Guide de voyage Chuao
Sitôt débarqué sur la plage où s'amoncellent les filets de pêche et où les enfants chahutent, suivre le chemin qui longe le ruisseau et prendre à droite après le cabanon, en direction de Chuao. On peut s'y rendre en bus, mais la beauté du trajet vaut la peine que l'on s'enfonce dans cette forêt. Sur la terre ocre, les arbres gigantesques se penchent sur tout un petit monde invisible et bruyant. Les graines de cacao (vertes, jaunes ou rouges, selon leur stade de maturité) tachent des troncs assombris par un feuillage géant qui semble toucher le ciel. Les herbes frissonnent à votre passage ; vous êtes seul face à une nature triomphante. L'ancien village fondé en 1508, qui s'appelle désormais Pueblo Quemado, a été déserté par les esclaves africains, après que les Espagnols y mirent le feu, pour cause de non paiement des impôts. Sur le chemin à droite, proche du pont qui traverse le río, vous observerez un arbre aux étranges protubérances. La légende dit qu'il s'agit de visages humains, qui apparaissent lorsqu'une personne décède dans le village. Les esprits de ces personnes y seraient enfermés et voudraient s'en échapper (certainement à cause de la promiscuité un peu oppressante...), créant ces formes mystérieuses. Après 1 heure de marche environ, on arrive enfin au paisible village de Chuao, où le temps semble s'être arrêté. Le dimanche, le village est plus animé et partout résonne la musique. Les femmes jouent au bingo, au milieu des enfants. C'est une population de Noirs, descendants des Africains amenés ici pour travailler dans les plantations de cacao. " Les fortunes nées au Venezuela de la culture du cacao, commencée à la fin du XVIe siècle en utilisant comme main-d'oeuvre des légions d'esclaves noirs, étaient investies dans de nouvelles plantations et autres cultures commerciales, quand on n'achetait pas des mines, des biens fonciers urbains, des esclaves et des troupeaux. " Sergio Bagú. Depuis, le village ne s'est pas métissé. Et l'absence d'une route le reliant avec le reste du monde n'est pas fait pour l'y inciter. Même les bières Polar arrivent ici par bateau. Les seuls véhicules que l'on y voit ont été amenés par barque ! Producteur du meilleur cacao du monde, ce petit village noir possède un semblant de musée qui réunit quelques vieux outils, en fort mauvais état, destinés à la préparation du cacao. La visite de l'église est possible si vous trouvez le señor qui détient la clef (mais ce n'est pas le père Fouras). Après la récolte, les précieuses fèves sont rassemblées dans la coopérative, Hacienda Chuao, gérée par 71 associés. Ensuite, le cacao est sélectionné. On distingue le florastalero du criollo (le meilleur). Puis, il est séché et empaqueté dans des sacs (fanegas) d'une cinquantaine de kilos. Expédié par bateau, il rejoindra les autres collectes de la côte à Ocumare, plus à l'ouest, pour y être vendu. Une grande bibliothèque est également en cours d'installation dans un bâtiment récemment restauré, sur la place principale à côté de l'église.
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Guide Venezuela
15.95 € - 2012-07-04 - 480 pages