Découvrez la Bavière : A l'écran (Cinéma / TV)

Dans la richissime histoire du cinéma allemand, la Bavière fait figure de parent pauvre du cinéma face à la grande ville du septième art qu’est Berlin. Pour autant, Munich a vu grandir l’un des plus grands cinéastes du pays en la personne de Rainer Werner Fassbinder, et accueille chaque année depuis 1981 le deuxième plus important festival de cinéma du pays, après la Berlinale. Le Land compte par ailleurs plusieurs studios de cinéma spécialisés dans les coproductions, de nombreuses salles indépendantes dans les villes de Nuremberg, Bamberg ou Augsbourg, et un festival de court métrage internationalement reconnu se tenant chaque année à Ratisbonne en mars. Les fantastiques décors naturels et paysages de cette région servent enfin de lieux de tournage à quelques films marquants d’hier et d’aujourd’hui, et il en va de même pour les rues de Rothenburg ob der Tauber, les palais de Munich et les châteaux de Neuschwanstein ou Schleissheim.

Histoire(s) du cinéma bavarois

Dès 1896, la Bavière est capturée par les opérateurs des frères Lumière. Pour cette première vue de la région, les cinéastes choisissent la ville de Munich et son Maximilianeum. Le film de moins d’une minute – visible en ligne – saisit les promeneurs et les carrioles alors que celles-ci traversent le pont Maximilien. Près d’un siècle plus tard, le décor n’a presque pas changé.

Si le cinéma allemand est florissant dans les années 1910, son essor est stoppé net par la Première Guerre mondiale, pour reprendre de plus belle sous la République de Weimar. En 1919, le producteur Peter Ostermayr fonde la première compagnie de production munichoise, Munich Lichtspielkunst, connue aujourd’hui sous le nom de Bavaria Film. Cette même année, le film Nerven est tourné à Munich. Réalisé par Robert Reinert, il est considéré comme l’une des œuvres fondatrices du mouvement expressionniste allemand, dont le film le plus connu, Le Cabinet du Dr Caligari (Robert Wiene), sort un an plus tard. Vous pourrez vous procurer une copie restaurée de Nerven au Musée du cinéma de Munich, dont les archives ont permis de préserver le film jusqu’à nos jours.

Cette période d’effervescence du cinéma allemand sera malheureusement de courte durée, réduite au silence par la montée au pouvoir d’Hitler. En parallèle, la ville de Nuremberg devient tristement célèbre pour être le lieu de rassemblement du parti nazi. Les gigantesques congrès qui s’y tiennent en 1934 seront capturés par la caméra de la cinéaste Leni Riefenstahl, qui en fera un de ses films les plus connus, Le Triomphe de la volonté. En parcourant les alentours du Centre de documentation du site des congrès du Parti nazi (Dokumentationszentrum), l’un des grands musées de Nuremberg, vous pourrez apercevoir le Ehrenhalle, pierre angulaire de la cérémonie enregistrée dans le film. Une façon de vous plonger dans l'histoire de ces images qui font encore froid dans le dos.

Après la Seconde Guerre mondiale, des productions européennes et internationales relancent l’économie cinématographique de la région. La société Bavaria Film devient même une plaque tournante de l’industrie à partir des années 1960, accueillant de grands films comme La Grande Évasion en 1963, Cabaret en 1972, Das Boot en 1981, L’Histoire sans fin en 1984 ou encore Astérix et Obélix en 1999. Stanley Kubrick viendra à Munich filmer ses Sentiers de la gloire en 1957 dans le château de Schleissheim, avant qu’Alain Resnais n’utilise lui-même ce palais dans son film L’Année dernière à Marienbad en 1961. Au début des années 1970, c’est le film Charlie et la Chocolaterie avec Gene Wilder qui sera filmé à Munich. C’est à cette période que le réalisateur bavarois Rainer Werner Fassbinder produit ses premiers longs-métrages.

Fassbinder et le renouveau du cinéma allemand

Né à Bad Wörishofen, Rainer Werner Fassbinder s’intéresse dès son plus jeune âge au cinéma et dévore des films de tous les pays et de tous les cinéastes. Sans réussir à intégrer l’école de cinéma de Berlin, il vit de petits boulots tout en nourrissant son projet de devenir réalisateur. En 1966, il tourne son second court-métrage, Le Clochard, dans les rues de Munich. Homme d’écriture théâtrale autant que cinématographique, il va monter sa propre troupe, l’Antiteater, avec laquelle il tournera son premier long-métrage, L’Amour est plus fort que la mort, en 1969. Nourri des influences cinématographiques de la Nouvelle Vague comme du mélodrame américain de Douglas Sirk, Fassbinder est également fortement impressionné par le théâtre de Brecht qui avait lui-même été l’une des inspirations principales de l’expressionnisme allemand. Entre 1969 et 1982, Fassbinder réalise près de quarante films, dont la plupart seront filmés en Bavière. Parmi ses premières œuvres, Le Soldat américain (1970) est un hommage au cinéma de gangsters des années 1930, narrant l’histoire d’un soldat de retour du Vietnam s’installant à Munich et qui sera recruté par des truands pour accomplir de sales besognes. En 1974, Fassbinder atteint une renommée internationale avec son film Tous les autres s’appellent Ali. Cette belle histoire d’amour entre Emmi, veuve âgée de 60 ans, et Ali, un Marocain issu de l’immigration et son cadet de vingt ans, remportera le prix de la critique internationale au Festival de Cannes. Si vous souhaitez retourner sur les traces du film après votre visionnage, l’Asphalt Bar où Emmi rencontre Ali pour la première fois est aujourd’hui une sympathique pizzeria, Breisacher Straße numéro 30. Et le restaurant Osteria Italiana, 62 Schellingstraße, est également l’un des lieux marquants du film, établi depuis 1890 ! Fassbinder réalise encore une dizaine de films, succès d’estime autant que succès populaires pour certains. Les plus connus sont Le Mariage de Maria Braun (1978), Lola, une femme allemande (1981) ou Le Secret de Veronika Voss (1982). Ces œuvres sont marquées par des thèmes récurrents du réalisateur : la tolérance, l’acceptation de soi et la gestion du passé de l’Allemagne. Sa vie s’achève brutalement en 1982. Rainer Werner Fassbinder est humblement enterré au cimetière de Bogenhausen, à Munich.

Les lieux de cinéma bavarois aujourd’hui

De nombreuses productions internationales passent encore aujourd’hui par la Bavière pour leurs tournages. À Munich, vous pourrez même visiter les studios de Bavaria Filmstadt en famille, à la façon des studios Universal à Hollywood. Partez à la rencontre d’Astérix et Obélix, enfourchez un dragon légendaire de l’Histoire sans fin ou plongez dans un sous-marin reconstitué, frissons garantis. Ces studios sont par ailleurs toujours en activité et accueillent régulièrement des tournages de séries allemandes, et de films internationaux.

Pour les amateurs de cinéma grand public, vous pourrez également vous promener sur les traces de Harry Potter dans les rues de Rothenburg, car certaines scènes du septième opus y ont été tournées, ou bien flâner près de la Frauenkirche à Munich, où Freddie Mercury vient se ressourcer dans Bohemian Rhapsody (2018).

Enfin, profitez des plus belles salles de Bavière en visitant le Roxy à Nuremberg ou le Museum Lichtspiele à Munich, et tendez l’oreille pour dénicher les cinémas en plein air sur les rives du Danube, régulièrement organisés en été dans les grandes villes.

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