Découvrez la Laponie : À l'écran (Cinéma / TV)

La Laponie a attiré les productions finlandaises comme internationales à partir de la seconde moitié du XXe siècle. La région septentrionale de la Finlande ne connaît en revanche que très peu de productions locales, les équipes de tournage viennent du sud du pays, quand elles ne sont pas étrangères. Depuis de nombreuses décennies, la Laponie semble attirer de plus en plus de grosses productions, et ses splendides paysages deviennent le décor de nombreux films étrangers à succès, dont l’intrigue se déroule rarement sur place. Ainsi, certaines scènes de Stalingrad (1993) ont été tournées en Laponie, tout comme pour The Eagle has Landed (1976) de John Sturges, Reds de Warren Beatty, avec Diane Keaton (1981), ou encore Le Quatrième Protocole, 1987, de John McKenzie. Le réalisateur britannique Ken Annakin y tourne une adaptation de Jack London, L’Appel de la forêt, en 1972, où la Laponie fait figure de Canada.

Un décor idéal pour la production nationale

Des cinéastes finlandais tournent en Laponie à partir des années 1950, à l’instar d’Erik Blomberg qui y réalise Le Renne blanc, un film de genre peu banal : un chasseur épouse une sorcière qui se métamorphose en renne vampire, qu’il devra, malgré lui, tuer. Il a reçu le « Prix du film légendaire » au festival de Cannes en 1953. Ce film offre encore aujourd’hui des images sublimes qui n’ont pas pris une ride, à l’image du vent balayant les dunes de neige des étendues glacées, ses cadres expressionnistes rappelant les chefs-d’œuvre cultes de l’horreur. La neige irradie l’écran dans ce film en noir et blanc, et la Laponie offre un cadre inédit pour un film de genre, que le cinéma a trop souvent cantonné aux intérieurs gothiques.

La toundra se prête plutôt bien aux récits fantastiques. Ainsi, Aleksandr Ptushko et Risto Orko y tournent Sampo en 1959, un conte inspiré de la mythologie finlandaise, relatant les exploits de Lemminkainen face à la sorcière Louhi.
Le réalisateur finlandais Jalmari Helander s’apprête à tourner un blockbuster en Laponie : Sisu, avec l’acteur britannique Paul Anderson (Peaky Blinders) en tête d’affiche, met en scène la lutte d’un homme contre une patrouille d’extermination nazie dans les étendues lapones. Côté série, on note la toute nouvelle Arctic Circle (2018), coproduction finno-allemande, cocréée par Olli Haikka, qui dévoile un thriller sombre sur fond de propagation d’un virus mortel et de trafic d’êtres humains en Laponie.

Miia Tervo, réalisatrice locale

La cinéaste est native de Rovaniemi, la capitale de la Laponie. Née en 1980, elle fait partie de la nouvelle génération du cinéma finlandais. Elle s’est récemment fait remarquer avec Aurora, sorti en 2019, qui raconte l’aventure d’Aurora et Darian, une Lapone et un Iranien qui se rencontrent sur un stand de hot-dog en Laponie. Aurora est une fêtarde qui ne s’est jamais engagée dans une relation, mais sa rencontre avec Darian va bousculer son mode de vie et ses idées reçues. Miia Tervo a également réalisé un fragment du film collectif en sept chapitres Force of Habit, sorti la même année. Ce dernier met en scène, au long d’une journée, des moments de la vie de différentes femmes qui restent généralement tus ou cachés.

Quelques succès étrangers

Aïlo, une odyssée en Laponie (2019) de Guillaume Maidatchevsky. Cette production franco-finlandaise retrace l’odyssée d’un petit renne et sa mère à travers les paysages de Laponie, pour rejoindre leur troupeau. Le petit Aïlo doit faire face aux multiples dangers qui l’attendent dans la toundra finlandaise. Ses premiers jours sont une course contre la montre pour retrouver la sécurité du groupe, une série d’épreuves magistralement enregistrée dans cette fiction animalière et polaire. Les premiers mois de ce petit renne ont été capturés sur pas moins de 600 heures de rushes, à partir desquels le film a été monté. Aïlo offre au spectateur la splendeur des interminables couchers de soleil de la Laponie, enveloppant la neige d’une atmosphère au bleu incomparable, ses étendues majestueuses soudain illuminées par les couleurs merveilleuses des aurores boréales. Bref, tout ce que l’on attend d’un film tourné dans la région !

Sami, une jeunesse en Laponie. Dans son film paru en 2018, la réalisatrice suédoise Amanda Kernell d'origine sâme propose un récit politique engagé rappelant le racisme subi par les Sâmes dans les années 1930 en Suède. Il met en scène une vieille femme qui doit se rendre par dépit dans le nord de la Suède pour des funérailles. Le personnage témoigne très rapidement d'un rejet de la culture sâme critiquant par exemple les chants traditionnels qui passent à la radio. Le film remonte ensuite le temps et retrace les jeunes années de cette femme. Elle s'appelle Elle Marja (Lene Cecilia Sparrok) et a été envoyée 70 ans plus tôt dans une petite pension où une éducation médiocre était dispensée selon les principes suédois de calcul d'intelligence des Sâmes. Sami, une jeunesse en Laponie brosse le portrait d'une jeune fille qui s'éloigne progressivement de sa communauté pour se faire passer pour une Suédoise, rejetant son héritage. Amanda Kernell, à l'inverse de son héroïne cherche alors à rappeler la beauté d'une culture et d'un pays ainsi qu'à mettre en valeur l'héritage sâme en filmant la beauté de l'harmonie des paysages, d'éléments de la nature et de la communauté. Cela, tout en peignant le processus d'assimilation ou de rejet qui a pu être subi par le peuple autochtone.

Avec Les Amants du cercle polaire (1998), l’Espagnol Julio Medem mettait à nouveau la Laponie au goût du jour avec ce récit touchant des retrouvailles romantiques d’Otto et Ana, qui se connaissent depuis leur plus tendre enfance mais qui s’étaient perdus de vue, enfin réunis dans la région polaire. Une fois n’est pas coutume, War (2019), un film de Bollywood avec la star indienne Hrithik Roshan a été en partie tourné dans cette région nordique.

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