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Dans sa très grande majorité (97 %), la population djiboutienne est musulmane. La région aurait été rapidement islamisée après l’arrivée de marchands arabes sur les côtes. Était-ce à l’époque du Prophète ou deux siècles plus tard ? On ne le sait pas vraiment. L’implantation de l’islam aura en tout cas été durable, renforcée par l’extension de l’Empire ottoman dans la péninsule Arabique au XVe siècle. Les Arabes se sont mêlés aux Afars, habitants de la Corne de l’Afrique, nombreux à embrasser l’islam, comme aux Somalis (Issas). L'islam est à Djibouti plutôt modéré, et religion d'État depuis1992. Le pays adhère à la Ligue arabe en 1977, et devient membre de l'Organisation de la coopération islamique en 1978. Djibouti compte aujourd’hui environ 300 mosquées, dont la moitié dans la capitale. Il existe également une petite minorité de catholiques, de protestants, d’orthodoxes (Église copte égyptienne), d’hindous et de bahaïs.

Petit rappel de l’islam historique

L’islam, mot qui veut dire « se remettre à Dieu », naquit de la volonté de son créateur Mahomet (Muhammad en arabe), originaire de la grande famille mecquoise (Arabie saoudite) de Hâshim, issue de la tribu de Quraysh. Orphelin, Mahomet est adopté successivement par son grand-père et par son oncle. Tout jeune, il devient berger puis, par la suite, est embauché par Khadidja, une riche veuve commerçante qui organise des caravanes dans le désert. Plus tard, il se marie avec elle et de leur union naissent quatre filles, dont Fatima, qui deviendra l’épouse d’Ali. Vers l’âge de 40 ans, Mahomet est touché par la grâce de l’archange Gabriel, qui lui dicte les paroles du Coran. Il prône donc la foi en un Dieu unique, Allah, et le renoncement à une vie égoïste et facile. Il estime aussi qu’il doit avertir les dirigeants de La Mecque de cette révélation. Ceux-ci voient en lui un fauteur de troubles, qui cherche à pervertir l’ordre public en endoctrinant les classes pauvres. Mahomet est contraint à l’exil forcé et se réfugie, en 622, avec ses premiers fidèles (les premiers musulmans), à Médine (encore en Arabie saoudite). Cette migration, l’hijra ou l’hégire, marque le début du calendrier musulman. Il se transforme donc en homme politique, puis en chef militaire. Voulant gagner la confiance des juifs de la ville, il leur assure la liberté du culte et introduit certains de leurs rites dans l’islam. Juifs comme musulmans se tournent en effet vers Jérusalem pour les prières. Mais la révélation progressive du Coran rompt avec eux et définit mieux les principes de la nouvelle religion. Désormais, les fidèles doivent se tourner vers la très sainte Kaaba, à La Mecque, temple cubique dédié à Ibrahim (Abraham) à qui le Prophète rattache sa religion, afin de lui donner une origine monothéiste et une continuité après le judaïsme et le christianisme. Mahomet meurt le 8 juin 632, à Médine, après avoir exercé un pouvoir politique important dans toute la péninsule Arabique. Sa gloire s’amplifia surtout après sa mort, dans le monde entier. Actuellement, on compte plus de 2,6 milliards de musulmans dans le monde (2024).

Le Coran, fondement de l’éducation musulmane

Publié en arabe en 634, deux ans après la mort de Mahomet, le Coran (Al Quran) est le seul livre sacré des musulmans. Le Coran ne fait que reprendre les paroles de Dieu, transmises à Mahomet par l’archange Gabriel (Jibraîl). La juste lecture et sa connaissance sont le fondement d’une éducation musulmane traditionnelle (écoles coraniques). Ecrit dans un alphabet archaïque, sur des omoplates de chameau, du vivant du Prophète, sa structure a évolué depuis. Seul le contenu des textes est resté inchangé. L’ouvrage présente de très nombreuses difficultés d’interprétation, dont ne peuvent débattre que les plus grands érudits. Le Coran est composé de 114 sourates (sûras), ou chapitres, et est divisé, pour des raisons pratiques de lecture, en 30 parties (juz’i). Chaque sourate est encore divisée en versets (aya), 6 211 au total.

L’islam impose à ses croyants un code de bonne conduite comprenant cinq règles fondamentales : la profession de foi, la prière, l’aumône aux pauvres, le jeûne du ramadan, le pèlerinage vers la ville sainte de La Mecque.

L’islam à Djibouti

Le pays est à très grande majorité sunnite, chafiite (courant majoritaire en Egypte, Soudan, Somalie...). Djibouti a adopté la semaine musulmane. Les jours de repos sont donc le jeudi après-midi et le vendredi. Les fêtes du calendrier musulman (la naissance du Prophète Mohamed, l’Ascension du Prophète, Aïd al-Fitr, Aïd al-Adha et le Nouvel an musulman) sont des jours fériés. Chaque ville, village, groupement de maisons possède une ou plusieurs mosquées. Elles se caractérisent par leur petite taille et des minarets plutôt bas. Mais dans une ville aussi plate que la capitale, ces derniers apparaissent nettement dans la ligne d’horizon urbaine et servent de points de repère. Les muezzins lancent l’appel à la prière cinq fois par jour et rythment ainsi la journée djiboutienne. Même si l’islam n’a jamais été aussi prégnant à Djibouti qu’actuellement, la religion n’est toutefois pas aussi omniprésente, visuellement, que dans d’autres pays musulmans. Ainsi, on voit rarement des gens faire la prière en pleine rue. La religion n’a jamais été ici source de conflits entre différents courants.

Au sein de l’Organisation de la conférence islamique (57 membres), Djibouti fait partie des Etats appliquant le droit islamique pour le statut personnel (comme au Maghreb par exemple). Depuis la création d’un ministère délégué aux Affaires musulmanes en 1999, l’Etat a autorité sur toutes les questions islamiques, y compris les mosquées, les écoles confessionnelles privées, les activités religieuses. Il contrôle les enseignements religieux, la formation des imams, tout comme les activités des fondations caritatives et coordonne toutes les organisations non-gouvernementales musulmanes du pays. Le président et les fonctionnaires de haut rang, y compris les magistrats, sont tenus de prêter un serment religieux.
L’islam est la religion officielle. La charia, la loi islamique, n’est pas loi officielle. La charia n’entraîne pas de normes rigides, on la concilie avec la modernité. Pour les questions telles que le mariage, le divorce et l’héritage, par exemple, le Code de la famille comprend des éléments du droit civil et de la charia. Des juridictions civiles traitent des mêmes dossiers pour les non-musulmans. Aucune sanction n’existe à l’encontre de ceux qui décident de ne pas suivre les préceptes de l’islam ou de pratiquer d’autres religions. On ne boit pas d’alcool, mais on tolère que les étrangers en consomment. De plus, la charia n’a jamais totalement supplanté le xeer et, la fima, les lois coutumières des tribus nées de la vie nomade, de ses exigences. Traditions ancestrales, droits coutumiers et religion font bon ménage. L’islam pratiqué ici est donc qualifié de modéré et tolérant.

Bien que l’islam soit plus présent que jamais à Djibouti, il s’y superpose donc, s’y mêle aux coutumes des nomades. On croit beaucoup aux esprits, bons ou mauvais. Tous les maux ont une origine précise et tous peuvent être conjurés par des sacrifices, des signes, des formules magiques.

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