ÉGLISE SAINT-GEORGES DE KURBINOVO
Cette église orthodoxe (Црквата Свети Ѓорѓи/Crkvata Sveti Gorgi) abrite certaines des fresques les plus précieuses des Balkans. Construite à la fin du XIIe siècle, elle appartenait à un monastère dont les autres bâtiments ont disparu. Ses fresques sont datées de 1191 : au niveau de l’abside, une inscription indique que les peintres (anonymes) ont commencé leur travail le 25 avril de cette année-là. Elles sont, selon les chercheurs, un « aboutissement extrême » du grand mouvement artistique de la dynastie byzantine des Comnènes (1081-1185), dont on retrouve l’influence jusqu’en Occident.
Bâtiment. Située sur une colline aplanie et entourée d’arbres, l’église offre un beau panorama sur le lac Prespa. Elle ressemble à un corps de ferme, un bâtiment rectangulaire (17 x 7 m) construit en pierre et linteaux de brique qui a été modifié dans les années 1920 : ajout d’un porche et d’un plafond en bois, transformation des entrées sud et nord en fenêtres. Sous le porche subsistent des fresques du XIIe siècle : portraits des saints Georges, Théodore et Démétrios à cheval, des donateurs (un couple non identifié de nobles byzantins), de l’empereur byzantin Isaac II Ange (1185-1204) avec son épouse et de l’archevêque d’Ohrid Jean V Kamateros (1183-1216). À l’intérieur, les murs de 5 m de hauteur sont couverts de fresques à l’exception de certaines parties perdues, notamment sur le mur occidental et sur les zones supérieures. L’église ne possède en revanche ni iconostase ni icônes de valeur.
Abside. Le mur oriental, face à l’entrée principale, est orné des fresques les plus importantes et les mieux préservées. Le fronton, au-dessus de la conque absidiale, accueille la scène de la Pentecôte (révélation de l’Esprit saint) : le Christ en majesté – très endommagé – apparaît à la Mère de Dieu, entourée des archanges Gabriel et Michel, et aux apôtres. La conque elle-même développe le thème de l’Annonciation (l'archange Gabriel annonçant à Marie sa maternité divine) : la Mère de Dieu présente l’enfant Jésus en symbole de l’Agneau de Dieu (victime sacrificielle). Elle est une nouvelle fois encadrée des archanges Gabriel (à g.) et Michel. Cette représentation de Gabriel, surnommée « l’ange de Kurbinovo », particulièrement célèbre, figure sur les billets de 50 denars. De part et d’autre de la conque apparaissent Gabriel et Marie. Enfin, au niveau de l’autel et des murs latéraux figurent les Pères de l’Église, saint Georges, saint Érasme, les évangélisateurs saints Cyrille et Méthode et leur disciple saint Clément d’Ohrid, saint Achille de Larissa (protecteur de l’empereur bulgare Samuel) ainsi que le pape catholique Clément III (qui tenta d’éviter le schisme avec les orthodoxes). Outre sa qualité stylistique (souplesse des corps, rendu des drapés…), ce cycle comporte des éléments exemplaires tant au niveau politique (héritage bulgare, relations avec Rome) qu’iconographique avec la plus ancienne fresque de saint Méthode et l’unique portrait de saint Clément d’Ohrid réalisé au XIIe siècle. Enfin, c’est la première fois dans l’iconographie byzantine que l’amnos (thème de l’Agneau de Dieu) est représenté ainsi, entouré des représentants de l’Église, du ciel et de la terre, forme qui sera par la suite standardisée.
Mur sud. À droite de l’entrée principale, le mur est décoré du cycle des Grandes Fêtes (Nativité, baptême du Christ, etc.). Parmi elles se détache la double scène de la Visitation, au niveau de l’angle avec le mur oriental (abside) : Marie, qui vient d’apprendre qu’elle était enceinte, part chez sa cousine Élisabeth, elle-même enceinte de saint Jean-Baptiste. Dans la première scène, la jeune Marie retrouve Élisabeth, vieille femme fatiguée. Elles s’étreignent et s’embrassent. La seconde scène, en partie effacée, illustre les trois derniers mois de la grossesse d’Élisabeth durant lesquels les deux femmes vivent ensemble. C’est surtout la scène des retrouvailles qui est émouvante. Elle illustre la complicité de la maternité qui unit les deux cousines. Une telle effusion de sentiments est peu commune dans l’art chrétien. C’est d’ailleurs une des scènes de la Visitation les plus marquantes de l’iconographie chrétienne. Le thème de la maternité revient, dans la zone inférieure, près de la porte, avec une scène rare : Marie enfant allaitée par sa mère, sainte Anne.
Autres fresques. Autour de l’entrée principale, le mur occidental est richement décoré. Le fronton est dominé par le Panthéon des saints, incomplètement conservé. C’est aussi ici que se terminent le cycle des Grandes Fêtes entamé sur le mur sud et celui de la Passion du mur nord. Parmi les scènes les plus marquantes, il faut noter l’Ascension avec le Christ dispensateur des eaux vives (symbole de l’Esprit saint et de la vie éternelle) entouré de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, l'entrée à Jérusalem, la Transfiguration (le Christ révèle sa nature divine aux apôtres Pierre, Jacques et Jean), la Dormition de la Mère de Dieu, le Jugement dernier et la Théophanie de l’Ancien des Jours (révélation divine de la venue du Messie) marquée par la présence de chérubins, de séraphins et d’anges. Notez aussi sainte Marine assommant Belzébuth. Sur le mur nord, se détachent les scènes de la Crucifixion et des Lamentations (cycle de la Passion) ainsi que le grand portrait de saint Georges répondant à celui du Christ symbole de la Paix du mur sud.
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