Découvrez GÊNES : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Est-ce la douceur du littoral ? Ou les reflets du soleil couchant sur l’eau, les couleurs uniques de Cinque Terre ou les douces soirées d’été ? Mais tout ici semble pousser à la chanson et à l’amour de la musique. Une inclinaison lyrique et mélomane qui, dans les années 1960, a pris corps dans une nouvelle école de chansonniers, la Scuola Genovese, rassemblant nombre de cantautori importants et dont la musique a marqué une rupture nette avec l’histoire de la chanson italienne. Mais la Ligurie est également une terre de traditions, dont la plus frappante est le trallallero, chant polyphonique typique de la région, toujours un plaisir à entendre résonner au hasard des rues génoises. Enfin, si elle n’est pas Venise, Naples ou Rome, la Ligurie demeure tout de même le berceau du plus grand violoniste de tous les temps : Niccolò Paganini. Une fierté locale qui fait de Gênes et plus largement de la Ligurie un petit pays du violon.

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La musique traditionnelle

En Ligurie on aime la voix. Et rien sur place ne le raconte mieux que le trallallero. Forme de chant polyphonique typique de l'arrière-pays génois, il s’exécute sans accompagnement musical, l’harmonie naissant du contraste et de l’amalgame continu entre les voix. Le terme « trallalero » est une onomatopée, car le support de la structure des chansons est donné par la répétition de syllabes dénuée de sens, dont le seul intérêt est la consonance musicale. Chanté uniquement par des hommes, le trallalero est un art de la spontanéité, il est tout sauf rare de voir des chanteurs improviser en groupes sans se connaitre - au sein de « bœufs » nommés arrecheugeiti - dans les rues de Gênes ou de voir des ensembles connus (comme Giovani Canterini di Sant’Olcese) en chanter ici ou là.

Cette manière de chanter en chœur a influencé toute la pratique musicale traditionnelle de la région des Quatre Provinces - regroupant les provinces de Gênes, Pavie, Alessandria et Piacenza. La culture de cette aire possède un large tronc commun avec la génoise, notamment la présence d’instruments tels que la müsa, une cornemuse typique de la région que l’on joue avec le piffero, un hautbois lui aussi typique d’ici et un accordéon. Les instruments locaux brillent entre les mains de musiciens comme Ettore Losini ou Stefano Valla ou des groupes de revival folk bien connus dans le nord de l’Italie : Baraban, La Ciapa Rusa, Tendachënt, Tre Martelli, etc.

Idem, on trouve en Ligurie les danses traditionnelles typiques des Quatre Provinces, notamment des danses de couples fermés, cousines des polka, valse et mazurka, exécutées avec un pas sauté typique de la région, demandant rapidité et un grand sens de la coordination.

La musique populaire

Dans les années 1960, Gênes va être le théâtre de l’éclosion d’une nouvelle vague d’artistes en rupture avec la chanson italienne de leur temps : la Scuola Genovese (« l’école génoise »). Inspirés par des auteurs de la Beat Generation (Ginsberg, Kerouac, Burroughs) ou italiens (comme Pavese), la musique folk  américaine de Bob Dylan, la philosophie et l’ébullition contre-culturelle de leur temps, ces cantautori (le terme italien pour désigner les chanteurs auteurs-compositeurs-interprètes) chantent leur ville, Gênes, et leur pays avec une nostalgie douce-amère. Plus engagés, réalistes, employant un langage plus moderne, ces artistes ont participé à changer les perspectives de la chanson italienne en n’hésitant plus à aborder des thèmes difficiles comme la guerre ou la pauvreté.

Parmi ces artistes, le plus connu est sans aucun doute Gino Paoli, chef de file de la Scuola Genovese et génois d’adoption qui, avec sa chanson La Gatta (1961), immortalisa les toits de Boccadasse. Luigi Tenco, l’auteur de Vedrai, Vedrai (1965), incarnait, quant à lui, la Scuola Genovese dans son expression la plus raffinée et intimiste tandis que Fabrizio De André, inoubliable, était un véritable Jacques Brel italien dont la vingtaine d’albums et les textes inspirés tiennent quasiment de la littérature. Issu de la haute bourgeoisie génoise, il s’intéressait et chantait paradoxalement les rebelles, les exclus, les intellectuels déchus, héros sans exploits, prostituées, avec une grande modernité. Moins contestataire, citons également Bruno Lauzi, dont on se souvient les adaptations en italien des grands tubes de Johnny Hallyday, Georges Moustaki, Joe Dassin ou Paul Simon.

C’est en Ligurie, à San Remo, que s’organise depuis 1951 le Festival della Canzone Italiana, festival de la chanson italienne devenu, avec le temps, une véritable institution nationale.

La musique classique et le jazz

Bien que la région n’ait pas tenu une place incontournable dans l’histoire du genre, la musique de chambre, les symphonies ou l’opéra occupent une place importante dans le cœur des Génois. Et ce, surtout grâce à une immense fierté locale : Niccolò Paganini (1782-1840). Violoniste virtuose - souvent qualifié de plus grand violoniste de tous les temps -, Paganini a inventé de nouvelles manières de jouer de son instrument, bouleversant l’histoire de ce dernier. Pourvu d’un magnétisme puissant et d’une grande faculté de composition, il influença d’autres musiciens romantiques, tels que Liszt. Ses Caprices enchantèrent toute l’Europe et demeurent encore aujourd’hui un rite de passage pour n’importe quel violoniste souhaitant démontrer toute sa majesté technique.

Un modèle pour les musiciens de la région dont un des plus célèbres est le violoncelliste Massimo Amfiteatrof. Surnommé le « Caruso des violoncellistes », il brilla notamment à la Scala et enregistra de nombreuses œuvres chez Decca. Le Festival Amfiteatrof, baptisé après lui, invite chaque été depuis 1992 des grands noms du panorama musical classique italien et étranger dans la charmante station balnéaire de Levanto. Dans le même esprit, citons également le Festival International de la Musique de Chambre, rendez-vous célèbre dans le monde entier depuis les années 1960 et dont les concerts ont lieu sur la place de San Giovanni de Cervo, dans un cadre très évocateur.

Enfin, bien entendu, le Teatro Nazionale Genova (à Gênes donc) est une place tout indiquée pour la musique classique. S’il fut d’abord une référence pour le théâtre de prose et le théâtre engagé, le nouvel établissement national, né de la fusion entre le Teatro Stabile et le théâtre de l’Archivolto, élargit l’offre publique avec une programmation éclectique, entre grands classiques et nouvelle dramaturgie et concerts de musique classique ou de jazz.

D’ailleurs, en parlant de jazz, Gênes a été le berceau d’une personnalité intéressante du domaine : Giuseppe Barzizza, dit Pippo. Ce chef d’orchestre est devenu célèbre dans les années 1930 et 1940, d'abord avec le Blue Star Orchestra, puis avec l'Orchestra Cetra, en étant parmi les premiers à s’être intéressés au jazz et au swing en Italie. Depuis, le jazz est une passion locale. Le genre a par exemple son musée dans le Palazzo Ducale et l’on peut entendre de bons concerts au Count Basie Jazz Club de Gênes, aménagé dans des anciennes caves, ou au Festival International de Jazz de La Spezia qui convie le genre en plein air, partout dans la ville.
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