C'est l'île africaine, riche d'histoire. Car c'est là que tout a commencé en 1460, avec l'arrivée des Portugais puis des esclaves, dont le mélange a donné naissance au peuple cap-verdien. Santiago est la plus grande des îles de l'archipel avec ses 991 km², et la plus peuplée, avec 300 000 habitants environ, soit la moitié de la population du Cap-Vert. La capitale, Praia, compte environ 130 000 habitants, soit près du quart de la population cap-verdienne.
Santiago fait 80 km du nord au sud et 29 km d'est en ouest. C'est une île de montagnes, avec de nombreux massifs, dont le plus haut, le Pico d'Antonia, culmine à 1 392 m. Le Serra Malagueta pointe à 1 063 m et le Monte Tchota à 1 050 m.
C'est également une île d'origine volcanique, dont l'activité sismique passée a grandement façonné le paysage, créant des vallées, des centaines de collines et de profondes ribeiras. La côte ouest est très découpée avec des pentes rudes ; cela donne de belles criques désertes le long de la mer, alors que la côte orientale y glisse avec plus de douceur.
C'est une île qui a l'avantage d'avoir de belles montagnes, de jolies plages, de nombreuses plantations et des forêts (ressuscitées grâce à l'intense campagne de reforestation entreprise dans le pays).
Les paysages de l'île sont en majeure partie désertiques, mais à certains endroits, se trouvent des vallées agricoles très verdoyantes, notamment le long de la côte orientale.
L'histoire de l'île est fortement marquée par le trafic des esclaves et le commerce, notamment celui du bois. Véritable entrepôt de pagnes de coton et de canne à sucre, lieu de spéculation, les bateaux qui sillonnent la côte ouest africaine et les négriers qui viennent se ravitailler avant d'attaquer la longue route menant vers le Brésil, la transforment vite en escale incontournable. Elle n'en est pas moins religieuse avec de nombreux couvents et une cathédrale (la première construite en Afrique). Et prospère, avec ses terres cultivables, ses plantations de coton et de canne à sucre, ses cultures de céréales et de légumes et enfin, de l'eau en abondance. Elle subit de nombreuses attaques de pirates : en 1578 et en 1585, le célèbre Francis Drake pille la capitale de l'époque, Ribeira Grande, devenue Cidade Velha aujourd'hui. Jacques Cassard le Nantais fait de même en 1712, ce qui finit de convaincre les habitants de changer de capitale au profit de Praia. L'île de Santiago subit de graves périodes de sécheresse qui déciment le bétail et provoquent des famines désastreuses. Elle connaît également des révoltes paysannes, dont celle de 1841, protestant contre le coût élevé des loyers. À plusieurs reprises, les autorités de l'île font appel à Lisbonne, qui dépêche des troupes bien entraînées pour mater les insurgés.
La population de cette île présente une morphologie beaucoup plus africaine que dans le reste de l'archipel, car les esclaves gardés sur l'île de Santiago, vivaient et se reproduisaient entre eux, dans les plantations comme dans les montagnes du nord-est abritant ceux qui s'enfuyaient. C'est ici que l'apport culturel africain a été le plus important, contrairement à São Vicente par exemple, où l'influence latine plus forte a entraîné le rejet des racines africaines. Il transparaît aujourd'hui dans les manifestations culturelles la danse populaire, avec la batuka et la tabanka, et la musique, surtout la funana, dont les rythmes rappellent ceux de l'Afrique traditionnelle. Il anime toujours la vie sociale paysanne : dans l'habillement, avec le fameux pagne noué autour des hanches, dans l'alimentation avec le cuscuz et le xérem, et dans le comportement des individus.
Les gens de l'île de Santiago et surtout ceux de l'intérieur, sont surnommés les badius, mot qui vient de vadios en portugais et qui signifie " errant ". Cela vient du fait que pendant l'occupation portugaise du pays, les esclaves en fuite erraient dans la montagne ; pour survivre, ils élevaient du bétail et plantaient quelques légumes. Aujourd'hui, l'agriculture occupe une place essentielle, la moitié des terres cultivables de l'archipel est concentrée sur l'île de Santiago. À côté des traditionnelles plantations de bananes et de canne à sucre sont apparues les cultures de piments, de patates douces, de maïs, de haricots, de manioc, d'ignames, de cacahuètes, de pois d'Angole, de tabac...
Les pluies ne sont pas fréquentes et encore moins régulières. Il arrive parfois qu'il tombe des trombes d'eau, souvent catastrophiques pour l'agriculture. En effet, elles dévastent les cultures et appauvrissent les sols dont toute la bonne terre est entraînée vers la mer, car rien ne la retient. Les premières gouttes arrivant généralement en juillet, les semis sont préparés en juin. En août ou septembre, la fin de la saison des pluies est le moment propice pour planter des pieds de patate douce. La récolte du maïs commence en janvier. L'île de Santiago possède également quelques oasis permanentes, mais elles tendent à disparaître. Pourtant, l'exploitation d'une source permet aujourd'hui à l'île de produire son eau minérale, tout comme sur l'île de Santo Antão. La pêche reste en dessous de son potentiel de développement, mais concerne plus de 2 000 personnes à Praia, Tarrafal et Pedra Badejo. Praia dispose d'un port qui concurrence Mindelo.
Pour ce qui est du tourisme, Santiago est bien l'île comptant le plus grand nombre de sites à visiter, dans des paysages très variés. La très belle côte est, avec ses vallées, ses criques désertes et sauvages, ses montagnes et la baie de São Francisco, mérite une balade. Au nord-ouest, Tarrafal, avec sa magnifique plage de sable brun et son village de pêcheurs, est très attrayant. Au sud, Praia, la capitale économique et administrative du pays, et un peu plus à l'est, Cidade Velha, l'ancienne capitale. L'intérieur de l'île, appelé le fóra, abrite de nombreux villages où se retrouvent toute l'identité créole et la tradition cap-verdienne. Le dépaysement est assuré au contact de cette population qui sauvegarde les rites, la langue et toute la culture de l'archipel.
Santiago est une île historique qui se visite en plusieurs jours, car les points d'intérêt sont nombreux : Praia, Cidade Velha, Tarrafal, São Domingos, Assomada, Monte Xota, São Jorge, Ribeira da Barca... Vous gagnerez à louer un véhicule, de préférence de type 4x4, et à être prudent sur les routes, surtout lorsque vous suivez les aluguers qui s'arrêtent régulièrement, et roulent relativement vite et imprudemment. Sans oublier les nombreux virages aveugles et les animaux (vaches ou chèvres) qui circulent librement sur la route.
Une autre manière de vous déplacer, plus économique et plus typique (mais plus longue) consiste à combiner les aluguers : vous pouvez aller de Praia à Tarrafal par la route classique avec un seul aluguer, puis redescendre jusqu'à Praia par la côte est avec plusieurs aluguers. Deux jours sont alors recommandés pour profiter d'une halte à Tarrafal.