Guide de voyage Nyiragongo
Il est 9h30 ce matin lorsque nous quittons Goma dans le vieux minibus VW avec six autres touristes. Dès la sortie de la ville, on aperçoit la chaîne volcanique qui borde la route et se dresse au dessus d'une haute plaine à la terre noire et fertile, et couverte par une végétation abondante, des cultures à étages où poussent bananiers, manioc, maïs, arachides... Des enfants nous saluent et courent en riant, des femmes partent aux champs, la houe sur l'épaule tandis que des hommes se mettent en route vers la ville, certains avec le " tchikudu ", cette robuste trottinette en bois typique à la région, chargés de volumineux paquets, de fruits et de légumes magnifiques.
On compte des centaines de cratères de toute taille, mais huit volcans majeurs, émergent : le Nyamulagira (3 058 m.), le Nyiragongo (3 471 m.), le Mikeno (4 437 m.), le Karisimbi (4 509 m.), le Visoke (3 711m.), le Sabinio (3 694 m.), le Gahinga (3 474 m.) et le Muhavura (4 127 m.). Et des excursions sont possibles sur le Karisimbi, le Nyiragongo et le Nyamulagira. Après une heure de route, nous voici au pied du volcan, à 2 000 mètres d'altitude, en plein parc des Virunga. Un vieux panneau rouillé et criblé d'impacts de balles sur lequel on peut lire encore " Parc Albert ", évoque cette époque pas si lointaine où ce parc immense était sans doute l'un des plus beaux et des mieux gérés d'Afrique.
Après les inévitables palabres avec le guide et les gardes, l'équipe de porteurs se met en place et charge le matériel. Il est 11 heures lorsque nous commençons l'ascension. La forêt est épaisse et nous montons par un sentier bordé d'une végétation luxuriante. Porteurs, guides et gardes parlent et rient, nous aussi au début mais la déclivité et l'altitude nous rendent vite moins bavards... On n'entend plus que les cris d'oiseaux, parfois un singe étonné nous regarde assis sur une branche haute. L'odeur de la jungle humide est enivrante. Toutes les 45 mn, une halte pour reprendre souffle et apprécier les environs entre deux averses. Après 1h30 environ, nous empruntons une trouée de lave durcie. La pierraille roule sous les pieds, ce revêtement coupant est redoutable pour les semelles. Le sommet est invisible à cause de l'épaisse brume et la température fraîchit. Pas de ruisseau, pas de source, et une végétation d'altitude qui se raréfie.
La cordée s'est nettement étirée en fonction de la forme physique des participants, et il faudra 45 minutes pour gravir les 300 derniers mètres, presqu'à la verticale. Il n'y a pas plus de 7 degrés maintenant, et une petite bruine lorsque nous atteignons peu avant 18 heures le sommet. Et là, au bord du cratère, dans ce puits gigantesque, l'extraordinaire vision de l'enfer, spectacle incandescent avec ces torrents de laves, ces explosions permanentes et ces fumées de soufre. La nuit tombe et le reflet du lac de lave dans les nuages est magnifique. Les tentes sont hâtivement montées et vers minuit éclate un formidable orage qui mêle ses claquements aux grondements du volcan. Un véritable " sons et lumières " cosmo-tellurique de fin de monde nous est offert. Magistral, ce spectacle entre ciel et terre nous laisse pantois au milieu de la nuit. Il nous faudra cinq petites heures le lendemain pour regagner notre point de départ, enrichis d'images uniques.
Prévoir
Nourriture pour 2 jours, une tente (possibilité de location), de bonnes chaussures et des vêtements chauds et imperméables. La montée autant que la descente exigent une bonne condition physique. Possibilité de faire le tour du cratère (3 heures). Tarif : Entre 130 et 160 $, porteurs, tente, makala compris.
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