À l'heure où les feuilles brunissent, des effluves de sous-bois embaument les routes de Bourgogne. L'automne est la saison qui sied au mieux au terroir bourguignon. Nous avons suivi trois grandes routes viticoles et fait escale, de-ci de-là, pour taper le bout de gras et lever le verre avec les vignerons.
La route des vignobles de l'Yonne
Les vignobles de l'Yonne prennent ceps et racines tout au nord de la Bourgogne. Entre bocages et vignes, rivières et canaux, la route des quatre vignobles de l'Yonne traverse des bourgs champêtres qui nous rappellent au bon souvenir de la France rurale.
Le vignoble jovinien et son parcours de 30 kilomètres introduisent le circuit viticole autour de Joigny en passant par Paroy, Senan, Champvallon et Chamvres. La région se démarque par un cru unique en son genre : le bourgogne-côte-saint-jacques. Produit à partir de pinot gris et pinot noir, ce vin frais et fruité s'adapte à toutes les tables, du simple apéro accompagné de gougères jusqu'à la table doublement étoilée de La Côte-Saint-Jacques, orchestrée par Jean-Michel Lorain. Entre deux tables, ne manquez pas le pressoir à abattage de Champvallon qui, malgré son grand âge - presque dix siècles -, reste toujours aussi vaillant à chaque vendange. En s'engageant plus au sud, on pénètre le vignoble de l'Auxerrois qui s'étend sur près de 80 kilomètres. La vitrine des appellations du Grand Auxerrois préserve dans ses sous-bois une abondante truffière. Le diamant noir bourguignon a depuis peu retrouvé ses lettres de noblesse grâce à de fervents défenseurs, parmi lesquels le chef Jean-Luc Barnabet. Durant les Journées de la truffe, entre mi-septembre et mi-décembre, il propose des initiations-dégustations de choix. Un petit verre d'irancy et on repart visiter les caves de Bailly, à Saint-Bris-le-Vineux, où les vignerons élaborent l'étonnant crémant de Bourgogne dans des carrières souterraines datant du XIIe siècle. À deux pas se trouve la Maison du Vignoble auxerrois qui aligne un échantillon représentatif des appellations départementales. À ne pas manquer également dans le secteur : le musée du Vieux Pressoir et de la Vigne à Coulanges-la-Vineuse et l'écomusée de la Vigne et du Vin à Quenne. Autant d'intermèdes instructifs qui mettent le palais au repos avant de repartir à la conquête des sept Grands Crus de Chablis... Première étape à Chablis, et notamment à la Maison des Vins qui dispose de toutes les informations sur l'ensemble du vignoble, puis visite à La Chablisienne, THE institution incontournable. En poursuivant toujours vers l'ouest, on arrive dans le vignoble du Tonnerrois qui fut, en son temps, privilégié des rois de France. Parmi les bons crus tonnerrois, le bourgogne-épineuil se démarque particulièrement. Et si vous êtes sur place entre fin novembre et début décembre, ne manquez pas le grand marché aux truffes de Noyers. Cap au sud en direction du vignoble du Vézelien, le plus petit, mais également le plus étonnant de la région grâce au rarissime cépage melon et à sa production de bourgogne-grand-ordinaire blanc. Vézelay, avec sa basilique romane classée au patrimoine mondial de l'Unesco, est le point d'orgue du circuit viticole.
La route des grands crus
La route des Grands Crus commence à Dijon, capitale des ducs de Bourgogne qui ont ici légué le bijou architectural de la Côte-d'Or : le palais des Ducs et des États. Dès la sortie de la ville apparaissent les coteaux qui font la renommée du vignoble de Bourgogne : la côte de Nuits, suivie de la côte de Beaune. Il ne faudra pas louper Gevrey-Chambertin où débutent les " Champs-Élysées de Bourgogne " : vingt-six Premiers Crus et neuf Grands Crus qui imposent un silence admiratif jusqu'à Vougeot. Le village est flatté du prestigieux château de la région : le Clos de Vougeot. On poursuit jusqu'à Vosne-Romanée, autant dire en terre sainte où règne la mythique romanée-conti ! La production ne dépassant pas les 5 000 bouteilles par an, on a peu de chances de la déguster, alors on se consolera bien avec un petit verre d'échézeaux. On reprend la route en direction de Beaune " capitale du bourgogne ", qui compte de très bonnes tables. Les pieux adorateurs des crus locaux ne manqueront pas le musée du Vin de Bourgogne, installé dans l'ancien palais des Ducs de Bourgogne. Pommard se situe à 3 kilomètres de Beaune. Il faut s'engouffrer dans les caves voûtées de son château, datant du XVIIIe siècle, pour s'émerveiller face aux 400 000 bouteilles de grands vins. Après Volnay et Monthelie, la route des Grands Crus se scinde en deux parties : prenons le tronçon sud qui passe par Meursault, bien connu par les amateurs de blancs, mais aussi par les cinéphiles, son château ayant servi de décor à La Grande Vadrouille ! Enfin, Santenay tire sa révérence aux coteaux de Beaune et déjà, au loin, on voit poindre les attrayantes côtes chalonnaises.
La route des grands vins
La route des Grands Vins est le prolongement naturel de la route des Grands Crus : elle sillonne coteaux et vallons entièrement tapissés de vignes sur près de 100 kilomètres.
Les Grands Vins semblent être sculptés au diapason des terroirs de Saône-et-Loire et de Bresse, régions des viandes charolaises et des volailles patriotiques.
Les côtes chalonnaises commencent à Chagny où l'on dégustera une assiette de judru (saucisson) accompagnée d'un petit blanc. On repart ainsi joyeusement à Bouzeron pour goûter quelques crus d'aligoté. Pas convaincu ? Rendez-vous alors au village de Rully, connu certes pour ses deux châteaux, mais surtout pour la subtilité et la finesse de ses vins, blancs comme rouges. On poursuit jusqu'à Mercurey, village viticole par excellence, puis à Givry, ancienne ville fortifiée qui a conservé de nombreux monuments du XVIIIe siècle bien qu'elle doit ses titres de noblesse à ses Premiers Crus. On reprend la route pour rejoindre Buxy et Montagny qui se partagent l'appellation Montagny, constituée en majorité de chardonnay. Les blancs de Montagny, particulièrement minéraux, s'associent parfaitement à la cuisine de poissons d'eau douce. La route des Grands Vins se termine dans l'ambiance champêtre et bon enfant des derniers villages viticoles : Saint-Boil, Saules, Santilly et Sercy. Et les adieux se font dans la cité médiévale de Saint-Gengoux-le-National. Vous êtes à présent à un quart d'heure de Cluny, autrement dit à quelques kilomètres de la route des vins du Mâconnais-Beaujolais. Et c'est une nouvelle page qui s'écrit...
Infos futées
Quand ? Au temps des vendanges (septembre-octobre), lorsque la Bourgogne est sous son meilleur jour : le climat est doux, le ciel lumineux et la végétation resplendissante.
S'y rendre. En voiture, au départ de Paris : A5 direction Troyes, puis Dijon, ou A6 direction Lyon. Le TGV dessert Dijon, Beaune, Chalon-sur-Saône, Mâcon...
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