Le Château de Valencay
Le magnifique château de Valençay, dans la ville éponyme de l'Indre, est presque un château de la Loire dans le Berry. L'édification du site a commencé au XVIe siècle, sur l'emplacement d'un ancien manoir. Cette ancienne résidence " de campagne " de Talleyrand offre au visiteur à la fois son architecture et l'aménagement remarquable de ses intérieurs mais également ses jardins, dont une partie a été dévolue à l'accueil d'un parc animalier. Ces jardins ne sont pas la moindre des richesses du site puisqu'ils ont été classés monument historique en 1992. Le château l'est depuis 2011.
A l'origine, s'élevait sur le site une villa gallo-romaine. Aux alentours du Xe siècle ce fut un donjon. Une charte de donation qui date des années 1030 évoque un seigneur du domaine : un certain Bertrand. En 1220 un château féodal est construit sous l'impulsion de Gauthier, seigneur de Valençay. Sa descendante Alice de Bourgogne l'apportera en dot à la maison de Châlon-Tonnerre.
Propriété des d'Estampes. A partir de 1451 le site devient la propriété de la maison d'Estampes, dont l'action sera primordiale pour l'édification des prémisses du château actuel. En 1520 la construction féodale est modernisée, agrandie, remaniée, afin de devenir un château plus actuel. Chaque génération de la maison d'Estampes poursuivra cet ouvrage, dans la continuité de la génération précédente, jusqu'en 1650. L'année 1540 marque un tournant pour le site : Jacques 1er d'Estampes décide de raser complètement le manoir féodal pour le remplacer par le château. Mais les travaux sont longs et ambitieux : Jacques 1er d'Estampes n'en verra pas la fin. À sa mort la façade Nord, le pavillon d'entrée et les tours d'angle seulement sont achevés. C'est Dominique d'Estampes qui poursuivra ces travaux pendant 10 ans, de 1640 à 1650.
Domaine de réceptions pour Talleyrand. La demeure est réellement remarquable. Un superbe vestibule et un escalier de marbre conduisaient à une grande salle ornée de chefs-d'oeuvre de la Renaissance, en particulier une tapisserie et une Vierge italienne, présent du Pape Innocent X à Henri d'Estampes, frère de Dominique.
En juillet 1747, les d'Estampes se séparent du domaine. Jacques-Louis Chaumont de La Millière se porte acquéreur pour un prix très attractif. Il le revendra ensuite bien plus cher à Charles Legendre de Villemorien, fermier général. Ce dernier y fait réaliser d'importants travaux : on lui doit notamment la construction de la Tour Neuve au Sud. Il fait également démolir des communs, supprime des fenêtres à la Française et le toit à la Mansart. Il poursuit son souhait : établir sur le domaine de Valençay une filature et des forges.
Le site deviendra ensuite demeure du comte de Luçay, qui, ayant besoin d'argent, le revendra en 1803. A cette époque le domaine est gigantesque : il s'étend sur 23 communes. Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d'Autun, ministre des Relations Extérieures du Consulat, s'en porte acquéreur, poussé par Napoléon Bonaparte qui souhaite une demeure somptueuse pour recevoir des diplomates et des hôtes de marque.
Une cage dorée. Talleyrand fait construire et aménager un pavillon de chasse, transforme le parc à l'anglaise et meuble le château dans le style Empire. On peut encore y admirer aujourd'hui du mobilier lui ayant appartenu.
La somptueuse demeure fait office de cage dorée de 1808 à fin 1813 pour Ferdinand VII d'Espagne son frère don Carlos, son oncle don Antonio, et leur suite qui y furent assignés à résidence. Ils ne purent quitter le château qu'en mars 1814 après la signature du traité de Valençay, qui rendait la couronne d'Espagne à Ferdinand VII.
Talleyrand revient s'établir à Valençay en 1816. Conseiller municipal, puis maire de la commune, Il rétablit le rôle industriel du site en y reconstituant la filature.
George Sand sous le charme. En 1818, ayant morcelé une propriété dont une partie revint à la commune, il consacra l'autre à la fondation d'une école pour enfants pauvres.
Talleyrand n'ayant pas de fils légitime connu, Charles X créa à sa mort le titre de duc de Valençay pour que le domaine reste dans sa famille.
Aujourd'hui, le château de Valençay et son parc, témoins d'une riche Histoire, font partie des lieux incontournables du Berry. L'architecture du château, qui compte une centaine de pièces, est remarquable et le site d'une grande beauté. Les salons abritent un mobilier somptueux.
La superficie du parc, qui comporte une glacière, est d'une quarantaine d'hectares. Le jardin à la française date du début du XXe siècle. George Sand disait de Valençay : " Ce lieu est l'un des plus beaux de la terre et aucun roi ne possède un parc plus pittoresque. "
Le Parc Naturel Régional de la Brenne
Le Parc Naturel Régional de la Brenne a été créé en 1989, à la demande d'élus et d'acteurs locaux qui tenaient à préserver ce territoire unique. Il couvre 51 communes. L'ensemble regroupe plusieurs paysages différents. Le coeur du Parc ou grande Brenne, au nord de la rivière Creuse, est composé d'étangs et de buttons (petites collines où le grès a résisté à l'érosion). C'est le paradis des oiseaux d'eaux qui nichent ou migrent parmi les 3 000 étangs du territoire. A l'est, la Queue de Brenne comporte moins d'étangs mais le sol y est tout aussi pauvre. C'est une zone de landes à bruyères et de bois. Tout au nord, le Pays d'Azay est une zone de grande culture. Le pays blancois, à l'ouest est composé de sols calcaires, de plateaux creusés par les rivières. Au sud de la Creuse, la Petite Brenne reste en partie humide mais c'est surtout un territoire de bois. Tout au sud, le Boischaut sud est une terre de bocage où l'on élève moutons et vaches. Les vallées de la Creuse et de l'Anglin marquent la limite entre Grande Brenne et Petite Brenne.
Ce territoire reste préservé. La biodiversité y est grande, bien qu'elle décroisse aujourd'hui. On y rencontre des grands animaux (cerfs, chevreuils, sangliers), comme des renards, blaireaux, martres et fouines. Le castor et la loutre sont présents sur les rivières et les chauves-souris dans les cavités. Les plateaux calcaires abritent de nombreuses espèces d'orchidées. L'architecture rurale traditionnelle reste présente dans le paysage : des toits de tuiles plates, de couleur brune, fabriquées localement, des enduits ocre, des moellons de grès. Certains hameaux sont préservés comme Le Bouchet, La Boudinière, Pré-Picault, Jovard, Château-Guillaume).
Les produits du terroir y sont nombreux : les poissons d'étang (fumés, en rillettes ou terrines), le miel, le fromage de chèvre, les poteries.