Danemark, pénètre l’île et devient le nouveau roi de Suède. Il fait exécuter 88 notables suédois en plein cœur de la ville, sur la place de Stortorget (Gamla Stan). Cet épisode gardera le nom de « bain de sang » et surnommera Christian II « Christian le Tyran ». Gustav Vasa, adversaire des ennemis de son peuple, se réfugie dans le centre du pays où il mobilise une opposition qui, en 1523, finit par s’avancer vers la capitale.

Gustav Vasa, après avoir chassé les Danois, se fait couronner à Strängnäs, à une centaine de kilomètres de Stockholm. Durant son règne, il met en place une infrastructure organisée, permettant à Stockholm de devenir l'une des principales puissances européennes. En devenant le premier roi de Suède, une identité nationale naît, permettant ainsi de quitter l’Union de Kalmar. Entre 1527 et 1528, la Réforme suédoise ferme tous les couvents opérationnels à Stockholm et abolit le latin, voulant se séparer de l’Église catholique afin de former l’Église de Suède. Quelques années plus tard, l’hôpital Danviken est construit pour remplacer les couvents. Entre 1540 et 1560, le roi entreprend des projets de fortifications de la ville par crainte d’attaques extérieures. Riddarholmen, le côté ouest de Stockholm, est muni de remparts et de tours, et le fort de Vaxholm est bâti afin de contrôler l’entrée de la Baltique. À l’intérieur de la ville, les populations pauvres sont repoussées en dehors de Stadsholmen afin de minimiser les risques créés par la surpopulation. Les habitants allemands et finlandais forment une élite dans le quartier de Stadsholmen (Gamla Stan), le cœur des échanges et commerces. Tous les jours, des navires venus du lac Mälaren déchargent leurs marchandises sur Järntorget (la place du Fer) et Kornhamnstoget (la place des Céréales). Dans les rues Köpmansgatan et Skomakargatan (rue des Marchands et rue des Sabotiers) à Stortorget (Gamla Stan) se trouvent les artisans. Et, depuis le château, désormais appelé Tre Kronor (Trois Couronnes), le roi accroît son emprise politique et commerciale : il nomme lui-même les magistrats, les échevins, multiplie le nombre de fonctionnaires royaux pour superviser les échanges.

Alors que Stockholm demeure une ville médiévale, ses dirigeants spéculent sur des projets de modernisation pour lui conférer des aspects de puissance. C’est en 1625 qu’un incendie dévastateur détruit une partie de Stadsholmen, et que de nouveaux plans de construction sont créés l’année suivante. Apparaissent les rues jumelles Stora et Nyagatan, donnant à la ville une allure de grandeur par rapport aux anciennes ruelles médiévales. En août 1628, le bateau de guerre royal Vasa, tout juste sorti de son chantier naval, coule dans la baie de Stockholm (le bateau peut être visité au Vasa Museum, à Djugården). Quelques années plus tard, le royaume de Suède rentre en conflit avec l’Empire romain, et le roi Gustave II Adolphe entre dans la guerre de Trente Ans puis décède deux ans après à la bataille de Lützen. Cette guerre est considérée comme l’une des plus dévastatrices de l’histoire de l’Europe. C’est en 1633 que la reine Christine, héritière du trône après le décès de Gustave II Adolphe, fait construire Drottningatan, la longue artère royale qui étire la ville au-delà des rives nord. Les remparts de l’est de la ville sont remplacés par de grandes esplanades au bord de l’eau (Skeppsbron). La population se multiplie, créant une période de développement économique importante. Six postes de douane réglementent le transit des marchandises entre le lac Mälaren et la mer Baltique. Des étrangers viennent régulièrement pour acquérir du fer, du cuivre, du beurre, et fournissent à la capitale du sel, du vin et des produits de luxe pour la cour. Des industries de textile et de tapisserie sont fondées. Parallèlement à l'augmentation des richesses se déroule un épanouissement culturel. C’est en 1640 que Stockholm voit apparaître le premier théâtre public, Björngårdsteatern, qui fut le plus vieux théâtre scandinave. La ville de Stockholm, devenue le cœur culturel suédois, est une escale de choix. Seulement, en 1697, alors que la ville est en plein éclat, un grand incendie interrompt la construction du nouveau palais royal de style baroque. Celui-ci ne sera achevé qu'en 1760. Durant la période qui précède son achèvement, une partie de la ville est détruite durant la Grande Guerre du Nord. Le pouvoir du royaume est affaibli, mettant un terme son époque de grandeur. Le chômage est galopant et les excès d’alcool rongent la société. Les réformes promises ne sont pas tenues et des émeutes sanglantes deviennent monnaie courante. En vue du redressement, la noblesse se met en avant et le Riksdag se pose en opposition à la monarchie. C’est ainsi que de nouveaux enjeux de gouvernance prennent place avec l’apparition de deux partis politiques : les « bonnets de nuit » et les « chapeaux ». Stockholm connaît de nouveau un temps de croissance, et en 1770 la population de la ville atteint 70 000 habitants. Mais cette poussée ne durera pas longtemps : deux guerres replongent le pays dans la misère économique et sociale.

Gustave III organise un coup d’État et reprend le pouvoir : la monarchie absolue est rétablie. Son règne marque une rupture importante dans les modes de gouvernance qui l’ont précédé : il est à l’origine de l’abolition de la torture, de la réorganisation de la justice et des finances. Le style architectural gustavien fait son apparition, influencé par le style baroque. Apparaissent la place Gustav Adolf, l’Opéra et le Ballet Royal. Le pont Nord (Norrbron) est construit pour permettre à la ville de s’étendre au-delà de son enceinte médiévale. Les riches s’installent au nord, et les pauvres au sud. Mais Gustave III est assassiné le 29 mars 1792 lors d’un bal masqué à l’Opéra.

Le premier moteur à vapeur débarque à Stockholm, et des plans de construction et de modernisation s’élaborent.

Charles XIII n’a pas d’enfants et est contraint de choisir un successeur extérieur. Pour des raisons stratégiques, c’est un maréchal de l’armée de Napoléon, originaire de Pau, qui est choisi comme prince héritier de la Couronne de Suède. Jean-Baptiste Bernadotte devient Charles XIV Jean de Suède et fonde la maison Bernadotte qui, depuis 1818, reste l’actuelle dynastie du trône de Suède. La maison Bernadotte régna également sur la Norvège jusqu’en 1905. Sous son règne est signé le traité de paix de Kiel en 1814, depuis lequel le royaume n’a plus participé à un conflit armé.

Des réformes importantes ont lieu durant les années 1830, ouvrant la voie à une ère de développement capitaliste, industriel et social. Parmi ces réformes a lieu l’ouverture de la première école offrant une éducation supérieure pour les femmes.

Naissance d’Alfred Nobel à Stockholm, ingénieur suédois et, plus tard, fondateur des prix Nobel.

En 1845, la Société suédoise des arts et de design industriel est créée ; c'est la première au monde. Puis, en vingt ans, pas moins de 800 nouveaux édifices sont bâtis dans Stockholm. Le pavage des rues s’accélère, les réseaux d’eau et de gaz se développent. Le style néo-Renaissance marque de son empreinte les bâtiments de la ville. Les pics et tours de Mariaberget sont caractéristiques de ce style qui a façonné l’horizon de Stockholm. Plus tard, l’architecte Albert Linghagen, grand admirateur du style haussmannien, propose de nouveaux plans pour Norrmalm, dont l’avenue de Sveavägen, inspirée par les Champs-Élysées parisiens, qui s’étend vers le nord sur Vasastan. La même année, Stockholm accueille une exposition industrielle d’aviation, qui fut l’une des premières Expositions internationales des arts et de l’industrie. Puis, en 1871, l’ouverture de la gare centrale permet aux lignes de chemin de fer de rapprocher Stockholm de l’Europe continentale. L’électricité et le téléphone deviennent des technologies courantes à Stockholm et près de 2 000 nouveaux immeubles sont construits. Le style néo-baroque accouche de bâtiments comme le Parlement (Riksdag), bâti sur l’îlot reliant Gamla Stan à Norrmalm, et l’hôtel de ville (Stadshus) à Kungsholmen. C’est en 1901 que le prix Nobel est remis pour la première fois selon le vœu d’Alfred Nobel, « à ceux qui, au cours de l'année écoulée, ont rendu à l'humanité les plus grands services ». C’est alors que la ville de Stockholm attire l’attention du monde scientifique, littéraire et politique. La Première Guerre mondiale éclate et marque une période d’extrême pauvreté parmi la population, période durant laquelle plusieurs centaines de milliers de Suédois quittent le pays pour s’établir, pour la plupart, aux États-Unis. Dès que la guerre est annoncée, les pays nordiques signent un accord comme quoi ils entreprendront une attitude de neutralité face au conflit. Seulement cette « neutralité » fut contestée dans l’entre-deux guerres avec l’apparition du premier institut consacré à l’eugénisme. Des théories favorisant, quelques années plus tard, l’idéologie nazie, y sont développées.

Les années 1920 sont marquées par un sentiment d’instabilité : les gouvernements se succèdent rapidement et la tension sociale s’accentue. En 1931, Stockholm est frappée par des émeutes au cours desquelles les manifestants sont violemment attaqués par l’armée. Cet évènement facilite la montée des sociaux-démocrates au pouvoir.

La Seconde Guerre mondiale est déclarée. De nouveau, la Suède prend une position de neutralité, malgré l’invasion nazie de ses voisins norvégiens et finlandais. Cependant, la Suède est sous pression, et autorise l’armée allemande à utiliser son réseau ferroviaire pour transporter ses armes et ses soldats. Le pays coopèrera autant avec les Alliés qu’avec l’Axe pendant toute la durée du conflit. Stockholm connaît de grands bouleversements dont la disparition presque entière de l’ancien quartier de Klara, remplacé par un centre d’affaires moderne. Ce centre, City, est vivement critiqué pour son manque de charme, caractérisé par un fonctionnalisme anéantissant l’empreinte architecturale historique de la capitale. La Cour européenne décidera même, en 1982, de condamner Stockholm pour l’expropriation de biens et de terrains durant cette révolution urbaine.

Stockholm est peuplée de 590 000 habitants.

En réponse aux exigences démographiques posées par l’arrivée de milliers d’immigrés d’Europe centrale et d’Amérique latine, Stockholm impose un plan de construction nommé plan Million. Ce plan vise à construire un million d’appartements formant des cités sur les frontières de la ville. Simultanément, Stockholm se dote d’infrastructures modernes. Bien que de nombreux quartiers historiques aient été remplacés au cours de cette période, d'autres zones en sont sorties indemnes, notamment Gamla Stan, Östermalm et Södermalm. Aujourd'hui, Stockholm reflète ce mélange de ses racines historiques et de sa vision futuriste.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm est fondé.

Un braquage de banque tourne à cette fameuse prise d'otages sur Norrmalmstorg, durant laquelle les otages se sont rangés du côté des braqueurs. De cet épisode naîtra le terme de psychologie « le syndrome de Stockholm ».

Le Premier ministre suédois Olof Palme est retrouvé assassiné en plein centre de Stockholm. L'auteur du crime est toujours inconnu. Une plaque lui est dédiée sur Sveavägen, la rue où il fut assassiné.

La Suède rejoint l’Union européenne.

Stockholm est élue « Capitale européenne de la culture ».

La ministre des Affaires étrangères Anna Lindh est assassinée.

La crise de 2009 affecte tous les secteurs de l'économie ainsi que la vie de la Couronne, donnant place aux forces libérales. Le parti d’extrême droite, Sverigedemokraterna, les « Démocrates suédois », entre au Parlement.

Stockholm est nommée capitale écologique européenne. La même année, Stockholm est secouée par les élections. L’atmosphère politique connaît une montée nationaliste et xénophobe. S'ensuivent de grandes manifestations populaires qui protestent contre le racisme et contestent l'entrée au Riksdag des Sverigedemokraterna.

Stockholm lance de nouveaux plans de construction. Slussen se transforme complètement, et les rives de Gamla Stan et Södermalm seront reliées par une série de nouveaux espaces publics, renforçant les liaisons piétonnes entre ces deux quartiers longtemps séparés par le dédale de routes et de passages bétonnés. On assiste aussi au percement d’un tunnel ferroviaire de 6 km sous le centre-ville, et à la construction de deux nouvelles gares pour désencombrer la gare centrale.

Les émeutes du mois de mai 2013 éclatent dans une banlieue nord de Stockholm. Elles auraient été la réponse à la mort par balle par la police d’un résident du quartier, principalement peuplé d’immigrés. L’incident est suivi par un militantisme contre la violence policière. Simultanément, ces émeutes sèment le doute sur la gestion des banlieues, s'ensuit une augmentation du nombre de sympathisants d’extrême-droite.

L’accord de Decemberöverenskommelsen (accord de décembre) est mis en place entre six des huit partis du Riksdag suédois, un résultat de la crise gouvernementale de 2014. Il exige que durant les huit prochaines années, les six partis ne voteront pas contre un budget proposé par un gouvernement.

Le Premier ministre suédois met fin à la coopération militaire avec l’Arabie saoudite. Cette rupture a lieu à la suite d’un incident diplomatique au cours duquel l’Arabie saoudite aurait empêché la ministre des Affaires étrangères de prononcer son discours.

En 2015, la Suède enregistre plus de 160 000 demandeurs d’asile. La popularité de l’extrême droite s’envole. Un an plus tard, le pays décide de durcir sa politique de migration, annonçant l’expulsion de 60 000 migrants.

Alors que Stockholm traverse une canicule, Greta Thunberg, seulement âgée de 15 ans, décide d’entamer une grève pour manifester devant le Parlement suédois dans le but de forcer les politiciens à agir sur le changement climatique. Refusant d’aller à l’école si les politiciens ne prêtent pas attention aux faits, elle inspire des milliers d’autres enfants et adolescents à faire de même. La même année, la coalition de droite, Alliansen, s’effondre devant la victoire du parti social-démocrate de gauche. Cependant, ce dernier ne parvient pas à construire un gouvernement majoritaire et finit par collaborer avec d’autres partis.

La Suède connaît environ 15 000 décès dus à la pandémie de COVID-19, et n’impose aucun confinement depuis le début de la pandémie. La même année après la démission de Stefan Löfven, Madgalena Andersson devient la première femme Premier ministre en Suède.

Greta Thunberg se rend à Glasgow, Écosse, pour la COP26, poursuivant son militantisme.

En avril, des émeutes éclatent dans plusieurs villes du pays à la suite de manifestations d'extrême droite et de l'autodafé d'un coran par le leader de la Ligne dure. La campagne des élections législatives, axée sur les problèmes d'insécurité du pays, permet à l'alliance formée par la droite et l'extrême droite de remporter les élections. C'est la première fois qu'un gouvernement s'appuie sur un parti d'extrême droite. Les Démocrates de Suède remportent une victoire significative en devenant le deuxième parti du pays avec 20,6 % des voix obtenues.

Le 1^er janvier, la Suède succède à la République tchèque à la présidence du Conseil de l'Union européenne pendant une durée de 6 mois. Par la suite, le 18 mai, confrontée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Suède demande son adhésion à l'OTAN, renonçant ainsi à son statut de neutralité. En parallèle, le pays célèbre le 500^e anniversaire du couronnement de Gustav Vasa et les 50 ans de règne du roi Carl XVI Gustaf, ce qui fait de lui le monarque ayant eu le plus long règne de toute l'histoire de la Suède.

Le groupe de musique ABBA fête ses 50 ans et la pays accueille l'Eurovision à Malmö.