Guide de voyage Reserve De Faune D'Abokouamekro

Grand projet d'Houphouët le Bâtisseur, cette réserve a été créée en 1986 dans l'idée de parc de safari africain aux portes de la capitale politique ivoirienne et de valoriser la Région des Lacs. Située à près de 50 km au nord-est de Yamoussoukro, elle s'étend sur une superficie totale de 20 430 ha dont, 7 230 ha dans le sud de la réserve, anciennement clôturée et aménagée à des fins touristiques. Qualifiée de " désert animal " au moment de sa création, elle a fait l'objet d'un repeuplement en faune pour le tourisme de vision, en provenance des parcs de la Comoé (Bouna) et de la Marahoué (Bouaflé), complété par quelques animaux apportés d'Afrique du Sud (notamment des éléphants et des rhinocéros blancs), la faune locale n'étant pas assez riche. Entre 1988 et 1993, 757 animaux appartenant à 16 espèces différentes ont ainsi été introduits dans la réserve, qui accueillait avant la crise politico-militaire de 2002 une moyenne de 20 000 visiteurs par an, dont plus de 90 % de touristes étrangers venus visiter la ville de Yamoussoukro et sa basilique. Mais de violentes tensions entre les gestionnaires de la réserve et les populations des villages périphériques n'ont pas tardé à survenir, car les animaux, notamment les éléphants, se frayaient un passage à travers les clôtures de délimitation du parc, saccageaient les cultures des riverains. La destruction de l'enceinte du parc au début des années 2000 a laissé le champ libre aux braconniers, et malgré les patrouilles de surveillance des agents des Eaux et forêts et de l'OIPR, la faune du parc a fortement diminué. Cumulé à la fuite des animaux - notamment les rhinocéros, qui ont plus d'une fois semé la panique dans les localités environnantes -, ce phénomène explique que la réserve d'Abokouamékro mérite encore aujourd'hui son surnom de " désert animal ". D'ailleurs, personne ne vous trompera sur la marchandise en vous vantant les mérites d'inoubliables safaris de vision. Les éléphants, qui sont 40 désormais contre 10 à la création du parc, sont à peu près les seuls qui n'ont pas été braconnés localement, il fait peur l'éléphant ! Un plan d'aménagement de la réserve a bien été approuvé, en consensus avec les populations riveraines qui souhaitent que l'exploitation du parc génère davantage de retombées économiques. Des cultivateurs et éleveurs illégaux dans le parc ont été sommés de déguerpir en novembre 2022. Si pour l'instant aucune véritable initiative touristique n'est mise en place, il semble que le projet soit en marche.