Le site de Great Zimbabwe s'étend sur approximativement 80 ha, au coeur de la vallée de Mutirikwi. Il est géré par le National Museums and Monuments of Zimbabwe et a été classée site du patrimoine mondial par l'Unesco. Il constitue le plus grand monument et le plus impressionnant vestige de l'Afrique subsaharienne. Les ruines se composent d'une myriade d'enceintes et de murs de pierre, dont certains peuvent atteindre 11 m de haut et 6 m d'épaisseur. Edifiée au Moyen Âge, la cité de Great Zimbabwe abritait plus de 15 000 personnes et était sans doute la capitale d'un immense royaume s'étendant sur le Zimbabwe et les pays limitrophes (actuellement le Botswana, l'Afrique du Sud et le Mozambique). Aujourd'hui encore en très bon état de conservation, les grandes enceintes furent pendant des siècles les demeures des chefs tribaux et des souverains, qui vivaient là entourés de leurs familles. Bien plus que pour protéger, ces murailles furent érigées pour montrer la puissance, la richesse et le prestige du royaume.

Les origines de Great Zimbabwe furent longtemps le grand sujet de polémique qui enflammait les conversations des ethnologues et des archéologues impliqués dans les recherches et dans les fouilles... Pour les chercheurs, il était impensable d'attribuer la construction de structures aussi élaborées à des autochtones, qu'ils avaient toujours vu vivre dans des huttes de terre. Alors, ils allèrent chercher ailleurs les origines de la cité : certains y reconnurent la marque de la civilisation phénicienne, tandis que d'autres conclurent à la présence, aussi insoupçonnée que très ancienne, des Égyptiens ou des Hébreux dans cette partie reculée d'Afrique australe. Cependant, dans les années 1930, à la suite des travaux entrepris au début du siècle par David Randall MacIver, la Britannique Gertrude Caton-Thompson apporta les preuves scientifiques, anthropologiques, archéologiques et historiques de l'origine shona de la cité. Ces preuves ne furent toutefois admises que beaucoup plus tard (au moment de l'indépendance !), les colonisateurs blancs ayant le plus grand mal à accepter que le pays ait pu être riche et rayonnant sans leur présence. De nos jours, certains continuent à entretenir le doute et à faire planer une aura de mystère autour de la cité. Selon l'archéologue britannique Gertrude Caton-Thompson, les premiers occupants du site seraient arrivés au XIe siècle. Il s'agissait sans doute de plusieurs groupes indépendants décidés à se rassembler pour des raisons de sécurité et de pouvoir. Ils s'installèrent en haut de la plus grande colline et y construisirent des huttes traditionnelles. La richesse et la puissance de ce regroupement d'hommes augmentant de décennie en décennie, il fut décidé de construire de grandes enceintes de pierre. C'est ainsi que le Hill Complex naquit au XIIIe siècle et servit de demeure aux rois successifs de la cité. Au XIVe siècle, le Great Zimbabwe connut son apogée et les bâtiments appelés Great Enclosure et Valley Enclosure furent érigés. La cité devint une capitale politique, religieuse et commerciale extrêmement prestigieuse, et exerça son influence à des centaines de kilomètres à la ronde. Cette puissance, en partie acquise grâce au bétail et à une bonne gestion de l'économie, était également due à une véritable maîtrise des échanges et des négoces. Bien que ne possédant aucun minerai naturel, le Great Zimbabwe devint le principal centre d'échanges d'un empire s'étendant sur 100 000 km², entre les fleuves Limpopo et Zambèze. De l'or et de l'ivoire furent même apportés du centre de l'Afrique australe aux côtes orientales, et de là transportés en Arabie, en Inde et sans doute même en Chine ! Au XVe siècle cependant, la cité et ses alentours se révélèrent progressivement trop petits pour le nombre d'habitants (environ 15 000 à 20 000 personnes). Affaibli par des querelles intestines et par un épuisement de ses ressources naturelles, le fabuleux empire du Great Zimbabwe déclina rapidement. Ses habitants partirent par petits groupes et allèrent s'installer un peu partout dans le pays, où l'on compte plus de 150 sites à l'architecture similaire : ruines de Khami, de Danangombe, de Naletale à l'ouest, vestiges des Eastern Highlands, etc. Au XVIe siècle, quand les Portugais arrivèrent sur le site où tant de souverains puissants avaient régné en maîtres, il était quasiment désert... La cité se trouva pourtant investie peu de temps après par la dynastie Nemanwa, qui y demeura jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle elle fut remplacée par la dynastie des Mugabe. En 1834, ceux-ci furent à leur tour délogés par les Nguni. Mais à la fin du XIXe siècle, lorsque Adam Renders (un chasseur américano-germanique) découvrit la cité, elle était en ruines. Bien que délaissée et désertée pendant la colonisation, la cité du Great Zimbabwe n'en continua pas moins à exercer un incroyable pouvoir de fascination sur les habitants du pays. Considérée comme l'âme et la fierté de la nation, elle donna son nom au pays à l'indépendance (le nom Zimbabwe viendrait de l'expression shona dzimba dza mabwe qui désigne " de grandes maisons de pierre ").

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